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Nicolas Bouyssi

Nicolas Bouyssi
Nicolas Bouyssi a publié chez nous six romans et un recueil de nouvelles. La critique lui prête une attention grandissante. Il est enseignant dans la région parisienne.

Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « S'autodétruire et les enfants » de Nicolas Bouyssi aux éditions P.o.l

    (M.) Dominique Léger sur S'autodétruire et les enfants de Nicolas Bouyssi

    Si vous aimez les fleuves tranquilles n’ouvrez pas ce livre, c’est un torrent glacé qui vous saute à la figure. Le personnage central, mari et père, est moins dépressif chronique qu’inapte à la vie, qu’elle soit sociale ou affective : il ne sort plus, ne se lave plus, boit et s’empiffre de...
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    Si vous aimez les fleuves tranquilles n’ouvrez pas ce livre, c’est un torrent glacé qui vous saute à la figure. Le personnage central, mari et père, est moins dépressif chronique qu’inapte à la vie, qu’elle soit sociale ou affective : il ne sort plus, ne se lave plus, boit et s’empiffre de médicaments, glande toute la journée, ne fait plus l’amour à sa belle et jeune femme, néglige leur petite fille. Ils vivent dans une “cité radieuse” cauchemardesque dont la description hyperbolise la modernité urbaine, entre délire architectural – les étages pairs et impairs ne communiquent pas, d’immeubles en rond subtilement baptisés Les Casemates – et galerie commerciale souterraine, sous bureaux et appartements connexes – la vie en circuit fermé, dans un bocal !
    Pour ajouter à l’étrangeté du roman (déjà le titre…), le narrateur est le garçon à naître du couple à la dérive, instillant un récit au futur antérieur. L’écriture mécanique et blanche pousse un train ininterrompu de phrases courtes (aucune césure, pas de chapitres) dont chacune est quantité négligeable, dont la conjonction crée une atmosphère horrifique à la limite du fantastique. On pense à Kafka, au Philippe Claudel de l’Enquête (« Ce n’étaient pas des gens mais des fonctions »), la ville appelle des images entre Alphaville de Godard et Playtime de Tati, au futurisme répulsif.
    C’est un livre rugueux que l’on est tenté de quitter en route, découragé par son étrange morbidité mais il faut tenir, dépasser le seuil de l’inconfort, et la scie – des gestes, des pensées, des phrases qui reviennent en boucle – la scie grinçante impose son crin-crin jusqu’à l’addiction, avec la sensation de tenir là un auteur original (cinquième roman) en phase avec la déglingue de l’époque.

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