Une enquête en milieu militaire par un auteur qui connaît bien son sujet
Une enquête en milieu militaire par un auteur qui connaît bien son sujet
Une couverture qui tape à l’œil. Un homme charismatique au regard déterminé.
Jean Michelin, ancien militaire, écrit son premier roman et nous offre un récit captivant, intéressant et sensible.
L’auteur alterne l’enquête avec le souvenir de ces hommes et des proches. Je me suis plongée dans le cœur et la tête de ces soldats à la recherche de l’un d’entre eux. La disparition de Lulu nous tient en haleine tout au long du roman.
Ce court roman explore la sensibilité des hommes sous l’uniforme, il se livrent et s’affirment… Ceux qui restent sont les femmes, les enfants, les parents…
Au fil des pages, les pièces s’assemblent.
Quant à la plume, elle est soignée, incisive et emplie d’émotions. Un petit bémol sur cette fin ouverte.
C’est un très beau roman d’amour, d’amitié, sur la souffrance, l’obéissance et le racisme.
Un récit haletant, poignant et puissant que je vous recommande de glisser entre vos mains.
Formidable roman d'une efficacité redoutable qui évoque sans concession le destin saisissant de 4 militaires qui combattent pour survivre malgré de profondes blessures de l'âme, des secrets exigeants et des regrets envahissants.
Ce roman donne la parole à ceux qui restent, ceux qui sont encore en vie après une mission meurtrière, ceux qui restent debout et rentrent dans leur famille retrouver femme et enfants, ceux dont les souvenirs nourrissent des insomnies peuplées de cauchemars.
L'histoire :
Le caporal Lucien Guyader, dit Lulu, quarante ans, a toujours démontré une fiabilité rassurante pour ses hommes comme pour ses chefs. Aussi, lorsque ce père de famille disparaît à dix jours d'un départ en opération, le sergent Marouane s'inquiète et alerte Stéphane, leur ex-adjudant. Secoué par la nouvelle, Stéphane se laisse embarquer par Marouane, aux côtés du caporal et du lieutenant de la section. Frères d'armes aux trajectoires contrastées, transformés en détectives de fortune, ces quatre chiens de guerre partent sur les traces de Lulu, leur pilier, celui qui n'a pas craqué lorsque l'un des leurs est tombé au cours d'une embuscade .
Au fil de leur enquête, ressurgissent les traumatismes des combats, ces réminiscences qui leur collent à la peau, mélange d'odeurs, de peur et de fraternité. Remontent aussi des souvenirs d'étreintes et de désir. Qui sont ces hommes qui côtoient l'indicible ? Comment prendre-ils à distance le feu, lors de leur retour à la vie civile ? Et que fuit donc Lulu pour s'être soudainement évaporé ?
Jean Mchelin , officier de carrière, dépeint cet univers de l'intérieur et nous mène sur un fil vers une vérité impossible.
Un roman sans concessions sur ce que la guerre fait aux hommes et aux femmes, à ceux qui partent, à ceux qui ne reviendront pas et à ceux qui restent .
Le scénario où les vainqueurs sont aussi les vaincus exprime beaucoup de tendresse pour cette humanité qui ne nomme pas les choses, préfèrent taire ce qui est révoltant et ce qui les terrorise.
On ne le dit pas assez, mais un livre, c’est souvent en tout premier une couverture. Et celle-ci m’a immédiatement interpellée avec ce regard déterminé, cette force contenue, ce magnétisme brut qui se dégage de cet homme. Je ne savais rien de l’histoire mais d’entrée ce portrait me disait qu’il serait question de virilité et de fraternité.
Une fraternité qui unit quatre soldats qui se lance à la recherche de l’un de leurs points de retour d’une mission plus dure que les autres, ils ont pour certains décrocher, pour d’autres repris leur quotidien, ou empiler pour oublier. Mais Lulu, lui, c’est évanouie. Récit d’une quête où ils vont rapprocher leur fêlure, comparer leurs blessures, et se dévoiler, choses, peu commune, dans ce milieu où la force domine.
Ceux qui restent, ce sont les femmes et les enfants, les fiancés et les parents. Ceux pour qui « quinze ans de vie commune n’equivalaient pas à dix minutes sous le
feu ». Ce sont ceux qui rentrent alors que leurs camarades sont tombés au combat. Ceux pour qui « c’est rien de partir, c’est vivre, vivre après, c’est ça qui est difficile ».
