Membre du jury du Prix Orange du Livre 2021, la romancière vous recommande 10 lectures essentielles
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Après avoir lu et apprécié la lecture de "bleu Bacon" de Yannick Haenel, je voulais continuer ma découverte de la vie et des œuvres de Bacon.
J'ai donc lu et apprécié la lecture de ce nouveau texte de Maylis Besserie "la Nourrice de Francis Bacon". J'avais lu celui sur les derniers jours de Becket, "le tiers temps" et apprécié sa façon de nous narrer la vie et les œuvres de personnages célèbres.
Cette fois, c'est à travers Jessie Lightfoot qui fût la nourrice de Bacon lorsque le peintre était petit puis qu’elle a suivi adulte, qu'elle va nous raconter la vie de ce peintre.
Le texte alterne les souvenirs et impressions de cette femme modeste, intriguée, choquée mais en tout cas toujours indulgente face à son "enfant". Elle a été sa nourrice et a été le témoin des souffrances et maltraitances qu'il a subi. Les rapports violents avec son père, la quasi indifférence de sa mère, ses deux frères, son envol pour créer, les amitiés qu'il a eu, sa façon de vivre et de créer. Elle a toujours été proche de lui, puisque quand il est devenu adulte elle a vécu à ses côtés.
Il y a aussi les descriptions si justes de tableaux du peintre et là on retrouve des pages qui rappellent celles de Y Haenel.
J'ai apprécié les impressions, sentiments de cette modeste femme et sa façon de décrire son époque et les "extravagances" de son petit protégé, mais un regard toujours tendre, quasi maternel.
Une envie aussi de (re)voir les œuvres de ce peintre.
Et je vais lire le texte sur le poète Yeats, dont je ne connais ni la vie ni les textes.
Deux voix se répondent dans ce roman de Maylis Besserie. Celle de Jessie Lightfoot qui fût sa nourrice lorsque le peintre était petit puis qu’elle a suivi adulte. Et l’autre, la voix de Francis Bacon posée sur ses tableaux, qu’ainsi Maylis Besserie commente.
La fiction autour de la nourrice éclaire, renforce et permet de trouver des clefs de compréhension d’une œuvre qui reste difficile. Cette attention toute maternelle éclaire une personnalité blessée, repoussant ses limites, pour s’éprouver dans une violence recherchée. Même si le registre de langue que lui fait adopter Maylis Besserie perd quelquefois en crédibilité en voulant faire un peu trop “peuple”. Celui-ci permet des respirations salutaires tant la course du peintre vers sa destruction est à la hauteur de son désir de plaire.
Mais, ce sont les mots que posent Maylis Besserie sur les tableaux qui sont le plus remarquables !
Bien sûr, impossible de découvrir cet essai fiction d’une seule traite. Non seulement la description des sévices à l’enfant, mais aussi ceux que le peintre aimera retrouver à l’âge adulte, est une véritable épreuve. Mais, l’analyse des tableaux proposés, tablette disponible aux côtés, ne peut se faire de façon linéaire.
Il faut du temps pour que les mots trouvent leur chemin vers la nouvelle œuvre présentée et argumentée par la voix du peintre. De plus, l’importance ici est d’y confronter son propre ressenti. Alors, Il faut ingérer, digérer et éprouver. Dommage que la présentation des tableaux ne suive le fil chronologique du récit.
En tout cas, le travail de Maylis Besserie devient, me semble-t-il, un incontournable pour donner des clefs à cette œuvre, si particulière, illustrant de façon magistrale la meurtrissure d’une vie brûlée de tous côtés.
Suite de la chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/09/10/maylis-besserie-la-nourrice/
Samuel Beckett a bien existé, certes il a fini ses jours dans une maison de retraite nommée le Tiers-Temps, à Paris où il vivait exilé depuis un demi-siècle. Pourtant ce livre est un roman. Ce livre a consisté à faire de Beckett, à partir de faits réels et imaginaires, un personnage face à sa fin, semblable à eux qui peuplent son œuvre
Samuel Beckett est un résident qui est sur le déclin de sa vie.
[D’ailleurs, conformément aux règles de la physique, il est probable qu’à force de ralentir, je m’arrête].
Il joue avec ses souvenirs et son quotidien qui n’est rythmé à pas grand-chose.
Le premier livre de Maylis Besserie couronné d’un prix Goncourt du premier roman 2020, compose une histoire avec une belle écriture.
On y retrouve les pensées d’un vieil homme, de l’analyse d’une psychologue sur des entretiens individuels et des évaluations de l’autonomie par les aides-soignantes.
Le Tiers-Temps se veut un livre en trois parties où la santé d’un patient se dégrade.
Maintenir la vie, dans l'univers d'une maison de retraite, envers et contre tout avec une alimentation enrichie en protéines au goût vanille ou autre délectation artificielle, avec le kinésithérapeute pour maintenir l'équilibre et la vitalité restante, avec son lot de médocs pour soulager et soigner ce corps qui vieillit malgré leur bon usage. Lenteur de la lecture comme la vie de Samuel Beckett qui n'en finit pas de s'écouler lentement, de glisser doucement vers une fin inéluctable avec l'abandon des choses aimées : la maison qu'il faut vendre avec son mobilier qui a fait de moi ce que je suis, à savoir un écrivain lié à son bureau et à sa machine à écrire, et la voiture synonyme d'évasion. Garder en soi l'image du jardin et des saisons tant qu'on le peut encore, le souvenir des amis avant qu'ils s'effacent de la mémoire. Roman non autobiographique de Beckett.
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