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Paul Leautaud

Paul Leautaud
PAUL LÉAUTAUD entre au Mercure de
France en 1895. Il tient le secrétariat
de la rédaction de 1908 à 1940.
Le premier volume de son Journal
paraît en 1954. Dix-huit volumes
suivent.
Toute son oeuvre est publiée au
Mercure de France.

Articles en lien avec Paul Leautaud (1)

Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « Journal litteraire » de Paul Leautaud aux éditions Folio

    Bernault Jean-Serge sur Journal litteraire de Paul Leautaud

    3 novembre 1893/17 février 1956 : 63 années durant lesquelles Paul Léautaud a écrit presque chaque jour dans son Journal qu’il qualifie de littéraire. Littéraire sans aucun doute mais pas seulement. Paul Léautaud y parle aussi de l’absence de cette mère qui le rejette, de ses amours, de...
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    3 novembre 1893/17 février 1956 : 63 années durant lesquelles Paul Léautaud a écrit presque chaque jour dans son Journal qu’il qualifie de littéraire. Littéraire sans aucun doute mais pas seulement. Paul Léautaud y parle aussi de l’absence de cette mère qui le rejette, de ses amours, de l’amitié, de son plaisir d’écrire, de sa misanthropie, de son goût pour la solitude, de son amour pour sa « ménagerie » de chiens et de chats (les pages sur la mort de Span (23 nov.1913) et sur la mort de Riquet (28 mars 1925) sont bouleversantes)…
    Les pages sur la montée des nationalismes en Europe, sur sa vision de la notion de patrie et son souhait d’une « Europe fondue en un seul État confédéré » (27 fév. 1927, page 467) sont extrêmement visionnaires.
    Merci à Pascal Pia et Maurice Guyot pour ce choix de pages qui m’a permis d’entrer dans le Journal de Paul Léautaud dont l’édition complète en 19 volumes est aujourd’hui pratiquement inaccessible dans son intégralité.
    J’ai fait le choix d’un extrait dans lequel Paul Léautaud analyse ce qu’aura été sa vie.

    " Lundi 27 Octobre 1930. Je m’amuse quelquefois à regarder ce qu’aura été ma vie. Mon enfance ? Tout ce qui devait être la suite, en plus petit. Ma littérature ? une suite de victoires considérables sur moi-même, tant j’ai toujours manqué d’illusions sur moi-même, d’ambition, d’idéal quelconque.
    Mon intérieur ? Je suis chez moi dans mes pièces presque vides comme un homme qui vient d’emménager le matin.
    Mes amours ? J’aurais aimé la beauté, la légèreté, l’élégance, l’aventure : je n’ai eu qu’une sorte de pot-au-feu illégitime. L’argent ? J’ai toujours dû travailler. Je travaille encore pour gagner ma vie, passant mes journées entières entre les quatre murs d’un bureau. Les plaisirs de la table, les bons plats, les bons vins, avec de gais convives, tout ce qu’on dit qui épanouit bien tout l’être ? Je bois de l’eau, je mange je ne sais quelles choses sur un coin de table, comme une corvée à accomplir. Les amis ? Je ne sais trop… J’en ai, et si moi-même j’en suis un pour quelqu’un, si ce n’est pour Rouveyre, un drôle de corps comme moi. Le vrai est plutôt que le monde entier pourrait disparaître sans que j’en sois affecté. Je vois avec plaisir celui-ci, celui-là, mais je ne les verrais pas, ce serait aussi bien. Ce que j’aime, ce qui me plaît, ce que j’aurais désiré, ce que je regrette, ce que j’envie, ce qui me passionne, je crois que je peux à tout cela répondre : néant. "