Parfois, il est juste impossible de parler d’une lecture. Parfois, les mots de l’auteur sont si beaux, si forts, si poignants, que l’on se sent illégitime à en dire quoi que ce soit, de peur de ne pas être à la hauteur du texte qu’il nous a offert. Et en refermant « Terasses », je me sens...
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Parfois, il est juste impossible de parler d’une lecture. Parfois, les mots de l’auteur sont si beaux, si forts, si poignants, que l’on se sent illégitime à en dire quoi que ce soit, de peur de ne pas être à la hauteur du texte qu’il nous a offert. Et en refermant « Terasses », je me sens muette, le cœur serré dans un étau, les yeux bordés de larmes, emplie de reconnaissance et de gratitude pour Laurent, Gaudé qui avec ce texte m’a à la fois éblouie et émue.
Ce roman, c’est mon libraire qui me l’a mis en main et c’est son émotion qui m’a convaincue, même si je savais que cette lecture serait éprouvante. Alors, à votre tour, faites-moi confiance et succombez à ces pages. Selon moi le plus bel hommage jamais écrit à tous ces anonymes, qui ont vu leur vie à jamais, dévastée en ce triste vendredi 13 novembre 2015.
Ceux qui nous parlent, ce sont eux. Amoureux, passants, sœurs ou mères, riverains, patrons de bistrots ou père de famille, tous ceux qui auraient pu être nous. Eux, commissaire ou simples policiers, médecin ou infirmière, jeunes pompiers ou agent de nettoyage. Ceux dont « l’uniforme les débarrasse de ce qu’ils sont, qui efface leur jeunesse, leurs hésitations et leurs peurs mêmes » mais qui ce soir là vivront panique ou effroi . Vivants ou morts, blessés ou indemnes, ce sont eux qui prennent la parole dans ce chant polyphonique, déchirant et sublime. Eux dont on a vu les photos, dont on a gardé en mémoire les sourires, eux, qui en cette douce soirée d’automne voulaient célébrer la vie et avec qui le dieu du Hasard a joué à la roulette.
Eux dont la voix que l’auteur leur donne longtemps résonnera dans mon cœur, dans un écho funeste et une douce lumière.
C’est triste, c’est bouleversant, mais c’est éblouissant de beauté. C’est au delà des mots et je ne citerai que cette phrase du livre:
« Nous serons tristes longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés »
Alors encore une fois, n’hésitez pas une seconde, n’ayez crainte. Lisez ce livre, en leur mémoire à eux