Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
« Comme un autre Jason, j'étais parti pour aller conquérir la toison d'or, ou, pour parler en style plus humble, chercher la femme blonde et le type de Rubens ». Pour le premier voyage de sa vie, à vingt-cinq ans, Théophile Gautier choisit de partir en Belgique avec Nerval, dans l'espoir d'y rencontrer les plantureuses femmes des tableaux de Rubens, vivantes, sans cadre. « Jeune souris sortie pour la première fois de son trou », il s'étonne de la grandeur du ciel et s'émerveille de passer la frontière sans trouver au sol les pointillés des cartes de géographie ! Avec un humour caustique, il dresse les portraits de son équipage : un vieillard, sec comme un lézard qui eut jeûné six mois, le couturier échappé d'un conte fantastique d'Hoffmann, une « manière de femme » d'un âge désagréable qui s'évanouit toutes les dix minutes. Gautier décrit Anvers comme on peint : toits violet d'évêque, habitants potiron clair, maisons feuilles de roses sèches.Vue depuis les hauteurs de la cathédrale, la ville est toute brume et rayons, lame brillante de l'escaut et bouffées de colombes neigeant sur la balustrade.
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