Ceux enfin dont on ne sait finalement rien. Ceux qui cachent qui ils sont vraiment dans ce milieu intransigeant pour ceux qui sortent du moule, ceux qui sont différents, que ce soit par leur origine sociale, leur culture ou les orientations de leur cœur.
Une immersion éprouvante dans ce monde d’hommes et lecture émouvante qui a su me toucher.
Merci les @68premieresfois pour cette découverte
Direction l’armée et tout ce qui va avec : l’abnégation, les traumatismes, la douleur, les absences, les familles qui attendent, mais aussi l’engagement fort, les secrets et la fraternité. Qui mieux qu’un Officier de l’armée de Terre peut nous plonger aussi profondément et intensément dans ce milieu très spécial ? En effet, Jean Michelin nous embarque dans ce récit avec un réalisme foudroyant !
Pour schématiser, Lulu a disparu. Lulu, c’est un surnom parmi tant d’autres au sein de l’armée. C’est celui de ce caporal-chef quarantenaire qui est parti du jour au lendemain, qui a laissé sa femme et leur enfant sans nouvelle. Et ce n’est pas dans ses habitudes. « Que Lulu rate une journée de boulot, c’était louche. Qu’il soit aux abonnés absents plus de trois jours n’était foutrement pas envisageable. » Alors, quatre de ses frères d’armes vont partir à sa recherche et tenter de dénouer les fils de cette histoire. Car ils ne peuvent pas laisser tomber leur « frère », eux qui mieux que quiconque peuvent comprendre les désertions, les pétages de câble, les insomnies…
« Il avait les médailles et les rides au coin des yeux, il était du même monde et trimballait les mêmes silences au bord des nuits sans sommeil. Si lui ne comprenait pas, personne ne le pourrait. »
Le temps de quelques jours, nous sommes en immersion tour à tour au cœur d’une mission passée en Guyane, « là-bas », puis « ici », en compagnie de ces quatre militaires qui feront tout pour retrouver Lulu, dans cet « ailleurs » dont ils n’ont aucune espèce d’idée. Ainsi se déroulent les chapitres dans cet espace temps et ces lieux qui ont vu couler tant de larmes et de sang mais sont également les témoins d’une détermination (presque) sans faille.
Il est question, de mon propre regard, de sacrifice, sans qu’il ne soit jamais mentionné, car, dans les yeux de ces professionnels, nous parlons plutôt d’engagement et du sens profond du devoir. Mais pour les familles qui restent à attendre inlassablement mais aussi à supporter les retours difficiles, la situation est compliquée à vivre et l’on pourra sans aucun doute leur attribuer à elles aussi des médailles. C’est ce que l’auteur n’oublie pas de souligner et il donne la part belle autant à ceux qui partent qu’à ceux qui restent. Dans ce titre du roman, ceux mentionnés sont, de mon propre avis, autant ceux qui attendent (la famille, les amis…) que ceux qui restent, une fois l’opération terminée, ceux que les morts sur le front laissent derrière eux. Pour moi, le choix du titre est donc très judicieux car il est réellement question de tout cela dans ce roman.
L’écriture est ciselée, ultra réaliste, elle tape là où cela fait mal, elle dénonce, elle déplore, elle accompagne l’élan fraternel aussi. Elle sait également instiller quelques touches de poésie au milieu de ce fracas. Le texte se lit vite, avec ferveur. Nous sommes emportés, alors même que ce sujet n’est pas ma tasse de thé à l’origine. Mais cette sorte d’enquête, entrecoupée de flashbacks guerriers, est avant tout humaine. Nous approchons d’assez près les troubles des hommes qui se taisent et c’est ce qui rend finalement le récit touchant. Il n’est pas si facile de désarmer un militaire.
Alors si comme moi, vous n’êtes pas friands d’armée et de guerre, osez lire celui-ci. On ne peut absolument pas le réduire à ces thématiques, il est bien plus. Il nous plonge dans la difficile réalité de ces hommes qui s’engagent et de leurs familles qui s’engagent tout autant. Ce n’est pas tout mais puisqu’il est hors de question de spoiler, je vous laisserai découvrir tout ce qui se cache derrière la disparition de Lulu.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2023/09/04/lecture-ceux-qui-restent-de-jean-michelin/
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