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Mathias Enard

Mathias Enard
Né en 1972, Mathias Enard a étudié le persan et l'arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone. Il a publié quatre romans chez Actes Sud : La Perfection du tir (2003, Prix des cinq continents de la francophonie ; Babel n° 903), Remonter l'Orénoque (2005), Zone (2008 ; Babel ... Voir plus
Né en 1972, Mathias Enard a étudié le persan et l'arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone. Il a publié quatre romans chez Actes Sud : La Perfection du tir (2003, Prix des cinq continents de la francophonie ; Babel n° 903), Remonter l'Orénoque (2005), Zone (2008 ; Babel n° 1020) et Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants (2010 ; Prix Goncourt des Lycéens). Ainsi que Bréviaire des artificiers (Verticales, 2007) et L'Alcool et la nostalgie (Inculte, 2011).

Articles en lien avec Mathias Enard (1)

Avis sur cet auteur (90)

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    Couverture du livre « Déserter » de Mathias Enard aux éditions Actes Sud

    Dominique Jouanne sur Déserter de Mathias Enard

    Avec sa virtuosité des mots, l’écrivain érudit met en scène un mathématicien fictif de grande renommée et un déserteur anonyme pour faire résonner ce que la guerre en Europe a été et les traces qu’elle a laissées au fin fond des âmes sans se cicatriser et qui nous poursuit dans la réflexion de...
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    Avec sa virtuosité des mots, l’écrivain érudit met en scène un mathématicien fictif de grande renommée et un déserteur anonyme pour faire résonner ce que la guerre en Europe a été et les traces qu’elle a laissées au fin fond des âmes sans se cicatriser et qui nous poursuit dans la réflexion de l’Histoire et son terrible retour à une des portes de nos frontières.

    Irina, une historienne des mathématiques septuagénaire se rappelle la vie de ses parents par bribes et va découvrir des pans de leurs existences qui lui avaient été cachés. Dossiers déchiquetés reconstitués, entretiens, lettres, écrits, souvenirs, poésies et voyages vont reconstituer le rideau opaque d’un passé qui lui était alors inconnu.

    Elle se rappelle ce colloque de mathématiques en hommage à son père, organisé sur un petit bateau accosté sur une rive de la Havel près de Berlin, prévu pour le 11 septembre 2001 et qui n’a pas pu se tenir dû à l’attentat de New-York qui a retenu l’attention du monde entier les yeux rivés sur des écrans de télévision et fit régner la stupeur mais aussi la panique d’un professeur américain à bord dont la fille travaillait dans les tours à une époque où on croyait à la paix. Une paix aussi aléatoire qu'une équation...

    Les participants finiront par parler ensemble et ainsi de fil en aiguille Irina apprendra beaucoup de choses sur son père, célèbre mathématicien est-allemand fervent communiste et rescapé des camps de Gurs (en France) et ensuite de Buchenwald et très amoureux de son épouse, Maja Sharnhorst, une femme politique de l’Allemagne de l’Ouest qui décédera peu de temps après le colloque.

    Irina apprendra le rôle de sa mère et la relation qu’elle a eu avec son père entre l’Allemagne de l’Est et celle de l’Ouest, d’une époque murée à celle de la réunification.
    Mathias Enard avec maestria sait mettre le poids étouffant des secrets et fardeaux en suspend en retraçant la grande histoire de deux dictatures qui se firent face et ses conséquences tout en nous faisant voyager dans l’histoire des mathématiques au parfum oriental, de Tusi aux quatrains de Khayyam si appréciés par Goethe.

    En contrepoint, Mathias Enard met en scène un jeune paysan, une brute illettrée, habité par un patriotisme de propagande, parti au front dans une guerre qui n’a ni date ni lieu sinon qu’elle est actuelle avec des zones sans réseau téléphonique et des paysages méditerranéens sublimes où le sang, la boue, la barbarie, la frayeur, et la folie font résonner toutes les guerres et celle d’Ukraine à laquelle on ne peut éviter de penser.
    L’écriture est sublime alors qu’il investit ce jeune combattant qui raconte la violence subie et qu’il a fait subir avant de prendre la décision de déserter.
    « La guerre il voudrait se l’arracher comme une croûte morte ».
    Dans sa fuite, il rencontrera une jeune fille en fuite elle aussi, avec un âne, les cheveux rasés et violée par des bougres sanguinaires.
    L’art du non-dit et des silences sont d’une puissance remarquable pour aller chercher au tréfonds de l’horreur ce qu’il y a d’humanité pour continuer à vivre et à aimer coûte que coûte.

    J’ai retrouvé des émanations de ‘Boussole’, de ‘La perfection du tir’, de ‘Zone’, avec leurs parfums d’Orient et de Méditerranée qui irriguent le livre à travers la géographie et l’Histoire que l’auteur sait si magistralement bien dépeindre et raconter mais j’ai aussi eu le plaisir de lire ses poèmes et ses lettres d’amour d’une qualité de premier ordre me rappelant que Mathias Enard n’est pas seulement un romancier hors pair mais aussi un grand poète. (Lire son recueil de poèmes: ‘Dernière communication à la société proustienne de Barcelone’).

    ‘Déserter’, c’est le fracas du monde dans des bruits étouffés suspendus au bout d’une plume curieuse, sensible, puissante et virtuose.

