Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Javier Cercas

Javier Cercas
Javier Cercas est né en 1962 à Cáceres et enseigne la littérature à l’université de Gérone. Il est l’auteur de quatre romans et de recueils de chroniques et de récits.
La Vitesse de la lumière connaît un succès phénoménal en Espagne (le tirage initial de 110 000 exemplaires a été écoulé en cinq j... Voir plus
Javier Cercas est né en 1962 à Cáceres et enseigne la littérature à l’université de Gérone. Il est l’auteur de quatre romans et de recueils de chroniques et de récits.
La Vitesse de la lumière connaît un succès phénoménal en Espagne (le tirage initial de 110 000 exemplaires a été écoulé en cinq jours) et, à l’instar des Soldats de Salamine, l’engouement international est constant. Le livre est en cours de traduction dans une vingtaine de langues.
Du même auteur, Actes Sud a publié Les Soldats de Salamine (2002 et Babel n° 621) et A petites foulées (2004).

Articles en lien avec Javier Cercas (2)

Avis sur cet auteur (45)

  • add_box
    Couverture du livre « L'imposteur » de Javier Cercas aux éditions Actes Sud

    Catherine Giry-Deloison sur L'imposteur de Javier Cercas

    Mi-juin 2005, un jeune historien révèle l'énorme supercherie dont le célébrissime Enric Marco fut l'auteur pendant plus de trente ans.
    Symbole de la lutte contre le franquisme qui lui offrit les lettres de noblesse pour diriger le mouvement anarcho-syndicaliste alors qu'il s'accommoda, comme la...
    Voir plus

    Mi-juin 2005, un jeune historien révèle l'énorme supercherie dont le célébrissime Enric Marco fut l'auteur pendant plus de trente ans.
    Symbole de la lutte contre le franquisme qui lui offrit les lettres de noblesse pour diriger le mouvement anarcho-syndicaliste alors qu'il s'accommoda, comme la grande majorité des Espagnols, de la dictature, l'homme atteignit l'acmé de la mystification en s'inventant un passé de déporté dans un camp nazi.
    En écrivant sur Marco, c'est sur son pays que l'auteur écrit car Javier Cercas aime à puiser dans l'histoire de l'Espagne pour composer ses livres. Pourtant, il a mis du temps à se décider à s'emparer de l'usurpateur.
    Après moult atermoiements autour de la légitimité de son projet, il se décide à sauter le pas pour tenter de comprendre le cheminement qui a conduit Marco à berner le monde entier.
    « Comprendre […] ne veut pas dire pardonner » écrit-il en justifiant son intention de saisir « toute la confuse diversité du réel, depuis ce qu'il y a de plus noble jusqu'au plus abject ».
    En se « servant » de Marco, Cercas s'interroge sur la fonction de l'écrivain et sur le rôle de la littérature ce qui l'amène à considérer que le romancier est un fabulateur car, « pour arriver à la vérité, il faut mentir ». Comme son objet d'étude, il est un imposteur mais la différence est qu'il en a le droit parce que c'est en quelque sorte sa mission. À l'instar de Cervantes qui a transformé Alonso Quijano en un personnage, Don Quichotte, un idéaliste avide d'héroïsme.
    Tout en alimentant le récit de considérations sur son rôle comme inventeur de fictions et donc un peu imposteur, Cercas confronte la biographie réelle de Marco à celle qu'il a imaginée, réfléchit aux conséquences des mensonges proférés et cherche à saisir les raisons de cette tromperie.
    En affirmant qu'il fut une victime du nazisme, il a non seulement manqué de respect pour les vrais persécutés et favorisé les théories négationnistes. Et Marco de rétorquer que, grâce à ses talents d'orateur et son charisme, il est parvenu à sensibiliser les jeunes générations à l'horreur de la Shoah. De même, en se présentant comme un combattant antifranquiste, il se targue de « raviver la mémoire historique de ce pays amnésique ». Quitte à en faire un business, non par appât du gain mais par une sorte de nécessité de s'inventer une vie plus belle que la sienne, plus belle que celle de la plupart de ses compatriotes.
    Pourquoi ? Tout simplement par envie d'être aimé, une nécessité pour celui qui est né dans un asiles d'aliénés d'une mère folle, dont le père « n'était pas un homme affectueux » et dont les premières années furent marquées par les coups de sa marâtre.
    Alors, Marco n'est-il qu'un charlatan, n'est-il pas surtout un homme qui a été privé d'affection pendant son enfance et menti pour plaire et être admiré ?
    La réalité est décidément complexe et l'intelligence de l'écrivain espagnol est de l'avoir mis en évidence avec brio mais aussi avec une humilité remarquable parce qu'il procède par tâtonnements, questionnements et sans certitude.
    Dommage que le récit souffre de quelques longueurs et de répétitions qui frisent le radotage.

