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Le roman commence vite. La guerre est terminée, la violence raciste vécue par Anthénor bouscule, un souffle de liberté et d’indépendance pointe son nez. On rentre dans ce livre avec une certaine euphorie portée notamment par l’écriture mêlant français métropolitain et celui des Antilles. Les deux cultures se croisent. Le personnage du militaire nous sert de guide dans le Bal, au milieu de la béguine. L’histoire s’enrichit des autres personnages, qu’ils soient célèbres ou fictionnels. Le trio des protagonistes principaux est intense dans ses réactions, ses sentiments. Anthénor tente de garder la mesure.
Le livre n’est pas vraiment le récit d’un lieu ni d’une époque. J’y ai plus vu l’envie de croire dans un monde nouveau qui se croyant chanceux d’avoir survécu à la guerre tenterait le tout pour le tout par amour. Or, très rapidement, par le poids des conventions sociales, du racisme et de la peur de l’autre, ce paradis s’assombrit. Le drame étreint par quelques moments. L’émotion n’est jamais loin même si je ne me suis pas senti très proche des personnages. Des extraits de journaux intimes viennent comme des parenthèses dans le roman. Les personnages livrent leurs sentiments, leurs impressions. Ce découpage estompe un peu la dynamique de la fiction qui tient en grande partie à la langue de l’auteur, Raphaël Confiant.
Quand il est dans le Bal, en période glorieuse ou pas, il observe le monde avec la même énergie que Damien Chazelle filme le jazz. C’est vif, étincelant et en une note, tout peut basculer.
Formidablement écrit, ce livre m'a enthousiasmé, m'a fait vraiment rire. Raphael Confiant est toujours aussi prodigieux.
Dans cet ouvrage, Raphaël Confiant nous livre l'histoire du Bataillon Créole, bataillon qui a pris part aux grandes batailles de la 1ère Guerre Mondiale, la Somme, Verdun, la Marne mais aussi l'enfer des Dardanelles. Au travers d'un texte magnifique, plusieurs portraits de ces jeunes Antillais, de l'enfer qu'ils ont vécus dans les tranchées, ou des traumatismes à leurs retours en Martinique. Mais aussi, et surtout, des pages superbes et émouvantes concernant les mères, fiancées ou épouses de ces soldats. Ainsi, Man Hortense, mère éplorée mais tellement digne, qui nous parle de son fils Théodore, "coupeur de cannes émérite", son seul et unique fils tombé dans la Marne, et dont la dépouille ne reviendra en Martinique que 3 ans après la fin de la guerre. Un livre que je recommande vivement, à associer au Goncourt de Pierre Lemaître.
Il y a des années de cela j’ai croisé Raphaël Confiant lors de conférences, et je m’étais promis de lire un de ses romans… mais je n’ai jamais sauté le pas… Maintenant c’est chose faite.
J’ai été conquise par cette enquête très exotique. Raphaël Confiant manie le créole et un français des caraïbe de manière magistrale, cela donne de savoureuses répliques. Un petit glossaire est inclus en fin de volume et des traductions en notes bas de page pour les dialogues en créole.
Les personnages haut en couleur (dans tous les sens du terme) forment une micro société très représentative du reste de l’île. Nous retrouvons en même temps les problèmes très contemporains de ces DOM : métissage, passé colonial (dont esclavagisme), ainsi que les nouveaux émigrants, drogue, alcool, prostitution, trafics en tout genre et corruption. Le détective Martiniquais philosophe à ses heures se retrouve perdu dans ce théâtre de marionnettes. J’ai adoré les citations littéraires et philosophiques, ainsi que les réparties de l’oncle Milo.
Nous retrouvons des personnages incontournables de la société antillaise : le béké, le mulâtre, le métro (souvent fonctionnaire), le politicien, le chinois (commerce), le musicien (mais pas le conteur), le prêtre vaudou, cela donne une galerie de portrait très amusante.
Les femmes ne sont pas en reste : religieuses, superstitieuses, exigeantes, exubérantes, séductrices, possessives, manipulatrices ce sont elles qui mènent la danse.
J’aime beaucoup le choix des prénoms qui rajoutent une note exotique.
En plus du créole et des formulations très imagées qui font sourire, nous avons aussi le cheminement très oral des pensées du détective qui n’a pas de chance. Il nous raconte son enquête et puis tout à coup il part sur une digression qui n’aboutis pas « je vous raconterai la suite plus tard » et hop on revient sur l’enquête principale. Cela peut en dérouter certains. Il laisse le lecteur dans l’attente de la fin, puis les enquêtes s’entremêlent avec sa vie privée. Nous avons droit à tous ses déboires professionnels, sentimentaux et financiers…
Le lecteur finit par se demander si l’enquête va aboutir… La résolution nous laisse avec de nombreuses zones de gris car dans la vraie vie nous n’avons pas toutes les réponses… Vérité et Justice sont deux choses bien distinctes… La loi de la république et la loi des hommes ne sont pas toujours compatibles.
Voilà un détective consciencieux dont je suivrai volontiers d’autres aventures.
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