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Jean Mattern

Jean Mattern
Jean Mattern est né en 1965 dans une famille originaire d'Europe centrale. Il vit à Paris et travaille dans l'édition. Le bleu du lac et Une vue exceptionnelle sont disponibles chez Points.

Avis sur cet auteur (19)

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    Couverture du livre « Les eaux du Danube » de Jean Mattern aux éditions Sabine Wespieser

    STEPHANE BRET sur Les eaux du Danube de Jean Mattern

    Clément Bontemps, personnage principal du roman, est un individu marqué par la routine, les habitudes sécurisantes, le lien à une bonne famille lyonnaise. Il est marié à Madeleine, depuis bientôt vingt ans. Le couple s’est installé à Sète. Clément vit au rythme des ouvertures à horaires fixes de...
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    Clément Bontemps, personnage principal du roman, est un individu marqué par la routine, les habitudes sécurisantes, le lien à une bonne famille lyonnaise. Il est marié à Madeleine, depuis bientôt vingt ans. Le couple s’est installé à Sète. Clément vit au rythme des ouvertures à horaires fixes de sa pharmacie ; aucune surprise, aucun impondérable ne sont susceptibles d’enrayer cette belle mécanique.
    Tout cela va craqueler, comme la terre en proie à une secousse sismique de grande intensité.
    Un dialogue entamé avec Georges Almassy, professeur de philosophie qui enseigne à Matias, le fils de Clément.
    Cette conversation, interrompue, puis reprise au cours d’autres rencontres entre Clément Bontemps et Georges Almassy, révèle à Clément beaucoup de faits nouveaux : l’origine de ce professeur : « Mes parents ont réussi à s’enfuir en 1956. J’avais huit ans. Et Almàsy György s’est effacé devant Georges Almassy. Tour de passe-passe. Jusqu’à devenir le prof de philo de votre fils Matias. »
    Mais ce sont les révélations sur la propre biographie de son épouse, Madeleine, qui vont déstabiliser Clément. Ce dernier supposait bien une origine étrangère à sa mère, en raison de la présence d’un très léger accent dans son élocution. Georges Almassy révèle dans un deuxième temps les origines de Madeleine et sa date d’arrivée en France : « Votre mère ne s’appelait pas Hélène (…) Elle s’appelait Ilona Ferenczi (…) ».
    Clément apprend alors que sa mère est arrivée en France En 1945, en s’évadant de Hongrie par la traversée du lac Balaton, proche de la frontière autrichienne.
    Ce professeur de philosophie, très calme et factuel, conclut ces conversations par une révélation concernant Clément Bontemps lui-même. Ce fait nouveau le rattache définitivement à la Hongrie et à l’Europe centrale. Il est le fils « d’un homme dont personne ne m’avait jamais parlé, d’un jeune homme mort dans une cellule quelque part dans le sud-ouest de la Hongrie, d’un homme nommé Jôseph Ferenczi. L’homme qui fut le premier amour de ma mère. »
    Ce roman rappelle, accessoirement, les drames de cette partie de l’Europe, longtemps oubliée car située du mauvais côté du rideau de fer divisant le continent européen durant la guerre froide. Il est aussi un bel hommage à l’œuvre de Franz Schubert, plus précisément à la Fantaisie D 940. C’est enfin une illustration des pouvoirs de la littérature, quand elle dévoile des vérités souterraines ;

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    Couverture du livre « Le bleu du lac » de Jean Mattern aux éditions Sabine Wespieser

    Colette LORBAT sur Le bleu du lac de Jean Mattern

    Vêtue d’une robe noire trop chaude et qui la gratte, Viviane Craig, concertiste de renommée internationale « La Greta Garbo du piano » se rend aux obsèques de son amant James Fletcher, critique musical. L’exécuteur testamentaire lui annonce sa mort et lui demande, requête du défunt, de jouer...
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    Vêtue d’une robe noire trop chaude et qui la gratte, Viviane Craig, concertiste de renommée internationale « La Greta Garbo du piano » se rend aux obsèques de son amant James Fletcher, critique musical. L’exécuteur testamentaire lui annonce sa mort et lui demande, requête du défunt, de jouer lors de ses funérailles. « J’ai raccroché et j’ai laissé la bombe éclater en moi, silencieusement, la douleur se diffuser, atteindre mon cœur, ma poitrine, mon bas-ventre, mes jambes, mes orteils, mon cerveau, le dernier membre de mon corps, me dire que c’était fini, qu’il n’y avait rien à faire » Son ultime rendez-vous avec James où elle doit jouer, l’intermezzo en si bémol mineur de Brahms, devant une assistance non informée de ses relations. Elle doit feindre l’indifférence alors qu’elle n’est que chagrin.

