Un manga tordant mais qui n'oublie pas d'être instructif !
Enfin une de mes BD tant attendue : Le trésor d’Assurbanipal ; Tome 3 d’ « Une aventure de Renée Stone ».
J’admire les dessins de Clément Oubrerie, vifs et colorés dans l’action, l’expression et l’environnement qui font comprendre d’un seul coup d’œil, l’époque, le cadre, l’atmosphère, l’heure, la saison, l'architecture, les décorations, les paysages. Je peux passer un temps fou à en dévorer les détails.
La première page rappelle les personnages principaux (voir mes avis des tomes 1 et 2).
La deuxième page rappelle où on en était de cette histoire d’aventures orientales.
Et, à la 3ème page, hop on est reparti dans l’action. Ça bouge dans cette BD. Ça court ! On entre dans le vif de ce troisième et dernier volet de cette trilogie que j’adore absolument. Julie Birmant n’est pas à court d’imagination ! Et elle écrit rythmé. Pas question de s’ennuyer une seconde avec tous les rebondissements, courses poursuites et suspens. On tourne les pages !
On est à l’Automobile Club du Caire un soir de décembre 1930.
La BD, ça a ça de magique : le dessin ! Mes yeux de rêveuse s’y attardent. Le ciel orangé qui s’estompe. Les vieux immeubles du Caire. Les petites robes, les chapeaux. Il fait chaud et bon sur cette terrasse appelant au cocktail du soir.
Katarina qui en pince pour l’aventurier Peter Stanford qui, beau mec, macho enjôleur fait du gringue, lui raconte ses aventures « poursuivi par des pillards, traversé l’Érythrée, franchi les plus hauts cols du Simien, affronté des hyènes et des léopards et tout ça avec une balle dans l’épaule. » Elle dit : —Quel périple, chéri. Tu veux que je regarde tes blessures ? Il répond : —Pourquoi pas ? Mais en buvant une dernière coupe dans ta chambre. — Quelle bonne idée… »
Une fois à l’hôtel, le coquin glisse en douce une pilule dans le verre de Champagne de la belle. Et la belle, pour meubler la conversation, s’adresse à son petit chien —Tu veux trinquer avec nous ? » Le bichon trempe la langue dans le verre et paf ! Trois lampées et le bichon convulse sur le dos. « Kaï » !!
La jeune femme comprenant immédiatement le danger, s’échappe en courant et quand avec sa jolie robe d’été, chaussée de ses escarpins à talon, elle saute la rampe en fer forgée de l’hôtel, toute l’action est dans le crayon ! Cheveux et collier de perles suivent le mouvement.
Puis on passe à Djibouti la nuit.
Mais stop ! Je vous laisse découvrir les Aventures de Renée Stone, un plaisir de voyages, d’aventures trépidantes, de paysages et d’images formidables.
Le trésor ? Ah oui… Le trésor …
« Vous leur racontez professeur ?
« Bien. Vous connaissez Gilgamesh et sa quête inutile ?
« Quel rapport ?
« Un grand rapport, Monsieur. »
Et voilà. C’est le dernier tome de la trilogie signée par les talentueux Birmant et Oubrerie mais j’apprends à la dernière image, alors que nos héros sont de retour à Londres (et Londres sous la pluie en 1931 sous les crayons et couleurs d’Oubrerie c’est vraiment ça, tout comme le confort boisé du pub et le tweed des vêtement anglais) Renée (Alias Agatha Christie) a d’autres romans à livrer et, avec son fiancé John, ils sont invités par le plus gros narcotrafiquant de la planète ce qui me réserve d’autres albums à attendre en cultivant la patience… « Une pipe pour l’opium ? Vous voulez qu’on se drogue !? »
Donc, je suis superbement contente que les Aventures (très cultivées) de Renée Stone continuent.
Les 2 dernières pages de l’album sont consacrées aux dessous de l’histoire.
« Les héros des aventures de Renée Stone ne sortent pas de nulle part. »
-- Les jardins d’Anis Badian inspirent Yanar Dag (montagne de feu) où du naphte s’enflamme continuellement au contact d l’air.
