La poésie me permet de la percevoir comme vérité essentielle, de connaître et de vivre son amour. Mais, si je danse avec les mots, si j'aime sculpter le Verbe, si je lutte au corps à corps avec lui, si la métaphore que je saisis dans l'étreinte et la transe se fait sensualité et opacité, au fond, je suis toujours en quête d'une chose : la spiritualité pure qui se transmet par la beauté de la poésie, la "boété " comme je la surnomme. Car il y a même une fraternité de la musique et de la poésie qui confère aux mots, aux vers leur magie ; et dans leur simplicité, quelque chose comme une densité, une concentration de la Parole.
Ainsi, au coeur de la poésie, le poète se console de ne percevoir que des reflets de l'impossible Parole, en soi inconnaissable. Et créer des énigmes imparfaites émanées de sa parole devient, pour lui, une nécessité et le fond de sa volonté. Faire de la poésie, c'est, finalement, pour tout poète accompli ou non, une manière d'accepter la révélation toujours voilée de la Parole, symbole de la Vie elle-même.
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