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L'histoire de Sacha que l'on suit de l'âge de 10 ans jusqu'à la fin de sa vie

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Livre(s) tagué(s) : Les haines en moins

  • Chez moi, j'ai 2 bibliothèques.

    L'une contient les livres que j'ai lu mais qui ne m'ont pas laissé de traces particulières dans ma mémoire et dans mon cœur. Aussi vite lu, aussi vite oublié.
    L'autre contient des livres d'exception, qui continuent de m'accompagner souvent longtemps, parfois toujours. Ce sont mes compagnons de route parce qu'ils sont différents, parce que leur histoire m'a touchée, parce que leur auteur était habité, forcément, et cette disposition d'esprit leur a permis de coucher sur le papier des mots et des phrases que je ne cesse de souligner tant elles sont belles. C'est souvent de la grâce à l'état pur, comme les mots de Francis Cabrel.

    3 d'entre eux me reviennent immédiatement à l'esprit : Clinique de la raison close de Philippe Léotard, Anna et Mister God de Fynn et La vie devant Soi de Emile Ajar/Romain Gary.

    Et bien, Les haines en moins de Éric Le Guilloux va rejoindre ma seconde bibliothèque pour toutes les raisons citées précédemment.
    Jugez plutôt …
    L'histoire est celle de Sacha que l'on suit depuis l'âge de 10 ans jusqu'à la fin de sa vie.

    Tout commence alors que Sacha est minime au club de foot de Salouël.
    C'est son père qui l'a inscrit, un peu contre sa volonté mais « mon vieux, il a toujours su ce qui me faisait du bien : les claques dans la gueule, les insultes, les privations et maintenant le foot ... »
    Le décor est planté, Sacha n'est pas un enfant entouré d'amour, ni par sa mère qui travaille dans un supermarché ni par son père ouvrier qui colle des étiquettes.
    Alors, il va se construire tout seul au hasard des rencontres.
    C'est d'abord David, collégien comme lui avec qui il va intégrer les Hells Angels pour faire «hurler nos engins sur le chemin de l'école buissonnière ».

    La même année, Balavoine et Coluche disparaissent, son père aussi... « Gourmande la faucheuse, cette année. J'aimais bien l'Aziza. »

    Puis au vu de ses faibles résultats scolaires, Sacha intègre une école hôtelière. Il est devenu « Loufiat » et ambitionne de passer son CAP d’hôtellerie. Il est entouré de camarades qui « arrivent tous de collèges où nous avons vécu une relation très privilégiée avec les radiateurs de nos classes. » C'est avec Pierrick et Jean-Jacques qu'il continuera a faire les 400 coups et à recevoir des avertissements.  « ça doit être mon vingtième avertissement … je ne les compte plus. S'il est vrai qu'un homme averti en vaut deux, je dois être une armée à moi tout seul. »
    Malgré ses frasques quotidiennes avec ses 2 compagnons, ils vont tous les trois avoir leur CAP cuisine et service.
    Diplôme en poche, Sacha monte à Paris.
    Après bien des errements, Sacha va être embauché au Petit Moulin par Monsieur Georges, un ancien marin et Madame Françoise, une ancienne danseuse de Strip Tease.
    Le Petit Moulin est un bar où on propose un spectacle d'effeuilleuses mais « il n'est pas rare que certaines en échange de quelques mots doux, offrent à leurs admirateurs avinés le strip tease intégral de leurs économies. »
    Sacha a 17 ans. Et chaque matin, après une nuit à servir des cocktails, quand le jour se lève, Sacha traverse l'avenue avec Françoise pour aller boire un chocolat chaud chez Fred. « Quand elle parle, il y a de la lumière dans ses yeux ».
    Un jour Françoise va inviter Sacha au Deux Magots. « C'est la première fois que je vois mon prénom sur un gâteau. Je souffle toutes les bougies du premier coup... ça y est, j'ai dix huit ans. »
    Son cadeau d'anniversaire sera « une édition originale de Tistou, les pouces verts », le seul livre qu'il a lu depuis qu'il sait lire et « Zadig de Voltaire ». Sur le second livre une note : « Bon anniversaire mon p'tit, t'es viré. »
    Sacha ne comprend pas.
    Le lendemain matin Sacha demande des explications à Françoise qui lui dit qu'il est temps de partir parce que son avenir n'est pas dans la cave du Petit Moulin. Ce à quoi il rétorque :
    « Françoise, j'ai que dix-huit ans, ça va j'ai un peu de temps quand même ! »
    Et Françoise de répondre : « Un peu de temps mon cul, oui ! On se donne six mois, on se retourne et c'est vingt piges qui sont passées. Crois moi je sais de quoi il retourne. »
    Et voilà Sacha sur la quai de la gare devant le train qui va l'emmener à Compiègne où habite sa mère.

