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Jean-Louis Le Breton

Jean-Louis Le Breton
Jean-Louis Le Breton est le rédacteur en chef du magazine Le Canard Gascon. Également auteur de romans policiers, il nous livre ici le témoignage d'une expérience personnelle : la construction, avec son épouse Caroline, d'une maison dans le Gers.

Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « Le libre choix de Clara Weiss » de Jean-Louis Le Breton aux éditions Passiflore

    Delphine de Du calme Lucette sur Le libre choix de Clara Weiss de Jean-Louis Le Breton

    J’ai toujours peur en entamant ce style de roman, peur qu’il tombe dans le pathos, dans la noirceur absolue ou dans la lourdeur du sujet qu’il traite. Hors ici il n’en est pas question une seule seconde.

    « Cependant, se suicider pour des raisons médicales relevait d’un processus que la...
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    J’ai toujours peur en entamant ce style de roman, peur qu’il tombe dans le pathos, dans la noirceur absolue ou dans la lourdeur du sujet qu’il traite. Hors ici il n’en est pas question une seule seconde.

    « Cependant, se suicider pour des raisons médicales relevait d’un processus que la plupart des sociétés envisageaient douloureusement. Bon Dieu, nous étions là pour nous reproduire, pas pour nous éliminer. Les guerres servaient à cela et devaient suffire à étancher notre vampiresque soif de sang. Partir au casse-pipe sous la bannière patriotique n’engendrait pas d’états d’âme chez les responsables politiques. Mais autoriser n’importe qui à se faire sauter la cervelle, c’était contre nature. Cela revenait à abdiquer une part du pouvoir collectif au profit de l’individu. Peu de pays avaient franchi le pas. »

    J’avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dedans à cause du style argotique et très (trop) imagé de l’écriture de Jean-Louis Le Breton. C’est le premier roman que je lis de cet auteur et je ne saurai dire si ce langage est accentué volontairement dans ce roman en particulier, dans le but de ne pas sombrer dans un trop-plein de sentiments dans lequel il serait facile de s’engouffrer étant donné le sujet. Toujours est-il que les 80 premières pages ont été un peu difficiles pour moi, j’ai un peu lutté pour continuer. Mais j’ai eu raison de poursuivre car à partir de là, et ce jusqu’aux dernières lignes, tout fut très bien mené.

    « Il y avait des règles, des codes, une procédure à respecter. On n’entrait pas ici le flingue à la main pour se tirer une prune dans le crâne et se laisser emporter par le service des pompes funèbres. »

    Les écrits parfois crus sont adoucis grâce à des passages assez poétiques mais jamais mielleux. J’ai accompagné Adrian Hope et Clara Weiss dans leur découverte de l’un à l’autre, dans les doutes, les espoirs, les revirements de situation, la compréhension de l’autre, les tiraillements, l’empathie, la douceur. En effet, le roman rejette totalement le pathos mais il n’est pas dénué de sentiments pour autant, bien au contraire. Dans l’écriture très masculine percent de nombreuses échappatoires attendrissantes.

    « Votre présence auprès d’elle lui est d’un grand réconfort. Elle vous a désiré à ses côtés et vous êtes venu. Mais au bout du compte, elle seule tient son destin en mains. N’endossez pas trop de responsabilités, morales ou affectives. C’est un chemin de croix, mais c’est elle qui porte la croix, pas vous… »

    Le personnage d’Adrian Hope évolue constamment tout au long de l’histoire, il passe par toutes les émotions et ne sait plus à quel saint (sein ?) se vouer. Ses certitudes volent en éclats et se dispersent dans l’appartement médicalisé qu’il partage avec Clara Weiss. Dans ce presque-huit clos se construit une relation particulière et intense entre un homme et une femme, entre un auteur et une lectrice, entre un accompagnateur et une malade qui a choisi de mettre fin à ses jours dans une semaine.

    « Le monde était une belle saloperie et toutes les fleurs ne pouvaient s’épanouir sur ce fumier. Pas la sienne, en tout cas. »

    Il faut bien avouer que le suicide assisté est un sujet assez lourd pour lequel certains d’entre nous peuvent avoir une idée bien arrêtée. Mais ce roman creuse au plus profond de notre âme, nous oblige à nous mettre dans la peau de l’autre, de comprendre ses états d’âme, de s’ouvrir. Et quand nous pensons en connaître le dénouement, croyant que les dés sont jetés, que la pilule sera avalée ou peut-être bien balancée aux ordures, nos certitudes s’écroulent et laissent place à un renouveau, à un évènement qui pourrait bien changer la donne.

    « Deux paumés. Voilà ce que nous étions à ce moment précis. Deux enfants dans la tourmente, ne sachant plus quel sens donner à nos vies. Quelle direction fallait-il suivre ? »

    J’ai été surprise et transportée pendant la lecture de ce roman qui est tout sauf insipide et convenu. Il ne peut nous laisser indifférent, il remue et nous pousse à la réflexion. Et c’est avec le cœur serré que je l’ai refermé, mais je ne vous dirai pas de quelle façon. Je vous laisserai découvrir quel choix final a fait Clara Weiss et comment la vie d’Adrian Hope s’en retrouve chamboulée à jamais.

    Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/05/30/lecture-le-libre-choix-de-clara-weiss-de-jean-louis-le-breton/

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