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« On peut tuer les hirondelles, le printemps viendra quand même » disent les afghans, un peuple qui s’est relevé de bien des conflits, de bien des occupations. Pourtant quand en juillet 2021 Marwa apprend le départ définitif des américains pour le 31 aout au plus tard le coup est rude. Les talibans sont à l’affut et ce départ est un boulevard pour leur retour au pouvoir. Perspective glaçante pour cette chirurgienne respectée car le régime des talibans, elle l’a connu il y a 20 ans, et elle sait ce que leur retour implique en particulier pour les femmes. Perspective d’autant plus insupportable car aujourd’hui elle est mère de trois adolescents et la plus jeune est une fille et c’est surtout pour elle qu’elle tremble. Alors que faire ? Fuir ou rester ? Résister ou se résigner ? Récit d’un compte à rebours terrible avant le retour de l’enfer.
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Je ne vais pas vous mentir, cette lecture est éprouvante et glaçante. Mais elle nous oblige, nous tous occidentaux, nous toutes femmes libres. Dès 2021, et encore ces dernières semaines, à l’annonce d’une nouvelle atteinte aux droits des femmes dans ce pays nous exprimons notre peine, notre indignation, mais mesurons-nous vraiment l’effroi de ces femmes, de ces mères, de ces filles ? Concevons-nous ce qu’ont pu être ces jours filant vers une issue inéluctable ? Ce que peut être une vie recluse, privée de parole, d’éducation et de culture ?
J’ai beaucoup aimé le personnage de Marwa et j’ai aimé suivre le fil de ses pensées dans cet entre-deux de 2 mois avec un avant-gout de fin du monde. Ce temps de l’attente où les jours filent trop vite et où la peur s’accroit en même temps que s’égrènent les derniers jours de liberté. Les derniers jours où elle peut exercer son métier, faire valoir son autorité de soignante, sortir seule ou parer ses ongles de rouge. Les derniers jours où la menace grandit, et où ses enfants peuvent lire et étudier, écouter de la musique ou chanter, avant le grand saut vers la barbarie. Ils ne sont jamais nommés, ils sont « ceux qui arrivent » comme une tentative désespérée de les tenir le plus possible à distance, de les nier. Car Marwa le sait, elle représente
ce qu’ils abhorrent : le savoir, la culture, la beauté, la liberté et elle n’a aucun doute sur l’irréversibilité de l’issue qui l’attend. « Fuir la mort est inutile. L’aborder avec dignité est ce qu’il lui reste ».
Il y a dans l’écriture de Nour Malowé une force incroyable, une puissance qui nous bouscule et nous bouleverse. A travers Marwa elle nous dit la détermination de toutes ces femmes, leur impuissance et leur courage. Leur lucidité aussi face à cet inommable. Leur sacrifice pour sauver leurs familles. Et elle nous montre qu’en dépit de toutes les interdictions, la pensée de ces femmes survit à tout. Même sous des burqas, même enfermées chez elles, les femmes penseront toujours et seront toujours plus fortes que ces monstres.
Alors quand les livres se font porte-voix, quand la littérature éveille les consciences, il est indispensable de leur donner le plus d’écho possible. Lisez ce livre pour ne pas oublier toutes celles à qui ce droit fondamental est ôté.
Le roman se déroule à Kaboul entre le 4 juillet et le 30 août 2021, alors que les Américains abandonnent l'Afghanistan à son sort et que les Talibans reviennent en conquérants, vingt ans après en a avoir été chassés. Marwa, la cinquantaine, chirurgienne, mariée à un journaliste, mère de trois adolescents, deux garçons et une fille sait ce qui les attend; elle a déjà vécu la férule et la violence des Talibans. Elle ne pense qu'à protéger sa famille et surtout sa fille, Shor, 15 ans, de la sauvagerie talibane, en particulier, à l'égard des femmes.
Magnifique portrait de femme que celui de Marwa, qui est terrorisée mais prête à résister pour soigner, prête à renier ce en quoi elle croit pour sauver sa fille. Par un style à la fois violent et poétique, l'auteure nous fait ressentir la tension, la peur qui envahit Kaboul au fur et à mesure de l'arrivée des Talibans.
