Au cœur des questions de société contemporaines, un suspense haletant porté par une écriture au scalpel
Au cœur des questions de société contemporaines, un suspense haletant porté par une écriture au scalpel
Le 25 juin 2020, à la Cour d’assises de Rennes, Mathilde Collignon, accusée d’un crime de vengeance, attend son verdict. L’histoire alterne entre narrateur interne et omniscient. Parfois, l’accusée se confie à son carnet. Parfois, le narrateur déambule dans les pensées de chacun. Il capture l’angoisse des délibérations, saisit la divergence des opinions.
Pourtant, si le suspense est prenant, que les pages se tournent avec empressement, le dernier dialogue laisse sans voix. Il transforme ce livre en un ouvrage déstabilisant, voire contradictoire.
Il est parfois compliqué de parler d’un texte sans en dévoiler la fin, ainsi, lisez-le ! Faites-vous votre propre avis. Quoi qu’il advienne, vous ne serez pas déçu. C’est un très bon livre. Même si la fin intrigue, elle pourra vous ravir ou vous surprendre. Qui n’aime pas parfois être bousculé dans ses lectures ?!
@lecturesauhasard
" Disparaître" est un conte moderne racinien.
Racinien puisque l'Amour et la mort y sont entremêlés. Le prénom Ariane n'est pas fortuit " Ariane ma sœur de quelle amour blessée vous mourûtes au bord au vous fûtes laissée'
Moderne puisqu'il aborde le burn-out, l'e-réputation et la possibilité de Disparaître dans un monde régi par les réseaux sociaux.
L'écrivaine sénégalaise Diary Sow en a fourni l'exemple en janvier 2021.
Le Style Menegaux c'est cette façon de "trop-penser" en dissèquant les tenants et aboutissants de chaque action, cette conscience morale omniprésente "L'oeil est ouvert et semble fixer Étienne .Pas de répit pour Caïn"' , ce Sur-moi tyrannique qui peut qualifier de " monstre" un homme parfaitement normal.
Puisque la Perfection n'appartient qu'à Dieu, on peut souligner quelques invraisemblences.
Deux êtres habitués aux pressions constantes qui n'ont pas la force de caractère de se relever et la minutie d'Etienne à supprimer les traces de sa e-réputation alors qu'il devrait être en proie à la confusion mentale.
A la cour d'assises de Rennes, Mathilde Collignon, jugée pour mutilation infligée à ses violeurs, attend le verdict des délibérés et sa sentence. Au nom des femmes, elle dénonce des crimes peu reconnus et malheureusement trop souvent impunis... Mais pour autant, peut-on délibérément se faire justice soi-même ?
C'est un roman immersif dans les coulisses d'un palais de justice que nous propose l'auteur. Réaliste sans en faire des tonnes, je me suis fait une idée plus précise du déroulement d'un procès.
Les jurés ici rassemblent les éléments qui leur ont été présentés, en discutent, entament des débats, se jaugent, s'invectivent. On assiste à une polémique sociale, à une guerre des sexes. Sans minimiser la souffrance de Mathilde, son absence de remords rend mal à l'aise. Il est question ici de vengeance, d'équité. C'est bien amené, évidemment juste et pertinent.
On se laisse prendre au jeu du ping-pong et de ses multiples hésitations. Difficile ici d'infirmer ou d'affirmer et pourtant, tous devront se prononcer. Et j'avoue ne pas avoir vu venir la fin manipulatrice, qui m'a littéralement soufflée.
Après le mouvement "me too", ce roman libère la parole et provoque une onde de choc perturbatrice et insubmersible !
Mathieu Menegaux " Est-ce ainsi que les hommes jugent?"
" C'était aller contre l'époque que vouloir soutenir que tout ne se résume pas en un hashtag"
C'était un peu le Rose Bud de Citizen Kane.
Est-ce ainsi que les hommes jugent ?
Dans les années 1990, les commerçants refusaient de vendre leur pain à la femme d'un criminel.
En 2020, les infox et les rumeurs se répandent comme une traînée de poudre devenant Vérité.
" Il ne faut pas confondre la vérité avec l'opinion de la majorité " Jean Cocteau
La légitime dénonciation glisse vers la délation annihiliant parfois des vies et des réputations.
A l'ubuesque interrogatoire policier " où étiez-vous ce samedi il y a 3ans?" se succèdent les convictions.
" Moins on a de connaissances plus on a de convictions " Boris Cyrulnik
Outre critiquer le Tribunal populaire et le cyber-harcélement, Mathieu Menegaux fustige assurément l'hypocrisie et le lynchage des médias.
Le journaliste n'est plus une sorte de Roger Auque indépendant prêt à mourir pour la VERITE mais un gratte-papier avide de sensationnalisme et de buzz.
" Un défilé d'hypocrites se pressera sur les plateaux pour affirmer pêle-mêle que la télévision était allée trop loin"
Un roman nécessaire sur les -trop- nombreux dysfonctionnements de la société française.
Cathy Covarelli
Autrice de " Fragments dakarois "
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