Je viens vous parler du Printemps des Poètes, qui, chaque année, organise divers événements autour de la Poésie. Bien qu'elle soit un art boudé, craint ou inconnu, la Poésie mérite de vivre. Je vous propose de partager les poèmes retenus cette année.
"Credo" - Sans frontières fixes - Jean-Pierre Simeon
Je crois en ceux qui marchent
à pas nus
face à la nuit
Je crois en ceux qui doutent
et face à leur doute
marchent
Je crois en la beauté oui
parce qu’elle me vient des autres
Je crois au soleil au poisson
à la feuille qui tremble
et puis meurt
en elle je crois encore
après sa mort
je crois en celui
qui n’a pas de patrie
que dans le chant des hommes
et je crois qu’on aime la vie
comme on lutte
à bras le corps
"Il n’est pas temps d’abandonner l’avenir au passé, de s’arrêter au bord du chemin.
Il n’est pas temps de mordre les pianos ni d’installer des aquariums au creux des falaises.
Regarder en riant de l’autre côté des miroirs comme des enfants joueurs, il le faut, car il est venu ce temps-là. Il est venu en silence.
Ramper, c’est fini. Nous l’avons assez fait. Trop.
Il n’est plus temps de se bander les yeux pour ne pas voir l’obscurité.
Elle est là.
C’est le temps sombre.
Alors nous disons qu’il est temps de lumière.
Reconnaître la mort tapie dans les anfractuosités de la vie, lui dire qu’il n’est pas temps de lui ouvrir la porte, qu’elle aille visiter le pays des éléphants siffleurs.
Il n’est pas temps de se dandiner dans les flaques de la résignation.
C’est bon pour les pulvérisateurs de tristesse. Ceux qui se croient.
Il n’est plus temps de misère solitude.
Il est temps de s’envoler ensemble.
De s’asseoir en riant dans un fauteuil de nuages.
Il est temps de boire l’eau fraîche qui coule de la conversation des égaux.
De pleuvoir sur l’été d’une pluie douce et chaude.
De faire bien commun de tout ce qui a dignité.
Que Vive la poésie!... Je ne résiste pas.
Le début du long poème "la prose du transsibérien" de Blaise Cendrars qui n'a jamais pris ce train.
"En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple
d’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.
Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare
Croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches…
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer. "
Bonjour, et merci pour cette chronique. La poésie est en effet souvent mise de côté. Je ne résiste pas à ces quelques lignes de Christian Bobin:
"La poésie est parole aimante,
parole émerveillante,
parole enveloppée sur elle-même,
pétales d'une voix tout autour d'un silence."
Messages : 44
Le 08/03/2015 à 16h14
"Credo" - Sans frontières fixes - Jean-Pierre Simeon
Je crois en ceux qui marchent
à pas nus
face à la nuit
Je crois en ceux qui doutent
et face à leur doute
marchent
Je crois en la beauté oui
parce qu’elle me vient des autres
Je crois au soleil au poisson
à la feuille qui tremble
et puis meurt
en elle je crois encore
après sa mort
je crois en celui
qui n’a pas de patrie
que dans le chant des hommes
et je crois qu’on aime la vie
comme on lutte
à bras le corps
Messages : 259
Le 09/03/2015 à 10h38
Messages : 43
Le 09/03/2015 à 14h18
Messages : 44
Le 09/03/2015 à 20h54
"Il n’est pas temps" de Michel Thion.
"Il n’est pas temps d’abandonner l’avenir au passé, de s’arrêter au bord du chemin.
Il n’est pas temps de mordre les pianos ni d’installer des aquariums au creux des falaises.
Regarder en riant de l’autre côté des miroirs comme des enfants joueurs, il le faut, car il est venu ce temps-là. Il est venu en silence.
Ramper, c’est fini. Nous l’avons assez fait. Trop.
Il n’est plus temps de se bander les yeux pour ne pas voir l’obscurité.
Elle est là.
C’est le temps sombre.
Alors nous disons qu’il est temps de lumière.
Reconnaître la mort tapie dans les anfractuosités de la vie, lui dire qu’il n’est pas temps de lui ouvrir la porte, qu’elle aille visiter le pays des éléphants siffleurs.
Il n’est pas temps de se dandiner dans les flaques de la résignation.
C’est bon pour les pulvérisateurs de tristesse. Ceux qui se croient.
Il n’est plus temps de misère solitude.
Il est temps de s’envoler ensemble.
De s’asseoir en riant dans un fauteuil de nuages.
Il est temps de boire l’eau fraîche qui coule de la conversation des égaux.
De pleuvoir sur l’été d’une pluie douce et chaude.
De faire bien commun de tout ce qui a dignité.
Joyeusement, faisons-le."
Messages : 382
Le 10/03/2015 à 16h04
Le début du long poème "la prose du transsibérien" de Blaise Cendrars qui n'a jamais pris ce train.
"En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple
d’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.
Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare
Croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches…
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer. "
Messages : 294
Le 11/03/2015 à 11h22
"La poésie est parole aimante,
parole émerveillante,
parole enveloppée sur elle-même,
pétales d'une voix tout autour d'un silence."