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Michel Jean

Michel Jean
Écrivain et journaliste à Montréal, Michel Jean est issu de la communauté innue de Mashteuiatsh. Kukum est son premier roman publié en France. Vendu à plus de 200 000 exemplaires au Québec et traduit en plusieurs langues, il a été couronné par de nombreux et prestigieux prix littéraires.

Avis sur cet auteur (27)

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    Couverture du livre « Tiohtiá:ke [Montréal] » de Michel Jean aux éditions Seuil

    Catherine L sur Tiohtiá:ke [Montréal] de Michel Jean

    Tiohtia:ke, (à prononcer « Djiodjiagué ») c'est le nom de Montréal pour les mohawks. C'est là que Élie Mestenapeo descend du train pour commencer une nouvelle vie. Après dix ans de prison pour parricide, il ne peut pas rejoindre sa communauté innu de la Côte-Nord, dont il est banni à vie. Cette...
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    Tiohtia:ke, (à prononcer « Djiodjiagué ») c'est le nom de Montréal pour les mohawks. C'est là que Élie Mestenapeo descend du train pour commencer une nouvelle vie. Après dix ans de prison pour parricide, il ne peut pas rejoindre sa communauté innu de la Côte-Nord, dont il est banni à vie. Cette double condamnation est dure pour le jeune homme, mais il l'accepte. La ville, et le visage complètement inconnu qu'elle lui offre, en font une proie facile, mais heureusement il rencontre rapidement Geronimo, qui lui vient en aide, puis d'autres exclus, issus comme lui de différentes nations autochtones.

    De Michel Jean, j'ai déjà lu Kukum, un beau roman plein de sobriété inspiré de la vie de l'arrière-grand-mère de l'auteur. J'ai retrouvé avec plaisir son empathie pour tous, ici pour les nombreux habitants du square Cabot, anonymes aux yeux de beaucoup, devenus de belles personnalités sous sa plume.
    L'entraide existant entre les sans-abris est mise en avant par Michel Jean, plutôt que les agressions et les vols, même s'il n'occulte pas les difficultés, le froid, la faim, le manque de toutes les commodités les plus élémentaires. On pourrait lui reprocher d'embellir un peu les bons côtés, d'accorder à Élie quelques circonstances favorables. Personnellement, je ne me plains pas de ce bon tempérament de l'auteur qui lui fait éviter d'écrire des romans trop sombres sur des sujets déjà difficiles. Il n'occulte pas les drames, il les laisse un peu à la marge, il ne s'appesantit pas.
    L'émotion n'est pas absente pour autant, au contraire, la grâce et la concision de l'écriture rendent le roman de plus en plus émouvant au fil des pages. Si vous avez aimé Kukum ou d'autres romans de Michel Jean, le parcours d'Élie et de ses compagnons du square Cabot ne devrait pas vous décevoir.

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    Couverture du livre « Tiohtiá:ke [Montréal] » de Michel Jean aux éditions Seuil

    Fanfan Do sur Tiohtiá:ke [Montréal] de Michel Jean

    Pour bien commencer 2024 il me fallait un bon livre. Avec celui-ci j'étais sur d'être emportée, dans une histoire certes douloureuse, mais profonde.

    Élie Mestenapeo a tué son père dans un accès de fureur. Un père alcoolique et violent. Par la justice des blancs, il a pris dix ans de prison....
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    Pour bien commencer 2024 il me fallait un bon livre. Avec celui-ci j'étais sur d'être emportée, dans une histoire certes douloureuse, mais profonde.

    Élie Mestenapeo a tué son père dans un accès de fureur. Un père alcoolique et violent. Par la justice des blancs, il a pris dix ans de prison. Mais la justice de son peuple est bien pire. Chez les Innus, pour un tel crime, c'est le bannissement à vie. Pas de rédemption, pas de pardon. Le jour de sa sortie de prison, il se retrouve seul au monde. Et moi ce que j'ai ressenti au moment de sa libération, c'est de la peur. Il m'a semblé que le monde était trop grand pour quelqu'un qui n'a plus personne, effrayant et bien plus dangereux que ce qu'il est pour tous ceux qui ne marchent pas seuls.

