Un découvreur de talents, aux méthodes insolites
Un découvreur de talents, aux méthodes insolites
Pour célébrer ses 20 ans, France 5 a lancé un sondage en ligne demandant "quel est le livre qui a changé votre vie ?".A cette question, plus de 6000 internautes ont répondu. Le palmarès a été révélé le 11 décembre 2014 par François Busnel lors de son émission littéraire "La Grande Librairie".
Voilà un objectif que je m’étais fixée dans ma vie de lectrice : un jour, je lirai Marcel Proust.
Il fait partie des auteurs cultes dont on parle avec admiration pour son œuvre colossale et son style soigné ou au contraire avec un ennui total pour ses histoires de bourgeois.
Du côté de chez Swann, première partie d’À la recherche du temps perdu, m’attendait depuis quelque temps dans ma PAL et je me suis dit qu’il était enfin temps pour moi de savoir si j’allais rejoindre la cohorte d’admirateurs de Proust ou de ses détracteurs.
Ce livre se divise en trois parties : Cambray, Un amour de Swann et Nom de pays : le nom.
Nous voilà partis avec le narrateur dans une exploration de la mémoire et de ses souvenirs de jeunesse, liés à la bourgeoisie du début du vingtième siècle.
Et ces trois parties ont recelé des plaisirs de lectures plutôt différents.
J’ai vu la première partie comme une sorte de montagne à gravir : de nombreuses descriptions de Combray, des terreurs qui saisissaient le narrateur quand il devait se coucher, enfant, sans un baiser de sa mère. Le rythme était lent, mais la beauté de la plume incontestable. Les images, les souvenirs convoqués m’ ont donné envie de continuer ma lecture.
La seconde partie est sans aucune hésitation ma préférée. Elle raconte la naissance de l’amour de Swann, un voisin du narrateur, pour une demie mondaine, une femme qu’il ne trouvait pas à son goût mais pour laquelle il va développer un fort sentiment amoureux. Les évolutions de cet état amoureux sont magnifiquement décrits.
Enfin, la troisième partie relate les
relations nouées entre la fille de Swann et notre narrateur lors de leurs jeux d’enfants. J’avoue que cette partie m’a ennuyée.
Au final, je suis contente de cette lecture, d’autant plus que de ce que j’ai pu en lire, ce livre n’est pas le préféré des lecteurs de Proust ce qui me donne à penser qu’il faut que je continue cette découverte pour vérifier si je fais bien partie de celles et ceux tombés sous le charme de Proust.
Marcel Proust nous laisse un témoignage détaillé de son existence dorée au sein d’une société bourgeoise dont il nous dresse un tableau complet en remontant dans les souvenirs qui ont bercé son enfance heureuse, auprès d’une famille bienveillante, entre Combray et Paris. M. et Mme Charles Swann et Gilberte, leur fille, sont la colonne vertébrale de cette histoire romanesque qui nous entraîne tantôt dans la campagne verdoyante de la petite commune d’Eure-et-Loir, tantôt dans les salons bourgeois parisiens où M. Swann mène la grande vie et s’éprend d’Odette de Crécy, sa future épouse.
L’ode à l’amour, omniprésente dans la prose de l’écrivain poète, est magnifiquement sublimée et mise en valeur au fil des pages. A l’instar d’un musicien, il compose un véritable hymne, orchestrant une symphonie musicale de phrases dont chaque mot retentit joyeusement à nos oreilles… En fait, je pense avoir saisi le merveilleux message qui se cache derrière l’épais nuage de sa partition et je me sens prête à reprendre la lecture de l’œuvre immense de ce talentueux romancier !
Comme un pivot, ce 4eme tome est au centre des 7 volumes de « A la Recherche du temps perdu ».
J’y ai retrouvé le narrateur laissé au 3eme tome, dans la cour à attendre le duc et la duchesse de Guermantes et qui va surprendre M. de Charlus en compagnie du giletier Jupien, entrant ensemble dans la boutique du tailleur. Rongé par la curiosité, le narrateur va les épier. Il ne les verra pas mais entendra par une lucarne entrouverte des ébats aux cris de souffrance et de jouissance. Le narrateur découvre qu’un homme peut avoir une relation amoureuse avec un autre homme et comprend l’attitude et les humeurs du baron Charlus rencontré dans « Le côté de Guermantes ».
Dès le 1er chapitre, j’ai été étonnée par le coup de gueule écrit par Proust sorti d’un coup de la chrysalide du narrateur.