Ce roman est un très bel hommage aux femmes afghanes dont on ne parle presque plus, emmurées vivantes sous la burqa-grillage, entre les murs de leur foyer, dans leur pays qui les a effacées. Hommage à leur courage, à leur plus petit geste de rébellion qui risque de leur coûter la vie. Hymne à la résistance, à la liberté, à l'amour où le livre, la littérature jouent un rôle primordial. Mais l'auteure n'oublie pas de rappeler que de nombreuses femmes perpétuent elles-mêmes la violence à l'égard de leurs filles.
Ce roman est aussi une critique de l'aveuglement volontaire ou pas des dirigeants occidentaux qui ont affirmé, en 2021, que les Talibans avaient changé. Peut-être mais en pire pour les jeunes filles et les femmes. Critique et colère face à l'abandon du pays par les Américains après 20 ans de guerre, aux relations établies avec les Talibans sous les prétextes plus ou moins fallacieux.
Le titre du roman provient d'un proverbe afghan qui dit "On peut tuer toutes les hirondelles, le printemps viendra quand même"; il est porteur d'espoir qu'il est difficile d'entrevoir pour ces femmes qui vivent l'agonie d'un hiver sans fin. Que la lecture de ce roman poignant les sorte de l'oubli dans lequel la communauté internationale les a abandonnées.
Une femme en Afghanistan en juillet 2021. Une femme chirurgien, mère de trois adolescents. Elle sait ce qui est en train de se passer dans son pays, dans sa ville, dans sa vie : elle l’a déjà vécu il y a 20 ans. L’arrivée des talibans.
Ce roman est celui de l’espoir, d’une femme, d’une mère. Ce roman est celui du courage pour affronter l’ennemi en face, pour affronter la mort qui se matérialise et arrive inéluctablement.
Ce roman est l’histoire du quotidien des femmes afghanes.
On apprend qui elles sont derrière leur voile et leur silence imposé, quels sont leurs rêves et leur foi, quels sont leur choix face à l’arrivée des hommes qui vont les soumettre.
Ce texte est poignant. Il m’a fait découvrir de l’intérieur, la vie en Afghanistan.
Nour Malaowé a su m’attacher au personnage de Marwa, a su me faire souffrir avec elle. Elle a réussi à en faire un personnage à la fois fort, déterminé et fragile quand il s’agit de protéger ses enfants.
C’est un très beau texte, bouleversant, qui nous intime à garder espoir pour les femmes afghanes. C’est un cri de rage et de révolte pour toutes celles qui ne peuvent pas l’exprimer.
Je découvre l’auteure avec ce nouveau roman centré sur la vie de Marwa, chirurgienne pédiatrique spécialiste du coeur ; ses enfants Belkheir, Ahmad et Shor.
Le récit se déroule au 4 juillet au 20 août 2021, les talibans ayant pris la capital le 15 août sans combattre.
J’ai aimé Marwa, femme forte et éduquée qui ne souhaite pas que sa fille Shor se marie avec le fils du voisin, Shafiquillah, qu’elle soupçonne d’être affilié aux talibans.
J’ai aimé suivre Marwa lors de ses consultations à l’hôpital ; j’ai eu peur avec elle quand elle est suivi par un infirmier qu’elle a fait renvoyer ; je me suis demandé avec elle si il fallait mieux fuir son pays ou rester pour ses enfants.
J’ai aimé sa clairvoyance à propos de ceux qu’elle appelle ceux qui viennent.
J’ai été déçu par Shafiquillah qui croit vraiment que lorsque ses amis seront au pouvoir, tout le pays ira mieux : les gens se plieront aux règles avec joie et ce sera le bonheur. C’est bien peu connaître les autres que de croire qu’ils seront d’accord avec toi sur tout.
J’ai eu un peu de mal au début avec le style de l’auteure qui travaille certains mots pour venir percuter l’attention du lecteur et l’amener à réfléchir sur le sens premier ou sur la construction inacadémique proposée.
J’ai aimé que Marwa ne se voile pas les yeux sur la seule richesse de son pays que convoitent les talibans : le pavot.
Un roman sur la longue attente de l’inévitable.
L’image que je retiendrai :
Celle de la couleur bleue dont sont vêtues les femmes afghanes qui portent le hijab.
https://www.alexmotamots.fr/le-printemps-reviendra-nour-malowe/
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