    EXTRAITS
    La réalité tue, la fiction sauve.
    Le passé n'est qu'une dimension du présent.
    Marco a fait un roman de sa vie.
    Entre la vérité et la vie, ils choisissent la vie.
    Ce pays a fait la réconciliation sur fond d'oubli.

    https://papivore.net/litterature-hispanophone/critique-limposteur-javier-cercas-actes-sud/

  • add_box
    Couverture du livre « Terra alta Tome 1 » de Javier Cercas aux éditions Actes Sud

    Genli sur Terra alta Tome 1 de Javier Cercas

    Un polar à la fois ancré dans l'histoire récente de l'Espagne et littéraire : on relit les Misérables de Hugo, tout au long du roman, véritable pierre angulaire du héros, Melchor. De quoi se réjouir ! Une réussite qui me donne envie de lire la suite.

    Un polar à la fois ancré dans l'histoire récente de l'Espagne et littéraire : on relit les Misérables de Hugo, tout au long du roman, véritable pierre angulaire du héros, Melchor. De quoi se réjouir ! Une réussite qui me donne envie de lire la suite.

  • add_box
    Couverture du livre « Terra alta Tome 1 » de Javier Cercas aux éditions Actes Sud

    Catherine Giry-Deloison sur Terra alta Tome 1 de Javier Cercas

    Avec « Terra Alta », premier volume d'une trilogie, Javier Cercas, écrivain espagnol réputé pour son exploration du passé sombre de son pays, s'est essayé au roman policier, un genre qui ne lui empêche pas de poursuivre son introspection historique. Bien au contraire.
    Alors que son service de...
    Voir plus

    Avec « Terra Alta », premier volume d'une trilogie, Javier Cercas, écrivain espagnol réputé pour son exploration du passé sombre de son pays, s'est essayé au roman policier, un genre qui ne lui empêche pas de poursuivre son introspection historique. Bien au contraire.
    Alors que son service de nuit s'achève dans un commissariat de la Terra Alta, Melchor reçoit un appel d'un collègue lui annonçant qu'un triple assassinat avait été commis dans une propriété cossue des environs. Deux personnes âgées ont été sauvagement torturées et la domestique roumaine a pris une balle en pleine tête.
    Pourquoi s'est-on acharné avec une telle violence sur le richissime et puissant propriétaire des Cartonneries Adell et sa femme ?
    Pourtant on lui avait dit qu'il ne se passait jamais rien dans cette comarque ! En affirmant la tranquillité de cette contrée, c'est oublier qu'elle fut le théâtre de la sanglante bataille de l'Ebre pendant la guerre civile espagnole.
    Cela fait quatre ans que Melchor vit, avec son épouse et sa fille, dans ce petit bout de terre catalane où il a été muté pour être protégé d'éventuelles représailles de l'État islamique après qu'il a occis quatre de ses membres lors de l'attentat de Cambrils en août 2017.
    Avant d'intégrer la police Melchor était un petit malfrat qui paya d'une peine de prison ses multiples forfaits.
    C'est au cours de son incarcération qu'il se prend de passion pour la littérature et particulièrement pour l'un de ses grands classiques : « Les Misérables ». De ce pavé hugolien il s'attache à Javert, incarnation de « la vertu déguisée en vice » et prouve qu'un livre a le pouvoir de changer la vie.
    C'est cette lecture et l'assassinat non élucidée de sa mère prostituée qui vont le motiver à devenir policier et à abandonner son passé de délinquant.
    Récit très maîtrisé campant un personnage complexe et en colère contre toutes les formes d'injustice touchant les plus fragiles, « Terra Alta » est plus qu'un simple roman policier. En employant les codes du genre, Javier Cercas offre un regard d'historien et de quasi anthropologue pour mieux décrire un pays qui n'en finit pas de panser ses plaies.

    EXTRAITS
    Quand on pousse le bien à l'extrême, il se transforme en mal.
    La justice absolue peut être la plus absolue des injustices.

    https://papivore.net/litterature-hispanophone/critique-terra-alta-javier-cercas-actes-sud/

  • add_box
    Couverture du livre « Terra alta Tome 1 » de Javier Cercas aux éditions Actes Sud

    Mademoiselle Constance sur Terra alta Tome 1 de Javier Cercas

    M’étant rendue il y a peu en Catalogne du Sud et ayant fort apprécié mon voyage, il m’a paru intéressant de poursuivre l’exploration, par la littérature, de ces terres oubliées de la Generalitat (gouvernement catalan) et de découvrir cet écrivain controversé qu’est Javier Cercas.

    Terra Alta...
    Voir plus

    M’étant rendue il y a peu en Catalogne du Sud et ayant fort apprécié mon voyage, il m’a paru intéressant de poursuivre l’exploration, par la littérature, de ces terres oubliées de la Generalitat (gouvernement catalan) et de découvrir cet écrivain controversé qu’est Javier Cercas.

