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Rachid Santaki est un écrivain engagé qui intervient dans les prisons et il connait très bien le sujet de la radicalisation. C’est ce qui donne tant de réalisme à ce roman qui est une vraie plongée dans les milieux islamistes du 9.3.
On comprend comment, par le biais de la religion, les recruteurs vont entrer en contact avec les personnes en perte de repères et les manipuler pour tenter de les amener à s’engager dans le djihad.
Le prosélytisme, le paternalisme, la fausse entraide, le soutien intéressé, l’auteur fait le tour de toutes ces techniques de recrutement qui ont fait leurs preuves au sein des populations fragilisées.
Déstabilisée par le mort de son père, Anissa n’échappera pas à cet engrenage intégriste.
Comme dans tous ses romans, Rachid Santaki prend le prétexte d’un polar pour nous révéler les dérives des banlieues et avec Anissa, il dénonce ces milieux terroristes qui s’attaquent aux plus faibles et contre lesquels les services de Police luttent avec acharnement.
Un roman édifiant, à lire non pour comprendre mais pour savoir.
Un texte protéïforme où se mélangent la voix de l’écrivain et celles des personnages, les voies de la fiction et des faits divers. Un petit goût en madeleine de Proust de l’excellent travail de journalisme narratif d’Emmanuel Carrère dans l’Adversaire il y a déjà plus de vingt ans. « Sans m’en rendre compte, je me glissais dans l’univers de Sofiane, un gamin écorché, et je me posais encore plus de questions. » p 83 Points. On se glisse nous aussi avec lui dans cet univers que l’auteur réussit à toucher puis dessiner du doigt à petites touches de réalisme et de scènes reconstituées au plus près des mots (les leurs) et des maux (ceux de la société toute entière). La fréquentation des personnages de Rachid Santaki comme en 2000 celle du personnage de l’Adversaire fait s’ouvrir béant le questionnement sur le pourquoi et le comment du Mal. Sur cette indifférence parfois devant la souffrance d’autrui, que l’on soit spectateur, complice ou bourreau. Ce texte, pas mieux que celui d’Emmanuel Carrère, n’apportera de réponse(s) mais il pose un contexte, dessine les contours de la vie de ces gosses qui ont effacé les frontières entre le virtuel et le réel, entre les réseaux sociaux et la société. On en ressort un peu sonné(e)s, toujours inquiet(e)s, mais sans doute aussi, et c’est le plus précieux, plus concerné(e)s.
Chez Alibi on parle pour ce texte d’un « romanquête », ce terme convient mieux que celui de polar, catégorie dans laquelle il semble un peu en marge.
Première lecture dans le cadre du prix du Meilleur Polar Points 2023. Ce livre est présenté comme un « puissant romanquête qui interroge les nouveaux codes de la violence des quartiers ».
En effet, Rachid Santaki, qui connait bien les quartiers, réalise ici un travail proche du journalisme. Il se met en scène lui-même comme reporter-enquêteur. Il part d’un fait-divers sordide et affreux et tente à partir de cet évènement et du procès qui a suivi, de trouver les racines de la violence. Il tente aussi d’en trouver les nouveaux rites. Entre rap et réseaux sociaux, l’auteur cherche à nous montrer l’impact de l’image dans ces escalades de violence.
Je n’avais jamais lu cet auteur qui a plusieurs romans à son actif. Ici on ne sait pas très bien ce qui relève de la fiction ou de l’essai, du reportage ou de l’enquête. C’est d’abord l’effroi qui guette le lecteur à la lecture du récit du lynchage de Mathieu. Rachid Santaki s’empare de l’évènement pour tenter de l’analyser et de le décrypter.
Ce court récit de 180 pages n’est pas inintéressant. Il nous laisse avec autant de questions qu’au début de la lecture mais a le mérite de les poser avec humanité et empathie.
Mathieu, un adolescent sans histoire de Saint-Denis est torturé puis assassiné par un groupe de trois jeunes de sa cité. A l’extrême violence des deux leaders, se rajoute le détachement du troisième jeune qui filme la scène pour la poster sur les réseaux sociaux.
Rachid Santaki, originaire de cette même ville, raconte et analyse ce terrible fait divers qui se produit régulièrement dans les quartiers de banlieue.
Issu de la première génération d’amateurs de rap que le groupe NTM a beaucoup influencés, notamment avec la chanson « Laisse pas traîner ton fils », il constate que les mentalités ont changé avec la nouvelle génération de 20 ans plus jeune.
Les groupes de rap ne sont plus appréciés pour le contenu de leurs chansons mais pour leur visuel et, dénués de dimension sociale, des titres comme « La vraie vie » du groupe Da Uzi, semblent générer une violence larvée.
Trois parties alimentent son propos, le récit de l’agression, l’analyse sociétale des comportements de chaque protagoniste puis le déroulement du procès au Tribunal de Bobigny.
Très engagé dans la réinsertion des délinquants avec ses ateliers d’écriture en milieu carcéral, l’auteur conclut son analyse presqu’ethnologique en dénonçant un contexte déshumanisé d’influence des quartiers ainsi qu’un problème mondial lié à la toute puissance du numérique, qui vont bien au-delà d’un simple fait divers de banlieue.
Plus reportage que polar, cette enquête vraiment glaçante m’a permis de m’intéresser à un phénomène qui me semblait jusque là bien loin de mon univers.
Grâce à ce roman, Rachid Santaki soulève un sujet très inquiétant dont notre société devrait mieux tenir compte, sous peine de le voir prendre une dimension irréversible et je le conseille vivement pour son intérêt sociétal.
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