Alexandre rend hommage à ce frère, qui l’a terrifié durant toute son enfance. « (…) Je trouvais ça incroyable qu’une chose aussi belle, sauvage et incontrôlable puisse sortir de sa tête"
Corto Maltese est plongé dans le Berlin des années 1920-1924 .
Sur fond de sociétés secrétes et d'intrigues policières, une ambiance " République Weimar".
Les nationalistes sont à la recherche d'un homme-fort et s'opposent aux Marxistes .
Un album aux nombreuses références historiques et culturelles.
J'avoue ne pas être un inconditionnel du dessin mais l'album n'est pas dénué d'intérêts.
Corto Maltese est un personnage complexe.
Une BD qui se mérite ...
A l'automne 1924, Corto Maltese arrive à Berlin et, en passant près d'un commissariat reconnaît dans une photo d'un mort inconnu, l'un de ses amis, Jeremiah Steiner. Ce dernier a été assassiné, et Corto cherche le tueur dans une Allemagne en proie à un nationalisme souterrain, à un antisémitisme montant. La jeune République de Weimar est fragile et il suffirait de peu pour qu'elle vacille et chute.
J'ai toujours eu une bizarre appréhension à ouvrir un album de Corto Maltese, le célèbre marin créé par Hugo Pratt et repris depuis son décès, notamment par les deux auteurs espagnols. Le trait -beaucoup de personnages en ombre- n'est pas mon favori, et pourtant tout cela n'est plus d'actualité au fil des pages et les aventures de Corto génèrent même une certaine fascination pour ne pas dire une fascination certaine. Très ancrées dans des contextes historiques, politiques ou géopolitiques, elles ont quelque chose d'érudit, d'instructif et de divertissant également. Cette dernière à Berlin ne déroge pas à la règle, et c'est en Allemagne, pas encore hitlérienne que Corto vadrouille. Il y est question de sociétés secrètes fascisantes, antisémites -le mot aryen n'est pas prononcé, mais on l'entend entre les lignes-, anti-communistes... Et Corto de trimballer sa grande carcasse, de se trouver pris à parti et au jeu de démanteler tout cela.
Épatant, comme à chaque aventure, c'est ce que je me dis après chaque album, pour retrouver cette petite appréhension au prochain. Finalement, je crois aimer ça.
Kalia est une femme déterminée. Née en même temps que la Révolution russe, en 1917, elle était prête à tout pour épouser son Victor dès seize ans. Et ce n’est pas son père, qui l’enfermera trois mois dans un placard pour la faire changer d’avis, qui obtiendra gain de cause.
À partir de 1933, enfin mariés, le bonheur se conjuguera dorénavant au pluriel pour Kalia et Victor. Malgré une vie difficile et des emplois pénibles, à l’usine pour elle, sur les chantiers pour lui, la famille s’agrandit avec l’arrivée de Sérioja et Youlia. Mais pendant quatre ans, Victor va participer à la Grande Guerre Patriotique contre l’armée nazie, quatre ans sans aucune nouvelle.
Quand enfin le drapeau rouge flotte sur Berlin, c’est le retour de l’époux tant aimé. Mais le couple ne sait pas qu’il ne lui reste qu’une année à passer ensemble. C’est alors que Victor est arrêté pour soi-disant « possession de documents anti-révolutionnaire et admiration de la technologie étrangère ».
Depuis cette nuit de novembre 1946, Kalia n’a pas revu son amour qui a été condamné à dix ans de rééducation par le travail, en d’autres mots, au goulag. Alors puisque Victor ne peut pas être près d’elle, Kalia décide en 1953, de partir direction la Sibérie et ses camps pour retrouver l’être aimé.
Mais les recherches ne sont pas chose facile. Il faut se fondre dans la population et essayer de glaner des renseignements de la part d’anciens « zeks », les prisonniers. Et si en touchant au but, les retrouvailles tant espérées n’étaient pas celles escomptées ? Comment un homme peut-il ressortir indemne de l’enfer des camps soviétiques ?
Comment une si belle histoire d’amour peut-elle avoir un fond aussi terrible ? C’est la prouesse qu’ont réalisée Pellejero et Lapière avec cet album « Le tour de valse » datant de 2004, qui est bien loin d’être ce qu’on peut imaginer et ce qui est imaginable.
Quand l’amour d’une femme prête à tout rencontre la cruauté de l’univers concentrationnaire, cela donne une histoire d’une intensité extrême soulignée par des dessins terriblement beaux.
Une plongée dans l’horreur et dans l’amour, est-ce possible ? Je crois bien que oui et cela ne peut que susciter une vague d'émotion.
Corto Maltese se lance à la recherche du « miroir du prêtre » reliquaire sacré contenant les restes de Toghril, un Khan, roi de Mongolie converti au christianisme nestorien puis ensuite, il va découvrir l’endroit où Emin Pacha a trouvé la mort.
En croisant au large de Malte, nous sommes embarqués de Venise aux rives du Congo via l’Egypte et Zanzibar où nous rencontrerons la littérature et l’Histoire avec Byron, Cavafi, Monfreid, Churchill, Stanley, Emin Pacha, Sefu, les Boers, Tippo Tip, Zangwill, Meinertzhagen, les King’s african rifles et les méthodes de soi-disant pacification des années 1835 dans la région d’Equatoria…
« Ne vous inquiétez pas, Tenton. Si nous connaissions le dénouement de l’histoire, jamais nous ne lirions un livre. »
Les dessins de Pellejero sont réussis et Corto reste le fiancé de mes rêves mais, sans vouloir hurler avec les loups, indéniablement, il manque à cette BD ce « petit supplément d’âme », ce petit plus, ce ‘je ne sais quoi’ qui faisait que Hugo Pratt avait le don inimitable de m’emballer dans sa rêverie, sa sensibilité, ses amours, ses aventures, ses voyages, ce qui n’a pas été le cas avec Equatoria que j’ai ressenti comme un devoir propre, un contrat bien rempli et un peu ‘fourre-tout’ avec les ingrédients attendus pour reproduire une recette à la sauce Corto Maltese.
Toutefois, la BD est malgré tout, bien sympathique.
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