Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
«J'ai beaucoup écrit dans ma jeunesse : mais rien qui me parût valable. J'avais environ trente ans quand j'osai proposer à des éditeurs le livre que j'appelai Primauté du spirituel, détournant ironiquement le titre d'un essai alors célèbre de Maritain. J'avais mis beaucoup de moi-même dans cet ouvrage. J'étais en révolte contre le spiritualisme qui m'avait longtemps opprimée et je voulais exprimer ce dégoût à travers l'histoire de jeunes femmes que je connaissais et qui en avaient été les victimes plus ou moins consentantes. J'ai beaucoup joué sur la mauvaise foi qui m'en paraissait inséparable. Ainsi fus-je amenée à la difficile tentative de faire entendre les voix - et les silences - du mensonge. Comme beaucoup plus tard dans La femme rompue, j'ai usé du langage pour dissimuler la vérité. C'est, somme toute, un roman d'apprentissage où s'ébauchent beaucoup des thèmes que j'ai repris par la suite. Je lui garde une sympathie que j'aimerais voir partagée.» Simone de Beauvoir écrivit ce premier livre, qui resta longtemps inédit, de 1935 à 1937.
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