Album lauréat de l’édition 2021, "Radium Girls" raconte le destin tragique d'ouvrières sacrifiées
Le 1er juin dernier, l’autrice et dessinatrice Cy remportait la 2e édition du Prix BD Lecteurs.com, organisé en partenariat avec le Centre National du Livre (CNL). Son album Radium Girls (Glénat) a conquis les internautes du site Lecteurs.com ainsi que le jury de...
Album lauréat de l’édition 2021, "Radium Girls" raconte le destin tragique d'ouvrières sacrifiées
Cy est la lauréate du Prix BD Lecteurs.com 2021, dont le jury est présidé par Séverine Vidal
Publié chez Glénat, "Radium Girls" a impressionné et bouleversé le jury comme les internautes
Séverine Vidal et Kim Consigny racontent la création de cette bande dessinée magistrale
Yvonne, 80 ans, vend la maison où elle a vécu heureuse pendant 60 ans, se sépare de sa vieille chienne pour rentrer en EHPAD car elle n'a plus d'autre choix.
Cette BD m'a bouleversée et j'ai été traversée par un panel d'émotions intenses: pleurs, sourires, tristesse, mélancolie, espoir que je vais essayer de transcrire en mots.
Un plongeon, c'est violent avec le passage brusque, en apnée, d'un milieu dans un autre; cette métaphore pour décrire l'arrachement à ce qui a fait toute sa vie (lieux, objets, amis, animaux....) et la propulsion dans un nouveau monde est très juste. Yvonne, après une période d'abattement, nous donne une belle leçon de vie à l'aube de la sienne en sachant profiter et faire profiter les autres de chaque moment de joie, d'amitié, voire d'amour, fût-il minuscule. Les encarts off qui retranscrivent les pensées intimes d'Yvonne, déchirent le cœur par leur justesse, leur tristesse. Le sentiment de solitude et d'abandon qui s'empare d'elle lorsque la visite de ses proches est annulée serre la gorge.
Cette BD est aussi une photographie d'un EHPAD, milieu que Séverine Vidal connaît bien puisqu'elle y a organisé des ateliers d'écriture. C'est l'infantilisation des résidents, les activités peu adaptées, des règles-carcan qui brident la spontanéité, le manque criant de personnel mais c'est aussi l'empathie des personnels soignants auquel un hommage appuyé est rendu grâce au personnage de Youssef, les liens qui peuvent se créer entre résidents.
Les dessins et surtout les couleurs pastel du graphiste entourent l'histoire d'une sorte de halo de tendresse et de douceur qui accompagnent parfaitement les propos de l'auteure.
Cette BD nous renvoie à notre propre finitude ou à celle de nos proches avec une sourde inquiétude, la peur enfouie de se perdre, d'oublier jusqu'à ce qui fait la personne que nous sommes.
Je referme cette BD mais l'émotion, elle, ne disparaît pas.
J’avais adoré « le plongeon » des mêmes auteurs.
Déception….
Rose et sa mère, Fran, sont très proches et plutôt fusionnelles. Quand Fran est hospitalisée suite à des troubles psychiques graves, qu’elle ne reconnait plus sa fille, Rose décide d’accepter la demande de sa mère faite quelques jours auparavant : faire un ½ tour du monde avec des amis et son copain sur un voilier.
C’est l’histoire de l’envol de Rose, de ses choix de vie amoureux aussi.
C’est bien fait, c’est gentil, mais plutôt fade avec des dialogues qui ne sonnent pas toujours justes.
Cet album nous raconte la vie de Cynthia Ann Parker, capturée par les Comanches, puis capturée à nouveau 24 ans plus tard, par une troupe de Texas rangers.
Une histoire incroyable, extraordinaire, vue par les yeux d’une petite fille. Et c’est la vraie réussite de l’album : le choix de cette narratrice, Anabel (totalement créée par la scénariste). Elle est fille d’un Texas Ranger et en même temps parvient avec naturel à entrer en contact avec Naduah, celle qui ne veut surtout pas être ramenée chez les « siens », parce que les « siens », ce sont les Comanches, ses deux garçons, sa fille et surtout son époux qu’elle aimait tant. La narratrice est le pont entre les deux peuples. Elle est celle qui révèle la vraie personnalité de Naduah, elle est celle qui lui donne la parole.
Séverine Vidal a évidemment romancé l’histoire de Cynthia/Naduah, elle prend clairement position pour son héroïne, elle en fait une victime de la violence des hommes, mais aussi une femme amoureuse, une mère aimante. Elle l’imagine heureuse chez les Comanches, et malheureuse auprès des Blancs à la fin de sa vie.
Si l’émotion est palpable dans les situations, dans les mots, elle l’est aussi à travers les dessins, avec ses couleurs douces sur certains passages et plus violentes dans ses rouges des scènes de combat.
L’illustration de la couverture résume à elle seule ce que Séverine Vidal a voulu faire passer. Le regard dur, fermé, voire un peu effrayant de Naduah, sa bouche mécontente, et la douceur de ses bras enlaçant ce bébé qu’elle allaite. Sa volonté de ne pas « être récupérée par les Blancs », son attachement à ses enfants, sa vraie famille, cet écartèlement entre deux cultures, se lisent très clairement dans ses yeux.
Cette BD est aussi sensible que puissante. Elle a bien sûr touché en ligne directe mon cœur qui penche si souvent en faveur des Indiens.
Prenez juste un instant pour vous imprégner de cette couverture, cette femme au visage fermé et au regard dur, qui pourtant tient son enfant avec une grande tendresse. Son nom Naduah ressort de l’obscurité et le sous-titre est percutant : "Cynthia Ann Parker, cœur enterré deux fois ». Car avant d’être Naduah, elle a été Cynthia Ann, enlevée à sa famille lors d’une attaque d’Indiens. Devenue adulte et mère, elle sera de nouveau arrachée à sa vie pour retrouver sa famille d’origine, mais elle se sent désormais indienne, et elle ne parviendra jamais à se réhabituer à ce monde qui était le sien enfant. Et évidemment personne ne va lui demander son avis. Cela pourrait être le départ d’une bonne fiction, si malheureusement ce destin tragique n’était pas réel.
Les dessins colorés avec sobriété, donnent une ambiance western à cette bd, qui est renforcée par quelques scènes de violence. L’idée d’ajouter une petite fille d'un ranger pour entrer en communication avec Naduah nous permet de "dialoguer" avec elle, et de mieux comprendre sa tragédie.
C’est une très belle lecture, qui m’a donné envie d’en savoir plus sur le destin cruel de cette femme.
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