-- Katarina s’inspire de l’histoire vraie de Marga d’Andurain, patronne du Zénobie, l’hôtel mythique de Palmyre. Elle est soupçonnée à tort à Djeddah d’avoir empoisonné son mari bédouin. Le consul de France l’a sauvée de justesse de son cachot.
-- Baba Gurgur : lieu où jaillit d’un coup le pétrole près de Kirkouk le 15 octobre 1927. Fontaine de 42 mètres de haut. Énorme gisement de 100 kms de long et 12 de large.
Renée Perle (photographie signée Lartigue dont elle est la muse) donne son prénom à Renée Stone (Alias Agatha Christie)
Suite et fin de cette première trilogie héroïque trépidante, cultivée et talentueuse.
Voilà une série qui ne manque pas de charme. Un charme rétro parfaitement illustré par le dessin de Clément Oubrerie, un charme dépaysant qui nous entraîne dans les années 30 de l’Ethiopie à Bakou… un charme habile mix de références qui parleront à chacun, de Agatha Christie (qui a inspiré le personnage de Renée Stone) à Indiana Jones.
Les superbes couvs ne mentent pas, on nage en plein pastiche de roman d’aventures avec des rebondissements, des fausses pistes, des trahisons, l’humour en plus. C’est bien écrit, on s’attache à ces personnages et on a envie de suivre leur quête qui trouvera sa conclusion dans « le trésor d’Assurbanipal », tome 3.
A noter qu’une habile postface nous explique à la fin du tome 2 les dessous de l’histoire nous éclairant sur l’origine – réelle- des personnages fictifs de la série.
J’adore absolument cette BD en 3 tomes. Culturellement nourrissante.
Renée Stone s’inspire d’Agatha Christie. Max Mallowan est inspiré de son mari, l’archéologue John Mallowan.
Henri de Frick s’inspire de Henri de Monfreid et la BD colle à sa biographie et écrits «Secrets de la mer Rouge » alors qu’il habitait à Obock, dans le golfe de Tadjourah avec son épouse, Armgart et leurs quatre enfants.
Alfred Theziger s’inspire de Wilfred Thesiger, né à Addis-Abeba, explorateur des régions non cartographiées du globe.
Anis Badian s’inspire de Calouste Gulbenkian richissime homme d’affaires et collectionneur d’art avec près de 6000 pièces et œuvres de grands maîtres dont certaines viennent de l’Ermitage, cédées en 1920, par une Union Soviétique proche de la faillite.
Et bien entendu le grand reporter anglais, Graham Gray qu’on reconnait immédiatement sous les traits de Graham Greene.
A la fin du tome 1, (Meurtre en Abyssinie), nos héros, Renée Stone, une écrivaine de renom, et John Malawan, un archéologue, venus pour le couronnement du dernier empereur d’Éthiopie en 1930, étaient en fuite, poursuivis par des personnages armés convoitant la copie d’une tablette en leur possession car elle en dévoilerait le plan du trésor d’Assurbanipal.
On va les retrouver au bord du lac Tana et ils vont nous entrainer dans la suite de leur aventure à grande vitesse entre Addis-Abeba, Djibouti et Obock avec des dessins fourmillant de détails qui reproduisent la géographie et la vie de l’époque au bord de la Mer Rouge. Un hydravion les kidnappera et après un trajet vers le désert du Néfoud, une halte au lac Tharthar près de Bagdad, il foncera vers Bakou sa destination finale.
Ce tome 2 s’est fait bien attendre et désirer (2 ans après la parution du tome 1…) et malheureusement il va me falloir attendre le tome 3 qui reste à paraître pour savoir comment tout cela va finir…
Voilà que la scénariste prend vie sous un personnage fantasmagorique pour aller à la rencontre de ses acteurs du cubisme, Cézanne, Picasso et y comprendre ses fondements. De Montmartre en passant par la Provence, on savoure les anecdotes sur l'époque et le monde de l'Art. Un bel ouvrage pour apprendre et découvrir.
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