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Claude (décédé depuis peu) et Isabella Simart-Duteil font partie des nantis de la grande bourgeoisie française.
Leurs enfants, Paul (l’ainé, le loser, l’homosexuel, rejeté à dix-huit ans par sa propre mère, ignoré par son propre père, méprisé par ses frère et soeur …) Samuel (celui à qui tout réussit, le médecin en chirurgie plastique et le beau gosse …) et Clothilde (la fille parfaite, fière de son mari et de ses trois enfants …) se retrouvent régulièrement dans la (coûteuse) propriété de Yerville, fief de la « matriarche » (qui commence à perdre la boule à soixante-dix ans …)
Et quand Paul trouve (en triant les vieux papiers de son défunt père) une photographie de l’irréprochable Claude, en compagnie d’un bébé et d’une femme inconnue, datée de 1988 à Damas, il exulte ! Son père, si formidable aurait-il eu une double vie ? … Ce qui pourrait du coup expliquer ses réguliers déplacements entre le Liban et la Syrie … Il a bien l’intention de se venger de cette famille « si parfaite », avec cette bombe à retardement ! Et d’en profiter pour se donner le beau rôle !
Un roman caustique, une famille déjantée, devenue paranoïaque avec la découverte plutôt embarrassante de ce demi-frère syrien (l’année 2015 se termine enfin, avec les terribles évènements que nous avons connus durant ces mois maudits …) Jusqu’au basculement final qui n’est pas sans rappeler les reclus de Monflanquin, ces aristocrates qui firent la Une des journaux au début des années 2000 …
Un roman à la fois drôle et touchant, une écriture sans filtre, parfois crue. Bref, un fort bon moment de détente littéraire !
La famille bourgeoise des Simart-Duteil se replie complètement sur elle même en se barricadant dans sa maison de Normandie. L’autrice décrit parfaitement les mécanismes d’emprise, de peur, de haine qui aboutissent à ce repli volontaire. Ce qui est dommage, c’est que l’on voit très bien d’où vient la manipulation, de ce fait la fin du livre n’est pas une surprise.
Lu grâce aux @68premieresfois
Je suis passée à côté de cette lecture. Pourtant le début était prometteur.
Très vite la paranoïa ambiante m’a agacée et je n’y ai pas cru.
Désolée
Grandeur et déchéance d’une famille française
Inspirée d’un fait divers – l’histoire d’une famille qui a choisi de se cloîtrer dans sa demeure, le premier roman de Kinga Wyrzykowska est un joyeux jeu de massacre au sein d’une famille bourgeoise. Vous allez vous régaler avec les Simart-Duteil !
Souvenez-vous, c’était avant le covid et avant la guerre en Ukraine. Mais le climat n’en était pas moins anxiogène. Nous étions en 2015 et la France était confrontée à une vague d’attentats. C’est dans ce contexte que Kinga Wyrzykowska nous offre un premier roman aussi corrosif que jouissif. Il met en scène une famille bourgeoise, les Simart-Duteil, qui décident de se cloîtrer dans leur maison de famille en Normandie. Héritiers d’une fortune amassée dans les travaux publics et plus exactement la construction d’autoroutes au Moyen-Orient, Paul, Clothilde et Samuel n’auraient pourtant guère de raisons de s’en faire, si ce n’est cette crainte ancrée profondément de ne pas être à la hauteur. Car ils ont tous espéré suivre la voie de la réussite et ont finalement dû se rendre compte que le chemin de la réussite était semé d’obstacles.
Paul aura été le premier à connaître son heure de gloire. Sous le nom de Pol Sim, il a travaillé avec Thierry Ardisson et s’est fait connaître par ses saillies féroces. Sa chaîne YouTube (Pol’pot) lui aura aussi permis d’asseoir sa notoriété, mais comme rien n’est plus éphémère qu’une carrière médiatique, il sent bien que sa chance est passée. Son réseau s’étiole, dans les allées du Racing-Club de France on ne le reconnaît même plus.
Samuel a longtemps pensé que son avenir était beaucoup plus solide. En ouvrant une clinique de chirurgie esthétique, il s’imaginait faire fortune en un rien de temps. Il a d’ailleurs très vite trouvé une clientèle, élargi son réseau et fait fructifier son entreprise. Mais dans ce milieu, la réputation fait tout. Alors quand les premières critiques – même infondées – ce sont fait jour, la confiance envers le chirurgien en a pâti. Si bien qu’il doit désormais penser à sauver les meubles. Ce qui tombe plutôt mal, car il a demandé Monika, rencontrée lors du tournage d’un film publicitaire pour vanter l’un de ses appareils censés faire rajeunir, en mariage. Une nouvelle qu’il compte annoncer à la famille réunie à Yerville. Quant à Clotilde, avouons-le, elle n’a pas eu à faire grand-chose, sinon un trouver un mari de son rang et lui faire trois enfants qui font sa fierté. Mais l’usure du couple est là, faisant croître les angoisses de Clothilde, toujours prompte à voir les choses en noir.
Et les choses ne vont pas s’arranger. Car de la Syrie en guerre leur parvient un message qui va les déstabiliser. Leur père menait une double-vie, de part et d’autre de la Méditerranée. Il avait une maîtresse qui lui donnera un fils. Ce dernier annonce sa venue, fuyant les combats via le Liban.
L’ambiance devient explosive, les vieilles histoires ressortent, la tension croit et le vernis de la bienséance se craquelle. Ce jeu de massacre auquel participent trois générations est servi par un style corrosif au possible. On se régale de cette descente aux enfers.
Kinga Wyrzykowska montre avec finesse combien les phrases convenues se vident de sens, comment les belles conversations basculent dans l’anathème et comment le bien-parler peut se transformer en blessures profondes. On imagine combien un Chabrol aurait pu faire son miel de ces dialogues tranchants et de ce huis-clos explosif. Et on jubile avec autant de plaisir qu’avec la prose de Stéphane Hoffmann, notamment dans On ne parle plus d'amour.
https://urlz.fr/mCGj
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