Une sélection à haute valeur historique et humaine, 100 ans après la fin de la guerre 14-18
Une sélection à haute valeur historique et humaine, 100 ans après la fin de la guerre 14-18
Maurice Genevoix nous donne envie d'aller balader en forêt solognote Son livre nous fait ressentir la peur des animaux qui se terrent, effrayés par les chasseurs et le braconnier du coin. On y sent l'humus, les fougères, un livre qui est hymne à la nature, avec des personnages attachants, que ce soit Bourrel le gendarme ou Raboliot le braconnier. Quant à son écriture, quel plaisir !
L’entrée au Panthéon deMaurice Genevoix, ce grand amoureux de la lange française m’à donné l’envie de relire « Raboliot » ce roman qui fut prix Goncourt en 1925.
L’histoire de Raboliot s’appuie sur un descriptif détaillé d’une région : la Sologne.
C’est un amoureux de la nature qui nous parle, un premier écologiste, on pourrait dire !....
Quand il nous présente le contexte de l’histoire, M.Genevoix nous parle de l’automne, des arbres, des feuilles « il y avait dans l’air des tournoiements de feuilles lasses, détachées on ne savait de quels bouleaux, qui venaient se poser une à une dans le lit de la Sauvagere, s’éteindre au toucher de la boue » c’est toujours d’une grande délicatesse, d’un grande poésie. On découvre ainsi l’essentiel de la flore d’automne de cette région. Et que dire de la faune : Raboliot est un braconnier qui donc chasse la nuit ; à nous d’imaginer tous ces lapins, lièvres et faisants qu’il rencontre. Et puis il y a le beau-père de Raboliot qui est Taxidermiste, alors chez lui on découvre toute la faune qui peuple la région. Il faut dire que dans les années 1920, le petit gibier ne manquait pas . Les oiseaux étaient encore nombreux dans les talus et dans les haies aujourd’hui disparus. Ils avaient aussi de quoi se nourrir, les insectes étaient encore présents.
C’est aussi une époque où la campagne vivait : « ....elle resplendissait toute sous la lumière vespérale. Très loin .....quelques hommes se courbaient sur un champ, près d’une charrette attelée d’un cheval rouan.... » il y avait des hommes et des bêtes dans les champs. Il ne faut pas être nostalgique de cette période où les travaux paysans étaient très durs, mais quand même la technique ne fait pas tout !.....
Bien sur dans la campagne de cette période, tout Solognot est plus ou moins braconnier. Raboliot est sans doute le meilleur , le plus efficace ce qui crée bien entendu des jalousies. Il faut dire que chez lui cette chasse est une passion. On sent poindre le drame au fil des pages.
Maurice Genevoix oppose cette nature magnifique et accueillante à la sauvagerie des hommes.
Mais il n’omet pas de trouver chez les plus durs l’humanité qu’ils renferment . Ainsi quand il parle de la Souris, Raboliot se dit « on l’a trop battue .....il faut plaindre ce bout de monde, trop durci pour son âge, déjà incapable d’aimer
Raboliot lui, a échappé à la Grande Guerre, saura t il échapper à sa passion et au duel qu’elle va entraîner ?
Voilà un roman que l’on ne se lasse pas de relire, un livre qui fait du bien, car même si la nature soumise à l’homme n’y a rien gagné, la Sologne reste une belle région qui mérite le déplacement
Retrouver la plume de Maurice Genevoix, c’est tout simplement divin.
Ce livre a pour moi une valeur particulière j’y ai trouvé ma devise : « Se griser d’orgueilleuse solitude ».
Un beau roman d’apprentissage pour tout être vivant, peut-être encore plus pour l’humain qui se détache des valeurs essentielles pour aller vers le superficiel.
Les mots glissent, bruissent, éclairent, remplissent de tendresse et de cette clarté qui redonne la vue sur la nature.
Ainsi débuta la vie de Rroû : « Deux chatons seulement, un noir, un blanc, se blottissaient à présent contre elle.… Le noir sans un regard vers lui, s’avança davantage à l’extrême bord du nid abandonné. La toile lâche s’évasait, coulait dangereusement sous ses pattes : il les raidit, crispa ses petites griffes juste au moment où elle cédait. Tête en avant il bascula, dégringola, se retint, reprit sa glissade cramponnée, et se trouva piété sur l’immensité du plancher. »
Et puis en grandissant la vie nous apprend :
« Alors il oublie tout, le jeu, le soir léger, l’allégresse des poursuites galopantes. La sauvagerie pousse en lui son flot rouge. Il se rue, la gorge grondante, roule sous lui l’adversaire et mord à pleines mâchoires, en cherchant à blesser profond. »
« Elle hésite, elle s’allonge dans l’herbe, tandis que Rroû prolonge son implorante et voluptueuse chanson : Ne tremble plus. Reste. Je t’ai trouvée. »
La Charmeraie devient son paradis, mais les humains décident que les vacances sont finies. Expliquez cela, vous, à Rroû…
Maurice Genevoix déploie un style flamboyant étayé par un vocabulaire riche, d’une justesse et d’une poésie à nul autre pareil.
Nous suivons au fil des saisons, la découverte de la vie par ce chat noir, qui par sa vitalité, son audace, son courage, nous donne une belle leçon à méditer.
Je n’ai jamais lu de plus bel hommage à nos compagnons félins que nous devons respecter.
Que d’amour et de grâce dans ces pages !
©Chantal Lafon – Litteratum Amor 4 janvier 2019.
Un livre remarquable, un témoignage poignant. À lire.
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