    Il part à Montréal, vivre la vie des SDF appelés itinérants au Québec, et va rencontrer beaucoup d'autochtones. La dureté de la vie, la faim, le très grand froid, tout cela sera son quotidien. Mais il rencontrera aussi l'amitié, qui, dans la rue, est aussi rare que précieuse.

    J'ai aimé ce que ça nous raconte, l'histoire des autochtones, spoliés par les Blancs. Cris, Atikamekw, Anishinabe, Innus, Inuit, Mikmaks, Mohawks, tous ces noms qui pour moi évoquent les grands espaces, la vie en harmonie avec la nature, sont ici l'écho de ce que l'homme blanc leur a fait. Voler leur terre, démanteler leur culture, disperser les familles, tenter de les effacer, envoyer les enfants dans des pensionnats tenus par des religieux pervers. Beaucoup d'autochtones en ont perdu le sens de leur existence, ont sombré dans l'alcool ou la drogue et parfois les deux, se sont souvent noyés dans ce monde de Blancs qui ne veut pas d'eux. C'est triste et révoltant. Michel Jean leur rend leur voix avec ce récit, basé sur une vie réelle, en nous montrant la terrible vérité de ce pays et le côté sombre de son Histoire.

    Au fil du roman, l'auteur nous raconte des existences, celles des personnes qu'Élie va croiser dans son errance au cœur de Tiohtiá:ke, les jumelles Inuit Mary et Tracy, Jimmy le Nakota, Geronimo le Cri, Mafia Doc ce drôle de personnage, "Caya" le Mohawk qui aime citer Vilain Pingouin qu'il connaît par cœur, Lisbeth, Kalina, Charlie, Lucien, Randy et tant d'autres. Beaucoup meurent dans l'indifférence du bon peuple. Des femmes disparaissent dans un silence total. Autant de vies auxquelles Michel Jean donne une consistance, une tribune, une réalité. Des personnages auxquels ont s'attache énormément.

    Mais ce roman ne raconte pas que la rue. Il nous parle de grands espaces, de coutumes ancestrales perdues, de pèlerinage mais aussi d'entraide car il faut bien un peu de joie et d'espoir dans une vie ! Il nous dit que parfois il y a une lumière au bout du tunnel, qu'il faut savoir saisir sa chance, que rien n'est jamais définitivement foutu, que les apparences peuvent être trompeuses, qu'il faut savoir accepter les mains tendues. Ce roman nous dit surtout qu'en dépit de toutes ses douleurs, la vie offre des vrais moments de bonheur.

    L'écriture de Michel Jean rend tout très vivant, très réel, et embarque le lecteur dès les premières lignes pour ne le lâcher qu'au mot Fin. C'est un plaisir infini que d'entrer dans une telle histoire. D'ailleurs, je l'ai lue d'une traite.
    Et encore merci à @vleel qui m'a fait gagner ce livre.

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    Couverture du livre « Tiohtiá:ke [Montréal] » de Michel Jean aux éditions Seuil

    Alexandra Olivier sur Tiohtiá:ke [Montréal] de Michel Jean

    Ne connaissant pas l'auteur, j'ai surtout au 1 er abord été attirée par la couverture.
    Ensuite en lisant le résumé, j'ai trouvé l'histoire plutôt sympa et différente de mes lectures habituelles.
    Dès les 1 ère pages j'ai été transporté dans l'histoire, avec ces différentes communautés...
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    Ne connaissant pas l'auteur, j'ai surtout au 1 er abord été attirée par la couverture.
    Ensuite en lisant le résumé, j'ai trouvé l'histoire plutôt sympa et différente de mes lectures habituelles.
    Dès les 1 ère pages j'ai été transporté dans l'histoire, avec ces différentes communautés appartenant aux états du Canada., laissées pour compte....
    Tous les personnages sont attachants, la vie de SDF est décrite, le froid, les abus, et le manque de civismes de nous autres qui passons tous les jours devant eux.
    Il faut retenir que malgré tout des personnes SDF souhaitent sans sortir, retrouve un travail..
    Très beau livre

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    Couverture du livre « Kukum » de Michel Jean aux éditions Depaysage

    Domi Mots sur Kukum de Michel Jean

    Un roman intimiste aussi doux que fort et percutant.