    A sa première rencontre il lui dit « avec le plus grand naturel qu’il avait ruiné deux pantalons en deux sorties à cause de moi ». Elle sait qu’elle ne résistera pas.

    Le voyage en métro sur la Piccadilly Line jusqu’à l’église est le moment pour elle, de se souvenir, de revenir vers James, de se rappeler le peu de nuits d’amour, tous ses rendez-vous clandestins chez lui. Leur liaison fut à la fois torride et tendre. Personne n’est au courant de leur relation et elle ne peut se reposer, de ce fait, sur l’épaule de personne et doit contenir en elle le Niagara de son chagrin. « une femme qui ne sait comment garder pour elle le chagrin qui lui déchire la poitrine »

    Le trajet en métro est son chemin vers l’enfer, la petite robe noire trop chaud et qui gratte son cilice, le morceau de musique, qui les a uni, son chant d’amour.

    Mariée à Sebastian, elle ne l’oublie pas qu’elle aime d’un autre amour. James, c’était le sexe, les rencontres qui devaient rester cachées. Sebastian, c’est le pilier, ce qui est tangible, toute une vie qu’elle ne veut pas rompre.

    Les répétitions, comme la petite robe noire trop chaude et qui gratte, l’amour caché, sans voir personne,… scandent le récit, comme des refrains toujours aimés. Le bleu du lac d’Annecy ramène vers James qui adorait tant y aller et plonger nu dans les eaux… bleues. Les phrases longues, bien rythmées, accompagnent le monologue de Viviane

    Un livre court, un seul chapitre, mais si dense, si beau dans l’intensité progressive au fil des stations de métro, jusqu’à une fin... quelque peu inattendue.

    Jean Mattern a su pénétrer l’âme de Viviane, nous faire toucher du doigt sa peine (le mot est faible), ses émotions en peu de mots.

    Coup de cœur

    J’ai noté ce livre sur le site de Geneviève et je l’en remercie pour cette bouleversante lecture.

    https://zazymut.over-blog.com/2022/07/jean-mattern-le-bleu-du-lac.html

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    Couverture du livre « Suite en do mineur » de Jean Mattern aux éditions Sabine Wespieser

    Yv Pol sur Suite en do mineur de Jean Mattern

    A l'occasion d'un voyage à Jérusalem, offert pour ses cinquante ans par son neveu, Robert Stobetzky, aperçoit une silhouette, un port de tête inoubliable et unique dans la Via Dolorosa, ceux de Madeleine, avec laquelle il a partagé, vingt-six années auparavant, alors étudiant, en 1969, trois...
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    A l'occasion d'un voyage à Jérusalem, offert pour ses cinquante ans par son neveu, Robert Stobetzky, aperçoit une silhouette, un port de tête inoubliable et unique dans la Via Dolorosa, ceux de Madeleine, avec laquelle il a partagé, vingt-six années auparavant, alors étudiant, en 1969, trois semaines de bonheur intense.

    Madeleine le quitta brutalement, second abandon pour Robert, après la mort de ses parents lorsqu'il avait dix ans. Début des années 70, il s'installa à Bar-sur-Aube, là où son frère vit, il y créa une librairie, vite devenue pour lui son refuge.

    C'est donc au milieu des années 90, que Robert, célibataire endurci, un poil misanthrope, ou plutôt qui n'aime pas les groupes, surtout ceux qu'on lui impose, visite Jérusalem. Lui, né de parents juifs, pas croyant, que les religieux qui arpentent les rues agacent. Ce voyage sera pour lui, sans qu'il s'en doute, râlant sur son neveu Émile qui le lui a offert, le moyen de sortir de sa bulle baralbine pour faire le point. Il raconte son enfance, entre foyers et familles d'accueil, avec Maurice son frère ; sa rencontre avec Madeleine, leurs trois semaines intenses et le brusque retour à la solitude, la découverte, un jour à la radio, de la suite en do mineur pour violoncelle et cette claque qui lui fait prendre plusieurs décisions dont celle de se mettre à la musique.