    Terra Alta s’est révélé un vrai page-turner, que j’ai dévoré en quelques jours seulement (une des raisons pour lesquelles le roman se lit si vite est qu’il est rempli de dialogues, ce qui rend la lecture particulièrement fluide).

    J’ai beaucoup aimé la description des paysages, qui m’ont rappelé mes impressions (notamment l’effet d’optique qui se crée à cause de la chaleur sur les routes : « l’asphalte de l’autoroute, où le reflet du soleil crée des flaques tremblotantes d’eau illusoire) et la mention de lieux où je m’étais rendue : Benifallet, Xerta, Tortosa, Riumar, Miravet… L’auteur excelle à retranscrire les ambiances, notamment celle du petit village où habitent les personnages, avec le bar sur la place du village où se croisent les différentes générations, et notamment les petits vieux.

    Le roman est particulièrement ancré dans le réel et notamment dans la politique : l’écrivain fait référence au referendum sur l’indépendance de la Catalogne d’octobre 2017 (le fameux « 1 d’octubre ») à et à Carles Puigdemont, aux moyens limités de la police et au mauvais salaire des fonctionnaires qui y travaillent…

    Le personnage principal est un peu caricatural des policiers que l’on retrouve dans les polars : torturé, hanté par son passé et épris de justice. Le lecteur fait donc la connaissance de Melchor, qui porte ce prénom car lorsqu’il est né sa mère a trouvé qu’il ressemblait à un roi mage. Fils de prostituée, ancien taulard et héros des attentats islamistes, Melchor est envoyé en Terra Alta par ses supérieurs, soucieux de le protéger des conséquences que pourraient avoir son acte de bravoure à Cambrils. Il commence à travailler dans un petit commissariat où la plupart de ses collègues sont indépendantistes. Il y fait la connaissance d’Olga, une ravissante bibliothécaire, de quinze ans son ainée, et, après quelques discussions littéraires (qui portent principalement sur des romans français, Javier Cercas semblant particulièrement passionné par la littérature française : Hugo, Perec, etc) tombe vite sous son charme. Il finit par se marier avec elle et avoir une fille, nommée Cosette en l’honneur du personnage des Misérables

    L’intrigue commence in medias res, comme souvent dans les romans policiers : un couple de personnages âgées, les Adell, est retrouvé mort dans leur propriété. La particularité de ce meurtre : la torture, ce qui conduit les enquêteurs envoyés sur les lieux à écarter la piste du vol. Sur la liste des principaux suspects, on trouve leur fille, leur gendre et le gérant de l’entreprise dont ils étaient propriétaires. L’enquête piétine rapidement et au bout de quelques semaines, l’affaire est classée, au grand dépit de Melchor, qui se met à bosser sur l’affaire en dehors de ses horaires de travail, ce qui lui vaut un rappel à l’ordre de sa hiérarchie. Melchor se voit alors forcé d’arrêter son enquête officieuse, pour un temps du moins. Il la reprend rapidement à la mort (supposément accidentelle mais rien n’est moins sûr) de sa femme, qui, il en est persuadé, a un lien avec les assassinats des Adell survenus quelques semaines plus tôt. Spoiler(cliquez pour révéler)Parviennent alors à Melchor des messages mystérieux qui l’orientent sur une piste qu’il n’avait pas identifiée plus tôt, et qui lui permettent de recoller les pièces du puzzle, et donc de coincer l’assassin.

    Le choix d’alterner chapitres au présent et au passé fonctionne bien, mais j’aurais apprécié un peu plus de passages sur la guerre civile, qui est présente dans le roman (et surtout son dénouement) mais qui gagnerait à être développés, ne serait-ce que pour la gouverne du lecteur étranger. D’un autre côté, l’action du roman se situant de nos jours, il est logique que la plupart des acteurs de la guerre ne soient plus de ce monde (c’est d’ailleurs pour ça que l’auteur a choisi comme victimes des nonagénaires), et donc que la mémoire « directe » de la guerre s’efface progressivement de la conscience collective . J’aurais aimé que l’auteur crée une sorte de huis-clos villageois étouffant, alimenté par de vieilles rancunes et des histoires de famille. Car si c’est bien de vengeance familiale qu’il s’agit, et si le motif des assassinats se trouve dans le passé, le lecteur vient presque à regretter qu’il n’y ait pas de flash-back plus anciens que l’arrivée de Melchor en Terra Alta, qui remonterait à la guerre civile ou au début de la dictature.

    Le dénouement n’est pas très original, sans doute par le nombre de suspects, somme doute assez réduit, mais il a le mérite d’être réaliste.

    J’ai hâte de me plonger dans le deuxième tome de cette trilogie, « Indépendance », qui s’annonce assez politique.