Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Les vagues du titre et les poissons qui volent des éditions se conjuguent bien pour donner un récit à la fois transportant, qui bouscule quelque peu, et nous ravit, dans les deux sens du terme, par une écriture très agréablement délicate, celle de l’auteur. L’auteur ? Stéphan Sanchez, que j’apprécie beaucoup puisque j’ai déjà lu avec bonheur trois autres de ses romans.
De quoi s’agit-il ? Un titre mystérieux… une intrigue… un thriller ? OUI, c’est un thriller !
La calanque de Port-Pin, entre Marseille et Cassis. Une jeune femme endormie, Fiona. Son compagnon est auprès d’elle puis disparaît. Complètement. Que lui est-il arrivé ?
Est-il vivant ? La police a enquêté, soupçonnée Fiona, perquisitionné à son domicile. Qu’est devenu Florian ? Fiona croit le voir… est-ce son fantôme ? Une illusion ? Le désir trop prégnant de le retrouver, qu’il ne soit pas mort, noyé ?
Nous allons avec l’auteur aller d’indices en hypothèse, lesquelles sont parfois classiques, ou banales, farfelues, et même délirantes. Fiona devient-elle folle ? Sa meilleure amie et confidente est-elle vraiment une amie ? Florian avait-il une vie parallèle, un passé inavouable ? Le rythme de la narration, des événements s’accélère, se précipite, c'est palpitant !! L’auteur tient très habilement le lecteur en haleine à la fin de presque tous les chapitres ! On ne peut que tourner la page et lire la suite ! Et la clé de l'énigme est à la fois parfaitement dosée au fil du récit et… totalement inattendue ! Belle réussite encore que ce livre ! Pour ma part, le côté très visuel de l’écriture me laisse à penser que ce roman ferait l’objet d’un très bon film !
« Châteaux Noirs » un titre prometteur qui tout de suite m’a donné envie d’ouvrir le livre sans même lire la 4è de couverture parce que j’avais déjà lu et aimé quatre romans de Stéphan Sanchez dont « Deux enfances, Minou Drouet et moi », prix du Roman Gay 2021.
De quoi s’agit-il ?
Des "châteaux Noirs" du titre, nous ne le saurons que plus tard. Alors les personnages d’abord :
- Raza, beau et jeune employé dans une librairie, en proie à un étrange mal être… pourquoi ?
- Clara… une voisine, qui serait seulement en manque d’amitié ?
- Marlène, habituée au luxe et aux beaux objets… Raza est-il un autre objet de luxe entre ses mains ?
- Gilles, le patron de la librairie, bedonnant, suant et convoitant son jeune employé
Et un mot anonyme : « Il y a un an, tu m’as tué ».
De quoi devenir fou pour Raza qui voit qu’on le suit, qu’on le menace… qui est derrière tout cela ? Raza a-t-il vraiment tué, lui qui suite à une chute gravissime a perdu la mémoire de ce passé, il y a juste un an?
J’espère vous avoir intrigué(e)… en tout cas, je vous incite à lire ce thriller écrit de la belle plume de Stéphan Sanchez.
En voici un extrait:
"Je pressentais que la nuit allait être longue. Pour arrêter de cogiter, je pris un livre dans ma bibliothèque. La tranche rouge et épaisse des Mémoires d’outre-tombe, de Chateaubriand attira mon œil. Je me remis dans le lit et choisis une page au hasard. Je raffolais de ce jeu : saisir un volume, l’ouvrir sans réfléchir, pointer le doigt sur un passage et le lire d’une voix forte. C’était ma mère qui m’avait appris à faire ça. Elle disait que le bloc de texte choisi donnait des réponses. Je n’avais pas de question précise, mais j’étais certain que Chateaubriand était disposé à m’aider."
La Nouvelle Amie est le troisième roman de Stéphan Sanchez que j’ai lu. Et ce roman-ci, assez autobiographique tout comme Deux enfance : Minou Drouet et moi (prix du Roman gay 2021), m’a donné encore une fois beaucoup de plaisir à lire, me permettant de retrouver le style fluide et agréable de l’auteur. On sent parfaitement l'authenticité du récit, la véracité des personnages avec l'envie d'aller plus loin dans le livre pour... savoir. Et on saura, après moult interrogations qu'on partage avec le narrateur/auteur. Tout au long du récit, nous sommes guidés par les impressions et les émotions du narrateur qui parlent à notre sensibilité et suscitent toute notre empathie! Par ailleurs, je trouve ce roman très intéressant pour tout ce que l’on y apprend sur la bipolarité. De même, les réflexions sur le danger des réseaux sociaux, notamment à la fin (p. 220 et 221) sont très justes et parfaitement exprimées. J'ajouterais aussi, en tant qu’auteur moi-même fréquentant beaucoup d’auteur.es, que toutes les descriptions et les remarques sur les aspirations des écrivains me paraissent également d’une parfaite justesse. J’ai beaucoup aimé ce livre !
Le premier livre que j’ai lu de Stéphan Sanchez « Deux enfances – Minou Drouet et moi » retrace le difficile cheminement de deux enfants de huit ans qui se ressemblent, récit vrai tout empli de délicatesse et de sensibilité.
Et j’ai été si sensible à cette histoire, émouvante et forte, récompensée par le Prix du Roman Gay en 2021, que j’ai voulu lire d’autres livres de ce jeune auteur… en continuant par « Album de famille », roman assez court également, à l’écriture fluide, raffinée, très agréable. Ce livre m’a fait veiller jusque tard car il entrelace avec talent émotion et suspense : une gamine préadolescente fait irruption dans la vie du narrateur, un trentenaire qui est écrivain et libraire, pour affirmer qu’il est… son père ! Or, il ne peut pas l’être…
Stéphan Sanchez aime écrire des histoires vraies et l’on sent bien que ce que le narrateur dit de sa relation à sa bien-aimée grand-mère est vécu. Alors… une histoire vraie ? En tout cas, elle est très prenante et ce roman m’a beaucoup plu !
Voici un extrait qui m’a particulièrement plu :
« Elle (ma grand-mère) hantait encore mes rêves. Elle m’avait autant élevé que mes parents, m’avait encouragé à dessiner, à écrire et me donna le goût de la lecture. Il n’y avait jamais eu d’interdit. Elle ne m’avait jamais affirmé : « Non, tu ne peux pas faire cela. » Chez mes grands-parents, je pouvais jouer à la poupée et me déguiser en princesse. Je pouvais me rêver en actrice de cinéma ou en guerrier androgyne. Les frontières étaient brouillées. J’étais un catalogue de fantasmes, un juke-box éclairé par des néons fluorescents. À mes parents, qui se désespéraient de me voir habillé en fille, elle rétorquait : « Ce n’est qu’un enfant ; laissez-le s’amuser. » J’avais vite compris que ma liberté se trouvait auprès d’elle, dans sa maison, dans son jardin.
Je me posais la question de temps en temps.
La présence que je sentais dans mon studio pouvait-elle être l’esprit de ma grand-mère ? »
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