Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Dessaint Pascal

Dessaint Pascal
Lauréat de nombreux prix littéraires, Pascal Dessaint est écrivain et auteur de polars. En 1991, il a effectué une traversée à pied de l'arc alpin en compagnie du peintre animalier Eric Alibert. Sensible aux questions environnementales, ornithologue, marcheur et militant dans l'âme, Pascal Dessai... Voir plus
Lauréat de nombreux prix littéraires, Pascal Dessaint est écrivain et auteur de polars. En 1991, il a effectué une traversée à pied de l'arc alpin en compagnie du peintre animalier Eric Alibert. Sensible aux questions environnementales, ornithologue, marcheur et militant dans l'âme, Pascal Dessaint a écrit une trentaine de romans. Depuis Mourir n'est peut-être pas la pire des choses (2003), ses livres ont pour toile de fond les rapports complexes et douloureux entre l'Homme et la Nature. Il poursuit ce thème avec notamment des romans tels que Loin des humains (2005), Cruelles Natures (2007), Le bal des frelons (2011) ou encore La trace du héron (2017) édités aux éditions Rivages, qui publient également ses chroniques « vertes et vagabondes » (Un drap sur le Kilimandjaro (2005) et L'appel de l'huître (2009)). Pascal Dessaint a également écrit les voix off de deux documentaires pour le réalisateur Jacques Mitsch, L'esprit des plantes (Arte 2009) et Une histoire naturelle du rire (Arte 2011).

Avis sur cet auteur (14)

  • add_box
    Couverture du livre « 1886 » de Dessaint Pascal aux éditions Rivages

    Marie Kirzy sur 1886 de Dessaint Pascal

    Le 26 janvier 1886, une foule de mineurs se met en marche. Neuf kilomètres à pied en plein hiver pour rejoindre Decazeville et porter des revendications salariales à la compagnie houillère qui les emploie. 2000 hommes et femmes en colère. le sous-directeur, Jules Watrin, est frappé puis meurt...
    Voir plus

    Le 26 janvier 1886, une foule de mineurs se met en marche. Neuf kilomètres à pied en plein hiver pour rejoindre Decazeville et porter des revendications salariales à la compagnie houillère qui les emploie. 2000 hommes et femmes en colère. le sous-directeur, Jules Watrin, est frappé puis meurt défenestré.

    Pascal Dessaint s'empare avec force et conviction de cet épisode oublié de l'Histoire qui a débouché sur la plus longue grève du XIXème siècle, un drame qui a secoué la classe politique française et traumatisé l'Aveyron.

    L'auteur construit son récit en trois temps bien marqués : le premier acte décrit rapidement la scène de crime en elle-même; le deuxième acte déroule le temps de la grève ( six mois ) avec son impact politique, les postures de chacun, les rapports de force et le déferlement médiatique qui l'accompagne ; le troisième acte raconte le spectaculaire procès ( dix accusés pour meurtre, cent témoins à la barre ) jusqu'au verdict.

    Pascal Dessaint sait collecter les faits, les interpréter pour mener une enquête rigoureuse. On devine l'énorme travail bibliographique derrière chaque page mais sans jamais que cela écrase le lecteur par un étalage d'informations. Au contraire, l'auteur a trouvé un style extrêmement vivant et enlevé, privilégiant les dialogues pour recréer une époque dans toute sa complexité tout en éloignant la caméra pour des panoramas très réussis. Les scènes du procès sont ainsi remarquables de lisibilité : tout ce qu'on ne savait pas au départ est décortiqué au-delà de ce que laissait entrevoir l'immédiateté de la violence, on comprend ce qui s'est joué à chaque moment du crime initial. Ça se lit comme un roman.

    Un petit glossaire des noms propres n'aurait pas été de trop pour faciliter la lecture. Il y a énormément de personnages à mettre en scène aux plusieurs temps du récit, certains transversaux d'autres pas. Ils sont tous très bien campés grâce à des zooms qui renforcent leur incarnation. Je retiens tout particulièrement la figure du maire républicain de Decazeville, Jules Cayrade, victime d'accusations virulentes pour avoir refusé que l'armée intervienne, hanté par les quatorze ouvriers grévistes tombés sous les balles des soldats à Aubin en 1869. Très affecté par les répercussions du drame, il meurt prématurément en juillet 1886 à seulement 46 ans.

    Très pertinemment, Pascal Dessaint ouvre et clôt son récit sur des images fortes de 2015 : deux cadres DRH d'Air France agressés, chemise déchirée, dans le cadre d'une restructuration prévoyant la suppression de près de 3000 emplois. Certes, ces dernières années n'ont rien à voir avec les années 1880, la IIIème République y est encore bien jeune, réellement enracinée qu'à partir de 1879, la fraîche répression de la Commune encore dans les esprits.

    Et pourtant, tout dans la tragédie de Decazeville résonne avec notre époque : la construction des luttes ouvrières et l'immixtion de la violence dans un mouvement social, le contexte de capitalisme éhontée et de violence institutionnelle qui maltraitent le petit peuple. Ou encore les débats et déchirements au sein de la gauche, comme ceux entre un jeune Jean Jaurès dénonçant toute forme de violence et l'ardent député Emile Basly, ancien mineur, proche de l'anarcho-syndicalisme qui défend la « légitime défense » des meurtriers de Jules Watrin : « Quand toute une population indignée, révoltée, écrase celui qui l'a torturée et affamée, n'a-t-on pas le droit de lui dire : Laissez passer la justice populaire ? »

    Un excellent récit entre essai et roman qui questionne intelligemment le lecteur d'aujourd'hui.