    Mise à part, une sensation de longueur sur la fin du texte, cette impression que le narrateur tourne en rond, que l'idée de base s'épuise un peu, j'ai beaucoup aimé le roman de Jean Mattern. Il y a d'abord sa manière de parler de littérature, de musique qui m'a donné envie d'entendre cette suite en do mineur de Bach, sachant que je suis inculte en matière de musique dite classique. Évidemment sur la rencontre amoureuse ou amicale, sur la rupture, l'abandon et la solitude. Sans grandiloquence, dans de longues phrases, parfois très longues et très belles, il va au plus près des émotions. De belles pages également sur l'homosexualité et la difficulté à la vivre il y a 25 ans, si tant est que ça soit plus aisé maintenant. Sous le prétexte de parler de soi, le narrateur parvient à parler des autres et aux autres de tous les thèmes et les questionnements qui nous occupent chaque jour.

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    Couverture du livre « Suite en do mineur » de Jean Mattern aux éditions Sabine Wespieser

    STEPHANE BRET sur Suite en do mineur de Jean Mattern

    Comment faire face à la douleur d’une rupture, comment amortir le choc d’une perte ? c’est à ce questionnement qu’est consacré le roman de Jean Mattern Suite en do mineur.
    Robert Stobetzky est un homme d’âge mur, qui participe à un voyage organisé en Israël, par l’entremise de son neveu Emile...
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    Comment faire face à la douleur d’une rupture, comment amortir le choc d’une perte ? c’est à ce questionnement qu’est consacré le roman de Jean Mattern Suite en do mineur.
    Robert Stobetzky est un homme d’âge mur, qui participe à un voyage organisé en Israël, par l’entremise de son neveu Emile qui l’a poussé à l’accomplissement de ce déplacement. Prisant très moyennement les circuits organisés, Robert, juif non pratiquant, dont les parents originaires d’un shtetl ukrainien ont miraculeusement échappé à la déportation en se cachant dans la campagne française, s’isole rapidement du groupe. Il arpent la Via Dolorosa dans la vieille ville de Jérusalem et croit y reconnaître Madeleine, une femme qui l’a aimé et déniaisé il y a trente ans à Paris en 1969.
    Cette vision d’un autre temps devient alors le prétexte pour démêler les fils de la mémoire, ses mécanismes, ses lois parfois.
    Ainsi, le narrateur revisite-t-il la notion de deuil et parvient à la circonscrire et la définir : « Je ne me serai pas senti, ce soir-là en l’attendant, plus orphelin que jamais. Mes ces vagues de tristesse qui nous frappent dans les moments les moins appropriés, c’est peut-être cela, le deuil. »
    Le narrateur est bouleversé, par le souvenir de cette femme, bien évidemment mais Jean Mattern expose aussi des interrogations très pertinentes : sur le souvenir, la nostalgie, la trace que laisse, ou ne laisse pas, une personne dans l’existence de ceux qu’elle rencontre.
    Madeleine, cette femme qui l’aimé et emmené voir Hair au théâtre de la Porte Saint-Martin, est-elle toujours les même trente ans plus tard ? Là encore, l’auteur du récit fait appel à la mécanique de conservation du souvenir, des sensations, des empreintes affectives : « L’image que j’ai gardé de Madeleine se confond avec le profil aperçu à quelques mètres d’ici. C’est elle, et le seul doute que je veux bien admettre est de savoir si au bout de trente ans on est encore la même personne. »
    Un autre sentiment est passé au scanner par Jean Mattern : la nostalgie. Cette dernière est souvent convoquée pour décrire les années soixante, période d’émancipation et de liberté. Pourtant, en se remémorant les paroles de cette comédie musicale Hair, le narrateur fait un constant qui infirme l’attrait de la nostalgie : « Mais en écoutant Johann chanter cet air tiré de Hair, je me rendis compte que l’excitation de l’époque Peace and Love renfermait autant de drames que d’amour et de paix. »
    Ce roman renferme également un autre décryptage :celui du pouvoir de la musique sur les êtres humains .Le narrateur Robert , lorsqu’il déménage à Bar-sur-Aube pour y fonder une librairie, se lie avec un professeur de musique qui l’initie au violoncelle .C’est cette rencontre avec l’univers musical son ambivalence , sa richesse qui aident Robert Stobetzky à surmonter , définitivement, la douleur du souvenir , l’acceptation de son parcours de vie : « La musique, quand elle sonne juste, déplore et console en même temps, elle chante la beauté du monde et se lamente de notre solitude irréductible. L’humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme. »
    Une activité essentielle pour l’humain, en quelque sorte…

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