    1977 – Au bord du lac Pekuakami, ( le lac St Jean au nord est du Québec ).
    Une vielle dame se souvient et raconte. Un retour très lucide sur sa vie parmi la population innue.
    « Venir me réfugier au lac, comme ce matin, m’apaise, car...
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    Un roman intimiste aussi doux que fort et percutant.

    1977 – Au bord du lac Pekuakami, ( le lac St Jean au nord est du Québec ).
    Une vielle dame se souvient et raconte. Un retour très lucide sur sa vie parmi la population innue.
    « Venir me réfugier au lac, comme ce matin, m’apaise, car il me rappelle qui nous avons été et qui nous sommes toujours. Pekuakami : ta surface lisse se mêle à l’horizon, le soleil s’y mire comme dans une glace, et ce miroir me renvoie à tous mes souvenirs. »

    Une histoire vraie puisqu’il s’agit de l’arrière grand-mère (Kukum en langue innue), de l’auteur.
    Almanda, jeune orpheline, née en 1882, est élevée par les « blancs ». Amoureuse à 15 ans de Thomas, jeune innu, elle adopte alors leur culture et leur vie nomade. « J’arrivais d’un monde où l’on estimait que l’humain créé à l’image de Dieu trônait au sommet de la pyramide de vie. La nature offerte en cadeau devrait être domptée. Et voilà, que je me retrouvais dans un nouvel ordre des choses, où tous les êtres vivants étaient égaux et où l’homme n’était supérieur à aucun autre. »

    La première partie de ce beau roman est consacrée au rythme de cette vie de liberté. Chasseurs en hiver et nomades, vente des peaux en été aux blancs. Chacun y trouve son compte.
    La vie est rude, mais en parfaite harmonie avec la nature et les autres populations. Paradoxalement dans cette nature hostile, c’est un monde de douceur et de poésie. Et surtout de liberté.

    La seconde partie, à partir du chapitre « La nausée », relate l’exclusion progressive du peuple innu de son territoire. Car les colons blancs les ont dépossédés de leur territoire, donc de leurs moyens de subsistance, de leur langue, de leur culture.
    «Ils ne se contentent pas de couper les arbres, «(…), c’est toute la vie qu’ils détruisent, les oiseaux, les animaux, ils abattent l’esprit même de la forêt. Comment des hommes peuvent-ils se montrer aussi cruels ? »
    Sans leurs moyens de subsistance habituels, « les innus sont passés de l’autonomie à la dépendance »
    Une vie qui paraît confortable matériellement, mais qui est surtout violente et oppressante. A l’opposé de leur vie nomade, difficile mais paisible.

    La fracture entre les générations est particulièrement bien analysée et elle se rapporte aussi à toutes les populations migrantes ou exclues.
    « Mes enfants sont nés dans le bois. Mes petits-enfants ont grandi sur une réserve. Les premiers ont reçu leur éducation en territoire, les seconds en pensionnat. Les pères blancs leur interdisaient de parler l’innu-aimun et punissaient même ceux qui le faisaient. Et en revenant, les enfants s’exprimaient en français. Un autre pont a été coupé entre les générations. Ils ont pensé qu’en les dépossédant de leur langue, ils en feraient des Blancs. Mais un Innu qui parle français reste un Innu. Avec une blessure de plus. »

    J’ai beaucoup aimé le portrait d’Almanda, une femme au caractère volontaire, bienveillante et lucide.
    Ainsi que l’expression de la nature, un personnage à part entière. Bienveillante et hostile, capricieuse et généreuse. .
    La forêt, le climat et surtout l’élément de l’eau, avec le lac Pekuami et son affluent, la rivière Péribonka sont particulièrement bien décrits, tellement vivants que le lecteur partage le paysage et le voit vivre sous ses yeux.

    A l’opposé de nombreux récits sur les amérindiens, mièvres, voire niais et angéliques, celui-ci dégage une grande sobriété, ce qui fait sans doute toute sa force et sa densité.


    https://commelaplume.blogspot.com/