  • add_box
    Couverture du livre « 1886 » de Dessaint Pascal aux éditions Rivages

    Madame Tapioca sur 1886 de Dessaint Pascal

    Janvier 1896, les mineurs de Decazeville dans l’Aveyron sont en grève pour demander une hausse des salaires. Parmi leurs revendications, il y a aussi la démission de Jules Watrin, le sous-directeur de la mine. Il se dit que Watrin serait payé sur les diminutions de salaires qu’il impose aux...
    Voir plus

    Janvier 1896, les mineurs de Decazeville dans l’Aveyron sont en grève pour demander une hausse des salaires. Parmi leurs revendications, il y a aussi la démission de Jules Watrin, le sous-directeur de la mine. Il se dit que Watrin serait payé sur les diminutions de salaires qu’il impose aux travailleurs. La foule s’emballe, Watrin est défenestré et piétiné. Il meurt de ses blessures. La grève va durer 108 jours.

    L’affaire Watrin devient nationale, Decazeville est le centre de la France. On compte plus de soldats que de grévistes.
    Le débat va jusqu’à la chambre des députés, réactionnaires contre républicains, et la presse se divise.
    Pour Le cri du Peuple, c’est la revanche de la Maheude. Pour Le Gaulois, c’est la faute à Zola. Il faut dire que Germinal est paru il y a seulement un an.

    Alors, Watrin, victime ou bourreau ? Où se situe le crime ? Est-ce que les criminels sont ceux qui tuent ou ceux qui maltraitent les ouvriers pour remplir les poches des actionnaires ? Les mineurs ou les seigneurs de la houille ?

    Dans ce récit, on croise tous les grands républicains de l’époque, venus à l’aide des mineurs qui vont être jugés. Il y a Jules Guesde, Louise Michel, Millerand et tant d’autres dont Émile Basly, mineur, syndicaliste puis député. Celui qui aurait inspiré Zola pour le personnage d’Etienne Lantier. On découvre aussi Jules Cayrade, premier maire républicain de Decazeville.

    Pascal Dessaint, met sa casquette d’historien et nous raconte une histoire de lutte sociale tellement d’actualité que ça fout les chocottes (les arrestations arbitraires sont revenues à la mode cette année) et fait un parallèle avec le mouvement social de 2015 lors duquel deux cadres d’Air France finiront la chemise arrachée.

    Pour le côté historique, pour le côté politique, pour le côté social, pour le lien avec Zola, l’affaire Watrin m’a passionnée.
    Et si Dessaint n’a pas écrit un polar, longtemps son genre de prédilection, il a encore écrit du noir.

    #pascaldessaintpresident

  • add_box
    Couverture du livre « Jusqu'ici tout va mal » de Dessaint Pascal aux éditions La Deviation

    Françoise Sinard sur Jusqu'ici tout va mal de Dessaint Pascal

    J'aime l'écriture de Pascal Dessaint, je n'ai pas lu tous ses livres mais j'apprécie ses textes courts, ce n'est pas un genre aussi facile à écrire qu'on ne le croit parfois.
    Dans ce petit recueil, l'auteur s'en donne à cœur joie avec ses thèmes préférés : la nature, les animaux… Il parle aussi...
    Voir plus

    J'aime l'écriture de Pascal Dessaint, je n'ai pas lu tous ses livres mais j'apprécie ses textes courts, ce n'est pas un genre aussi facile à écrire qu'on ne le croit parfois.
    Dans ce petit recueil, l'auteur s'en donne à cœur joie avec ses thèmes préférés : la nature, les animaux… Il parle aussi un peu de sexe mais là, je ne me prononce pas…
    Bref, je me suis régalée, je pense que ce petit livre (de 137 pages) est une très bonne façon de faire connaissance avec cet auteur.

  • add_box
    Couverture du livre « Jusqu'ici tout va mal » de Dessaint Pascal aux éditions La Deviation

    Madame Tapioca sur Jusqu'ici tout va mal de Dessaint Pascal

    Du Pascal Dessaint en nouvelles, je ne pouvais pas passer à côté !
    Des textes courts et percutants dans lesquels on retrouve la puissance de sa voix et ses préoccupations.
    Ceux qui connaissent le monsieur, ne seront pas surpris si je dis qu’il y a beaucoup de nature et d’oiseaux dans ses...
    Voir plus

    Du Pascal Dessaint en nouvelles, je ne pouvais pas passer à côté !
    Des textes courts et percutants dans lesquels on retrouve la puissance de sa voix et ses préoccupations.
    Ceux qui connaissent le monsieur, ne seront pas surpris si je dis qu’il y a beaucoup de nature et d’oiseaux dans ses nouvelles. Pas plus qu’il ne seront surpris par leur côté sombre et en prise avec notre société.

    Étrangement, je trouve que chez Dessaint le noir est toujours vivifiant. Il ne semble dupe de rien - ni de l’époque, ni des hommes - et pourtant je me sens toujours un peu plus optimiste après avoir lu cet auteur. La désespérance n’est pas dans son ADN. Parce ce que si jusqu’ici tout va mal, on peut espérer que les choses s’inversent un jour. Parce que si l’homme détruit son environnement et broie ses semblables, il est encore temps pour chacun d’entre nous de participer à un grand changement.

    Comme souvent dans les recueils de nouvelles, certaines sont à mon goût en deçà mais l’ensemble forme un tout brillant.
    Je me réjouis déjà de la sortie de son prochain roman, annoncé pour le mois de mai chez son éditeur habituel, Rivages.