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    Couverture du livre « Déserter » de Mathias Enard aux éditions Actes Sud

    Catherine Giry-Deloison sur Déserter de Mathias Enard

    Virtuose de l'écriture à l'érudition immense, Mathias Énard a construit une œuvre singulière depuis maintenant vingt ans.
    Mais cette fois-ci sa maestria n'a pas fonctionné sur moi.
    Deux récits évoluent en parallèle sans jamais se rencontrer si bien que le parti pris de l'auteur m'a...
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    Virtuose de l'écriture à l'érudition immense, Mathias Énard a construit une œuvre singulière depuis maintenant vingt ans.
    Mais cette fois-ci sa maestria n'a pas fonctionné sur moi.
    Deux récits évoluent en parallèle sans jamais se rencontrer si bien que le parti pris de l'auteur m'a déconcertée. Je pense en effet que chacun d'entre eux aurait pu faire l'objet d'un traitement indépendant.
    Errant dans un maquis méditerranéen, un homme fuit la guerre en implorant Dieu pour qu'il le protège. Il croise la route d'une femme et de son âne, animal hautement symbolique par le message messianique qu'il véhicule.
    Portée par des envolées lyriques pour évoquer la violence et la nature protectrice, la narration, longue mélopée plaintive et menaçante, est quasiment dépourvue de points.
    Le 11 septembre 2001, sur un bateau de croisière non loin de Berlin, un colloque rend hommage à Paul Heudeber, mathématicien de génie allemand qui fut déporté à Buchenwald. Vingt ans plus tard, la fille du chercheur se souvient de ce jour funeste pour le monde. Elle retourne aussi sur le parcours de ses parents vivant chacun des deux côtés du rideau de fer, Maja la mère à l'ouest et Paul le père à l'est.
    Ce voyage dans le temps, soulignant combien les hommes sont victimes d'une Histoire écrite par d'autres, n'est pas toujours aisé à suivre.
    Bref, je suis déçue de ne pas être parvenue à entrer dans ce roman.

    http://papivore.net/litterature-francophone/critique-deserter-mathias-enard-actes-sud/

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    Couverture du livre « Déserter » de Mathias Enard aux éditions Actes Sud

    Pascal TOURRES sur Déserter de Mathias Enard

    Un texte qui tresse des histoires dans l’Histoire (avec sa grande H). Deux axes / trames alternent :
    • un homme, guerrier qui n’hésite pas à tuer, manifestement déserteur, rencontre une femme et son âne. C’est avec un style « enrichi » qu’Enard développe cette rencontre et une partie des...
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    Un texte qui tresse des histoires dans l’Histoire (avec sa grande H). Deux axes / trames alternent :
    • un homme, guerrier qui n’hésite pas à tuer, manifestement déserteur, rencontre une femme et son âne. C’est avec un style « enrichi » qu’Enard développe cette rencontre et une partie des histoires personnelles dans un univers de guerre. L’âne va être un personnage à part entière protégeant la femme ; ce qui lui vaut d’ailleurs sa photo sur la couverture (!) ;
    • un colloque en la mémoire du mathématicien allemand Paul Heudeber – mathématicien – poète – communiste de conviction, qui se tient le 11 septembre 2001. Le style est plus classique en laissant la plume particulièrement à la fille de Paul et à des reprises de textes ou de lettres de Paul. Si on retrouve ainsi les guerres du XX ème : la seconde guerre mondiale avec les persécutions nazies, la guerre froide et la volonté de Paul de rester en Allemagne de l’Est, c’est aussi la guerre des attentats et des guerres à venir qui sont présentent : le colloque sera interrompu et clôturé après les chutes des tours et la sidération qu’elles provoquent.

    Enard développe, au long de ces pages étranges pour le lecteur qui (peut) se demande(r) : pourquoi ; pourquoi deux histoires dans une, et qui ne se rejoignent pas directement ? … et c’est progressivement qu’on comprend que c’est de cela dont il s’agit : des histoires (avec leurs lots de passions, convictions, trahisons, amour, solidarité, …) dans l’Histoire, des guerres dans la Guerre omniprésente avec son lot de brutalité, de bestialité, de morts.

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    Couverture du livre « Déserter » de Mathias Enard aux éditions Actes Sud

    Passemoilelivre sur Déserter de Mathias Enard

    Deux histoires en parallèle nourrissent cette narration. Seront-elles vraiment parallèles jusqu'au bout ? L'une des deux évoque un soldat déserteur errant à la recherche d'une planque, d'où vient t'il ? Quelle armée a t'il fuit, pourquoi et en quelle année? Aucun élément ne permet de répondre à...
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    Deux histoires en parallèle nourrissent cette narration. Seront-elles vraiment parallèles jusqu'au bout ? L'une des deux évoque un soldat déserteur errant à la recherche d'une planque, d'où vient t'il ? Quelle armée a t'il fuit, pourquoi et en quelle année? Aucun élément ne permet de répondre à ces questions. L'autre, raconte la rencontre d'amis du mathématicien Paul Heudeber le 11 septembre 2001 pour lui rendre hommage et chaque épisode est daté et localisé précisément. Dans des contextes très différents, la même magie dramatique et romanesque produite par une grande économie de mots, mais une grande force évocatrice saisit le lecteur. Amour, fidélité, trahison, espoir, survie, conjectures se déploient tous au long des deux récits. Un très grand roman à déguster.