Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Un livre intense, témoignage à la chère épouse disparue qui laisse derrière elle un homme sonné qui cherche sa présence partout.
Un récit touchant disséminé par petites touches tentant de nous rendre compte de ces instants de manque et de lucidité parfois avec nostalgie, souvent avec auto dérision. En fait, terriblement humain.
Beaucoup d'humour dans ce petit recueil. L'auteur a choisi quelques nationalités sur lesquelles on entend souvent des phrases toutes faites, pleines de préjugés et donc de méchancetés, de propos racistes. Il y ajoute des jeux de mots. C'est très plaisant à lire. Attention quand même, comme le disait Desproges : "on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde"...
La servante du seigneur - Jean-Louis Fournier
Après avoir écrit avec un ton analogue « Où on va papa » qui a eu le prix Fémina et qui relate ses deux fils handicapés, un livre à la fois bouleversant et drôle où il dédramatise la situation, Jean-Louis Fournier écrit sur sa fille Marie avec toujours cet humour incisif, des bribes de pensées, des interpellations directes, indirectes, des pages où il s’émeut, où se sent désemparé sur le nouveau chemin que semble avoir pris sa fille.
Car, la relation entre eux a évolué, celle de la foi les divise encore plus. Jean-Louis Fournier tient une relation particulière avec Dieu et il a toujours été dit qu’il avait le diable au corps, alors que sa fille lui a posé clairement la question : comment réagirais-tu si j’étais religieuse ?
L’engagement de l’amour d’un père pour sa fille et l’engagement de Marie pour Dieu sont traduits dans une épreuve toute particulière et il faut l’avouer agréable à lire avec cet humour décalé.
Entre vrai chagrin de ne plus la revoir et fausse joie de croire que cela ne durera pas, j’ai particulièrement apprécié ce roman.
Ayant beaucoup apprécié Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier, prix Femina 2008 et me trouvant sans bouquin dans le sac, quand j’ai vu dans une boîte à livres Mon dernier cheveu noir de ce même auteur, je n’ai pas hésité ! Et, bien m’en a pris.
Dans son roman primé, l’auteur révélait sa capacité de résilience par l’humour. Sous la forme d’une lettre à ses deux fils lourdement handicapés, il y racontait son histoire de père désemparé et d’époux abandonné.
Dans celui-ci, Jean-Louis Fournier s’est attaché à retranscrire le temps qui passe et celui qu’il reste…
Toujours avec ce ton humoristique si caractéristique qu’on lui connaît, il explique comment on se rend compte qu’on devient vieux, quels en sont les signes et en profite pour donner quelques conseils aux « anciens jeunes » et notamment ce dernier qui vaut son pesant d’or :
« Quand vous entendrez le docteur à votre chevet dire : « C’est la fin », essayez, malgré votre état, de faire rire une dernière fois.
Ajoutez : « des haricots. »
C’est un petit livre qui se lit très vite, de nombreuses pages avec trois lignes seulement, mais qui fait un bien fou.
Ce n’est pas si souvent qu’on a l’occasion, que l’on soit quinqua, sexa ou septuagénaire ou plus encore, à condition de ne pas avoir perdu son sens de l’humour, de pouvoir rire sur les tracas engendrés par la vieillesse, que ce soit sur son physique, sur ses problèmes de santé, sur le départ de ses amis, mais aussi sur les avantages qui sont réservés à l’âge.
Jean-Louis Fournier excelle également en décrivant le regard des anciens jeunes sur leur environnement et leurs congénères plus jeunes. Des journaux imprimés de plus en plus petit , de la terre de plus en plus basse aux policiers qui sont de plus en plus jeunes ou aux comédiens qui parlent de moins en moins fort au théâtre, sans oublier Parkinson ou la mort, tout cela pour nous rappeler que la vie avance inexorablement et que mieux vaut la prendre avec le sourire.
En tournant en dérision ces maux inhérents à l’âge, Jean-Louis Fournier nous offre une sorte de leçon de philosophie avec cet ensemble de réflexions douces-amères sur la vieillesse.
J’ai beaucoup ri tout au long de ma lecture et ne peux que vous conseiller cet excellent antidépresseur !
Un pur moment de détente qui peut se lire à tout âge.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/10/jean-louis-fournier-mon-dernier-cheveu-noir.html
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