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Quand, pour toute expression de l’émotion, le corps devient parole.
Encore une histoire de couple qui explose me suis-je dit dans un premier temps et pourtant, écrit par Santiago Amigorena, j’ai espéré que le sujet serait traité de manière singulière. Et c’est ce qui s’est passé.
L’implosion d’un couple, même si c’est pour une raison particulière, est un thème sur lequel il a déjà été écrit du bon comme du très fade (tout et n’importe quoi, aurais-je pu écrire).
Ici nous avons Aurélien le papa, Alice la maman, Elsa et Loup les deux enfants.
Avant même le crash, le couple communiquait déjà cahin caha. C’est dans cette ambiance délétère que Santiago Amigorena fait faire une connerie à Aurélien, bêtise qui l’emmène directement vers la case prison. Jusque-là tout aurait pu juste s’effilocher un peu plus puisqu’il ne sera question que de quelques mois d’incarcération. Mais ce n’est pas ainsi que cela se passera car Aurélien décide de ne accepter la visite des membres de sa famille pendant son séjour en prison. Alice son épouse le vit mal, mais c’est sa fille Elsa qui en sera le plus choquée.
Pire encore, l’auteur enfonce encore un peu plus le clou puisqu’à sa sortie de prison, Aurélien ne rentrera pas au domicile conjugal, louera en banlieue un misérable appartement, reprendra son travail et ne vivra plus auprès des siens.
Santiago Amigorena explore ici une nouvelle fois les relations humaines, mais là où il va sortir sa meilleure carte, c’est dans l’observation de la justice des hommes. Car il y a certes La Justice avec un grand J, celle qui pose un verdict, fait payer la connerie à celui qui a mal agit. Mais il a aussi la sentence implacable de l’entourage et celle-ci ne sera pas tendre. C’est cette superposition qui sera réussie.
Cela m’a rappelé une phrase bien connue : « la justice des hommes, n’a de justice que son nom ».
Les thèmes sont éclairés par un auteur sensible et qui connait les rouages des relations humaines. Ses personnages par contre, ne me sont pas apparus comme particulièrement attachants : juste peut-être le père d’Alice.
Pas mon livre préféré de Santiago Amigorena.
Citations :
De Herrmann Hesse cité dans le livre « Partout les lois non écrites étaient plus fortes que les lois écrites. »
Quand le couple se disloque, les enfants trinquent….
Alice et Aurélien, s’aiment, à leur façon. Ils ont du mal à trouver un équilibre avec Elsa et Loup leurs deux enfants, ils ont du mal à communiquer, du mal à s’aimer. Alice étouffe et cherche à s’évader un peu…
Un jour, Aurélien commet une bêtise qui l’envoie en prison pour quelques mois ; mois durant lesquels Aurélien se replie, s’isole, refusant toute visite d’Alice, refusant de communiquer avec les enfants. Aurélien s’enfonce dans le silence, tendit qu’Elsa le subit de plein fouet ! Même sorti de prison, après avoir purgé sa peine, Aurélien ne juge pas utile de prévenir Alice, et se terre en banlieue dans un minuscule appartement et se remet au travail.
La séparation est inévitable ; et quand les extérieurs interviennent, ce ne sera pas pour apaiser les choses, bien au contraire. La justice des hommes, n’a de justice que son nom. Elle broie, sépare, attise la haine alors que l’amour pas encore éteint ne demande qu’à être ranimer.
Encore une fois, Santiago Amigorena décortique les relations humaines dans ce qu’elles ont de plus intimes, de plus verrouillées. Il plonge dans l’intimité d’un couple qui se répercute puissance dix sur ses enfants.
Si j’ai trouvé les personnages principaux assez bien campés, ces derniers ne m’ont pas particulièrement marquée. En revanche le père d’Alice et l’ami d’Aurélien m’ont semblé bien plus crédibles et émouvant.
Un beau roman, parfaitement maîtrisé, un style riche sans être précieux, une écriture qui fait plaisir, on sent ici la générosité de l'auteur et l'envie de partage.
Amour, haine, folie, destruction, silence ! ... Ce que les mots ne parviennent à exprimer, le corps viendra le dire. Le refus de communiquer n'est pas le refus de l'autre, mais ici est un véritable refuge. Réfléchir à ses actes afin de mieux comprendre un coup de folie, de décoder l'émotion trop forte, de comprendre pourquoi haine et amour vont parfois de pair.
Qui peut juger quand tout explose ?
L’être humain ne se comporte pas toujours comme il devrait. Parfois, il craque au point d’être incapable de réfléchir avant d’agir. Aurélien est un mari et un père de famille, jusqu’au jour où il atteint le point de rupture. Il devient alors un homme puni par la loi, seul, jugé tel un mauvais père. Face à la justice, il faut alors penser à l'intérêt des enfants. Tout plutôt que leur malheur.
Santiago H. Amigorena signe une œuvre brillante où la violence se mêle subtilement à la douceur. Chaque ligne alimente une incessante réflexion sur la complexité des relations humaines. Cette lecture bouleverse et questionne, finalement, face à la justice, quelle est la place de l’amour ?
@lecturesauhasard
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