Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
M. Kyle Harper nous livre dans « Comment l’Empire romain s’est effondré » un point de vue encore trop peu connu et pourtant très actuel : à savoir celui de la prise en compte du rôle du climat et des maladies dans la chute de l’Empire.
En effet, les changements climatiques et les maladies ont joué un rôle crucial dans l'effondrement de l'Empire romain (bien que ce ne soient pas les seules causes). M. Harper nous apprend que les historiens estiment que l'Empire romain a subi d’importantes modifications climatiques, notamment avec ce qu’il nomme l’optimum climatique romain, qui correspond à l’apogée de l’Empire, et qui se caractérise par des conditions très favorables à des hauts niveaux de production agricole. Lorsqu’il prend fin, les changements climatiques entraînent des récoltes moins abondantes, augmentant ainsi (entre autres) la famine et la malnutrition. Ce qui engendre ainsi d’importantes problématiques sociales et économiques, qui impactent à leur tour la gestion de l’Empire. Et, accessoirement, cela rend possiblement les populations plus vulnérables aux maladies. L'Empire romain a connu plusieurs épidémies majeures qui ont eu des impacts dévastateurs. Par exemple, la peste antonine (165-180 après J.-C.) et la peste de Cyprien (249-262 après J.-C.) ont tué des millions de personnes, ce qui a gravement affaibli l'empire. M. Harper nous explique bien comment l'expansion de l'Empire a facilité la propagation de ces nouvelles maladies, les Romains et leurs routes commerciales favorisant évidemment les contacts entre de nouvelles populations et de nouveaux environnements.
Cela dit, il est nécessaire de ne pas être réducteur (et M. Harper ne l’est pas) et de comprendre à quel point ces facteurs sont complexes et interconnectés. Les changements climatiques peuvent avoir exacerbé les épidémies de maladies, tout comme les épidémies de maladies peuvent avoir rendu l'empire plus vulnérable à d'autres menaces, du fait notamment de chutes démographiques spectaculaires. Climat et maladies ne sont qu'une partie de l'explication de l'effondrement de l'Empire romain. Il ne faut certainement pas négliger les explications politiques, ou encore les problèmes économiques et les tensions sociales. Mais comme le dit M. Harper dans sa conclusion, « que l’environnement ait joué un tel rôle dans ce qui a fait et défait l’histoire de l’une des civilisations les plus remarquables doit être une source d’inspiration ». Et, ce qui le fascine, et qui avait déjà suscité l’étonnement de Gibbon, n’est pas tant la chute de l’Empire, mais plutôt le fait qu’il ait duré si longtemps, tant il était en « équilibre instable entre fragilité et résilience ». A méditer.
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