Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Le soir tombe lentement.
Un reste de lumière vient mourir sur l'eau, s'enfonçant comme une lame dans la surface calme que rien ne peut déchirer. Comme j'aime cet étang, sa sauvagerie paisible et son indifférence. Aux heures les plus cruelles, c'est ici que je suis venue chercher un peu d'apaisement. J'y viens encore ce soir, malgré le froid. Il n'est de souffrance que l'étang ne puisse partager avec moi. Depuis si longtemps que nous sommes ensemble.
Depuis toute ma vie.
Nous sommes en pays d'Horte, entre Angoulême et Périgueux, des dernières fêtes d'une aristocratie qui court à sa perte aux orages de la Révolution et de la Terreur, où passe l'Histoire, impitoyable.
Ces temps qu'elle a vécus, Adèle d'Aiguebrune, la boiteuse, fille de haute et ancienne race - une âme juste et fière dans un corps blessé - nous les raconte comme en confidence, elle qui a compris dès l'enfance que " rien n'est donné et qu'il faut prendre et se battre ".
Une vie d'aventures qui évoque Jane Eyre, une fresque intimiste, pleine d'humanité, de folies, de sentiments - et, surtout, cette voix qui nous touche, celle d'une femme lucide et généreuse, que l'on n'oublie pas.
Dès ce premier roman, Pascale Rey fait preuve d'une maîtrise de l'intrigue et du rebondissement à la Dumas, et elle s'impose à nous, avec sensibilité et naturel, dans l'évidence d'un authentique talent.
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