    La rencontre avec sa mère ne va pas être un grand moment d'amour même après toutes ces années de séparation. « Elle a vieilli, j'ai grandi... nous tentons de remplir le vide, nous parlons de choses futiles … évitant ainsi les blancs trop noirs, trop longs et les vérités trop pesantes. »

    Sacha va s'enfuir et face aux pleurs de sa mère, il dira : … « j'ai pas envie d'aller la voir, d'aller lui parler, je n'y arrive pas... quelques chose en moi est cassé, j'ai du verre plein le corps, plein la tête. »
    Sacha va alors devancer l'appel et intégrer l'armée de terre à la frontière allemande.
    Bien évidemment, Sacha ne va pas supporter sa nouvelle famille, l'armée. « je ne suis décidément pas très famille. » Et après de multiples péripéties rocambolesques, il va parvenir à se faire réformer avec deux de ses camarades, Victor et Titi.
    Retour à la case Paris par le train de 19h48 pour Gare de l'Est. Retour à la cave du Petit Moulin.

    Huit jours plus tard, Sacha répond à une petite annonce qu'il a vu à la boulangerie. On lui propose de poser nu pour Betty, une artiste peintre en devenir.
    Les semaines passent et Sacha pose au cours de séances de vingt minutes jusqu'au jour où … « Betty a retiré ses lunettes et détaché ses cheveux. Elle est nue. Quelques bougies parfumées à la pivoine éclairent ses courbes incandescentes. Dessine moi ou baise moi ! Je ne sais pas dessiner. » Les séances de pose s’arrêteront net à la sortie de cette partie de jambes en l'air mémorable.

    Et puis un jour, alors que Sacha rentre au Petit Moulin, « les sirènes chantent à tue tête, un marin est parti nager en eaux troubles. C'est Georges. »
    « Françoise et moi nous nous retrouvons comme deux apprentis moussaillon, au milieu d'une mer agitée. Perdu sur un trop grand navire au mât brisé. »
    Mais la vie continue.... jusqu'au jour où Sacha va rencontrer à nouveau Betty, par hasard, place du Tertre à Montmartre.
    « Elle rayonne. Elle cache un ballon sous son chemisier. Le genre de ballon dans lequel on ne shoote pas... » ... « papa … j'ai toujours trouvé ce mot étrange. Ça sonne un peu comme une double détonation : Pan Pan ! Les haines en moins. »
    Sacha a vingt ans. Il va devenir papa d'un petit Zadig.

    Mais je ne vais pas vous dévoiler la suite de l'histoire. Nous sommes à la page 145. Le livre en compte 300. La suite est un régal de phrases et de mots, du même style que les « verbatim » que j'ai cités tout au long de cette chronique. La suite de l'histoire ? N'imaginez rien ! Vous seriez à coté !
    Et quand vous refermerez le livre vous aurez du mal à quitter Sacha, Françoise, Zadig et les autres.
    En fait, ils ne vous quitterons plus.
    Jamais.
  • Bonsoir Guy; chez moi, les livres qui sont "passés" sans laisser de traces, et qui peuvent en laisser chez d'autres lecteurs, ne restent pas longtemps, ils sont donnés , revendus, et le plus souvent déposés sur des bancs, bref ils peuvent avoir une seconde vie quoi!
  • La vie devant soi de R.Gary... Que de souvenirs rien qu'en lisant le titre...

    Moi j'ai 3 bibliothèques:
    -une vraie construite et remplie: mes livres à lire, mes dernière lectures ou mes indispensables (dont la vie devant soi, mais aussi: au bonheur des dames de Zola, les fils d'icare de Yves Frenna, mes Tolkien, La tapisserie de Fionavar de GG Kay, ....
    -deux fausses: des cartons, remplis de livres que j'ai lu et aimé plus ou moins, que je remettrai en place dans un meuble quand j'aurai plus que 30 mètres carrés...

    Les livres que je n'ai pas du tout du tout aimés partent vite vite chez le brocanteur ou le bouquiniste!!!

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