Louise-Elisabeth Vigee Le Brun

Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842) commença sa carrière à quinze ans, vers 1770. Portraitiste magnifiquement douée, elle fut contrainte à l'exil pendant la Révolution française. Elle voyagea alors dans tous les pays d'Europe et peignit, comme elle en eut toujours le goût, des femmes dont elle su... Voir plus

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Couverture du livre « Souvenirs, 1755-1842 » de Louise-Elisabeth Vigee Le Brun aux éditions Honore Champion

Laurent Lebourg de CAJELICE sur Souvenirs, 1755-1842 de Louise-Elisabeth Vigee Le Brun

Il est difficile de feuilleter un livre des éditions Honoré Champion sans un certain respect. Avec ses couvertures sobres et élégantes cette auguste maison transmet les meilleures oeuvres de notre patrimoine littéraire depuis trois siècles. Elle vient de publier, à l'occasion de l'exposition Vigée Le Brun au Grand Palais, les souvenirs de la grande artiste peintre.
C'est avec une agréable surprise que l'on découvre cette autobiographie vivante et sincère où l'auteur sollicité par une amie relate sa brillante carrière française et européenne. Sa vie d'artiste s'est beaucoup jouée des caprices du destin. En fuyant la violence révolutionnaire qui emporta tant de ses amis, Elisabeth Vigée Le Brun sauva sa vie mais accomplit sans l'avoir prémédité l'équivalent d'un Grand Tour. Nul doute que la visite des ruines de Tivoli lui permit de méditer sur la ruine des civilisations. L'artiste put également confronter son talent à celui de grand maîtres italiens comme le Tintoret à Venise. Ces mémoires dévoilent en filigrane tout l'art et la douceur de vivre de l'Ancien Régime. Mondaine fort cultivée, Elisabeth Vigée Le Brun a croisé énormément de personnalités comme Voltaire, David, Beaumarchais ou le très européen prince de Ligne. Si ses toiles ont établi sa renommée artistique, elle n'a pas à rougir de ses portraits littéraires où l'on décèle une petite touche de vitriol dont elle a le secret.
Voici donc un ouvrage essentiel au croisement de l'art, l'histoire et la littérature. Ajoutons que le récit des pérégrinations de l'auteur est particulièrement bien éclairé par les savantes annotations de Geneviève Haroche-Bouzinac. Inutile de vous dire que sans son aide providentielle, le lecteur passerait à côté d'une grande partie du texte.