Nuit du 17 mai 2018.Une camionnette remplie de migrants roule sur une autoroute belge. Objectif: passer en Grande-Bretagne. La police locale la prend en chasse et parvient à l'intercepter sur une aire de repos. A la sortie du véhicule, Phrast tient sa fille, Mawda, ensanglantée, dans ses bras. Elle sera déclarée morte dans les minutes qui suivent.
Que s'est-il passé ? Les policiers ont-ils tiré sur la camionnette ? Mawda a-t-elle servi de bélier pour casser la vitre arrière ? Les rumeurs et les réactions racistes vont bon train le lendemain du drame. Manu Scordia nous retrace les événements avec précision et souci du détail. Aidé des rapports de police et d'une enquête journalistique poussée, il tente de répondre aux questions en nous menant au procès qui a eu lieu en novembre 2020.
Il retrace aussi le parcours de la famille de Mawda, du Kurdistan irakien à la Belgique. Avec un noir et blanc semi réaliste, froid et dur, Manu Scordia impose un style journalistique engagé qui m'a marqué. Il est impossible de ne pas se sentir concerné par le destin de cette petite fille et de sa famille. Et il est glaçant de constater que la recherche de la vérité est difficile face à l'appareil judiciaire et policier.
Autopsie d'un crime d'état, le sous-titre est explicite. Avec cet album, Manu Scordia ne se contente pas de rendre justice à Mawda et sa famille, il nous montre aussi le pouvoir de la BD en tant qu'outil journalistique, pour dénoncer, questionner.
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