J’ai été surprise par la diatribe lancée avec force à l’encontre des gens intolérants qui se permettent de critiquer d’autres personnes qui ne vivent pas dans le cadre des normes attendues par une société conventionnelle tels les homosexuels mais aussi les juifs.
Puis, et ce ne peut être le narrateur mais Proust lui-même qui, sur plusieurs pages, lance un virulent plaidoyer concernant le droit d’être homosexuel.
Il va aussi expliquer le point de vue de l’homosexuel, comment il découvre son goût pour ceux du même sexe, le plaisir de cela et la vie à laquelle il (ou elle) est confronté et contraint dans son quotidien en société. Ce sont des pages d’un texte absolument contemporain qui a dû être choquant à l’époque bien que déjà dans les années 20, l’homosexualité commençait à trouver sa place sans s’en cacher.
Puis, Proust revient dans la peau du narrateur tel qu’on le connait, évoluant dans le monde de la haute bourgeoisie à épier, observer, analyser la nature humaine et qui correspond in fine à tout groupement de personnes de nos entourages quelle que soit notre classe sociale.
C’est probablement ce qui fait le succès et la pérennité de ce roman fleuve : nous raconter…
Dans cet opus, Proust réunit tous les personnages rencontrés auparavant avec un retour à Balbec et sa région normande. Le narrateur est amoureux d’Albertine et cette histoire d’amour universelle raconte très bien les tourments que connait toute personne amoureuse dont la jalousie car cette Albertine semblerait aimer les femmes ce qui perturbe beaucoup notre héros devenu jeune adulte affirmé avec des opinions personnelles très assurées.
Les propos tenus sur la mort de sa grand-mère qu’il chérissait tant, ses amitiés, les manigances entre les uns et les autres, ses insomnies, l’analyse de ses rêves, la douleur des deuils, son opinion tranchée pour Dreyfus quand alors la France à majorité antisémite est divisée sur le sujet qui crée de la discorde dans le pays, son témoignage de l’environnement qui connait le progrès des transports et des sanitaires, tout cela en fait un roman que j’ai lu avec grande aisance et beaucoup de plaisir.
Le livre de poche a de nombreuses annotations enrichissantes, une analyse de texte en fin de volume ainsi qu’une préface signée Françoise Leriche qui apportent un complément « d’enquête » sur le pourquoi et le comment de cette œuvre qui reste une référence mondiale en traversant les siècles.
Sans pour autant y être indifférente, je laisse l’analyse de l’œuvre aux proustiens et m’abstiendrai de faire couler une encre qui serait inutile et bien superflue.
Je me contenterai de dire que j’aime beaucoup lire Proust et que je dois aller acheter « La prisonnière » pour connaitre la suite de ce tome 4 qui me laisse sur ma faim...
J’ai découvert que M. Bernard de FALLOIS les avait caché pendant plus de 50 ans et que c’est suite à son décès que le public peut enfin les lire.
J’ai aimé découvrir que ces fameux feuillets sont en fait au nombre de 76, que certains sont vierges et d’autres écrits au verso également. Ce qui porte leur nombre à 86 au total.
Les autres manuscrits inédits publiés avec la présente édition m’ont moins intéressés.
A la lecture des textes et de la notice de Nathalie Mauriac-Dyer, j’ai pris conscience de tout le travail d’écriture de Proust, notamment concernant les personnages comme Swann qui sont en fait des amalgames de plusieurs connaissances de l’auteur. Ainsi, suivant le manuscrit, l’oncle de départ devient le grand-père dans certaine scène du texte final.
Et même si je n’ai pas tout retenu du travail d’exégèse contenu dans les notes finales, j’ai agréablement retrouvé ce temps si particulier de La Recherche.
Quelques citations :
…. l’inutilité de ces voyages, dont leur nom éveillait en moi un désir insensé, il me semble que cette avenue doit contenir réellement quelque chose d’analogue à ce dont j’ai tant rêver. (p.63, feuillet 39)
Car il est vraiment des choses qui ne doivent point nous être montrées. Et à voir que toute ma vie s’épuise à essayer de voir ces choses, je pense que là est peut-être le secret caché de la vie. (idem)
L’image que je retiendrai :
Celle des aubépines très présentes. D’une façon générale, cette lecture a mis en lumière la présence des fleurs dans l’Oeuvre.
https://alexmotamots.fr/les-soixante-quinze-feuillets-marcel-proust/
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