Un premier roman rempli de poésie et d'émotion, autour du destin de deux femmes
Un premier roman rempli de poésie et d'émotion, autour du destin de deux femmes
Dans ce récit, l’autrice évoque le sort de la famille Tran, étendu sur plusieurs générations. Dans la première partie, Huong, jeune fille et sa grand-mère Dieu Lan contemplent Hanoi brûler sous le feu des forteresses volantes américaines, les B52. C’est l’illustration de l’entrée de la guerre dans leurs vies.
Tout au long du roman, c’est la capacité de résister du peuple vietnamien qui est illustrée, explicitée. La souffrance et la guerre, l’attente des combattants qui ne donnent pas des nouvelles du front, leur éventuelle disparition au combat, le chagrin de la perte annoncée d’un être cher, d’un oncle ou d’un frère parti vers le sud du pays, sont des éléments permanents de cette saga vietnamienne. Ainsi sont évoquées pêle-mêle la réforme agraire décidée par le Vietminh, aboutissant à des grandes difficultés d’approvisionnement et à un état proche de la famine ; ou encore les circonstances de la traversée du pays, du nord au sud, par l’un des membres de la famille Tran. L’auteure n’oublie pas de mentionner les conséquences du système politique communiste, là où il est majoritaire, sur les comportements des êtres humains, aboutissant à les transformer en délateurs zélés du régime et en indicateurs …Pourtant, la famille Tran rencontre, aussi, des joies : celle du partage d’un repas, celle de la vision d’un paysage des montagnes. La vie retrouve parfois ses droits et ses attraits dans cet enfer entretenu par plusieurs guerres successives, et par le départ de nombreux vietnamiens après la chute du régime du Sud-Vietnam.
On pense, à travers les thématiques abordées, au Chagrin de la guerre, de Bao Ninh, à Terre des oublis, de Duong Thu Huong, aux Carnets retrouvés de Dang Thuy Tram, tous ouvrages ayant traité avec pertinence des conséquences du conflit vietnamien sur la vie des gens, sur le sort de ce pays.
Pour que chantent les montagnes est le roman d’une souffrance d’un peuple infinie et cruelle ; il est aussi celui de l’espoir entrevu en filigrane à travers la lecture de ce beau roman.
En novembre 1972, au commencement du récit de Huong (surnommée « Goyave ») âgée de douze ans, la guerre du Vietnam fait rage. Ses deux parents étant sur le front, Huong a été confiée aux bons soins de sa grand-mère. Sa mère (médecin) est partie à la recherche de son mari, disparu depuis quatre ans. Huong et sa grand-mère (Dieu Lan) vont fuir Hà Nôi, bombardée par les américains, pour un village (Hoa Binh) plus à l’écart des combats. Pour cela, il leur faudra entreprendre une (longue) marche de quarante et un kilomètres …
Huong va se plonger dans les souvenirs de sa grand-mère – qui va lui raconter sa propre enfance (une grand-mère née dans une famille riche, qui connaitra la misère et le deuil, au cours de la seconde guerre mondiale …) Puis celle de sa propre mère et de ses oncles. Des souvenirs qui débuteront en 1930 (à l’époque où le pays s’appelait encore Indochine, sous occupation française) et se mêleront à ceux – non moins douloureux – de l’adolescente. Huong aura sa part de souffrance, qu’elle tentera – tant bien que mal – d’exorciser, grâce à son immense passion pour la littérature. Les narratrices de cette émouvante odyssée sont – tour à tour – nos deux héroïnes. Une intrigue – dense et dramatique – étalée sur une bonne cinquantaine d’années …
C’est durant la seconde décennie du XXIème siècle que s’écrira enfin (sous la fine plume de Huong) ce bouleversant témoignage. Un très bel hommage rendu par l’auteure, à tout son peuple et à sa famille, qui ont dû subir les pires horreurs et se sont néanmoins dignement et courageusement relevés depuis lors.
Un siècle d'histoire du Vietnam à travers les yeux d'une grand mère et de sa petite fille. Un livre plein d'humanité malgré les événements terribles qui s'enchaînent pour cette famille.
Un livre passionant
La saga d'une famille Vietnamienne, de la colonisation française aux années quatre-vingt, vue au travers d'une grand-mère et de sa petite fille.
Nguyen Phan Que Mai nous décrit des vies cassées, brisées, tourmentées par l'Histoire mouvementée du Vietnam. Ce pays à traversé l'occupation française, la guerre de libération, la famine, la dictature, la sécession, la guerre contre les Américains. C'est cette histoire que l'auteur nous décrit, mais, en narrant la vie d'une famille, elle va au-delà de l'Histoire, celle que l'on lit dans les livres scolaires ou les journaux. Derrière des dates, des faits, des batailles, se cachent des vies d'individus embarqués dans un tourbillon. Ce sont ses vies qui se déploient sous nos yeux, page après page. A sa manière, avec talent, Nguyen Phan Que Mai nous raconte cela et nous fait découvrir son pays tel qu'il a été, avec son formidable pouvoir de résilience. J'ai eu le sentiment de découvrir, un peu, ce pays que je ne connais qu'à travers le cinéma américain (et la guerre qui a traumatisé les USA) ou quelques articles.
Avec son style rythmé, elle parvient a nous embarqué dans cette saga, qui parfois s'apparente à une tragédie. Et pourtant, aucun pathos ne vient alourdir le propos. En refermant l'ouvrage j'ai eu le sentiment que la vie continuait malgré les drames vécus par les personnages, et qu'ils avançaient malgré tout, coûte que coûte.
Un bon moment de lecture.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Avec la collection "La BD en classe", le Syndicat national de l’édition propose des supports pédagogiques autour de thématiques précises
Découvrez les auteurs, autrices et libraires qui accompagneront le président du jury Jean-Christophe Rufin !
Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société