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Deroide Ioanis

Deroide Ioanis

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Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « Les series tv - mondes d'hier et d'aujourd'hui » de Deroide Ioanis aux éditions Ellipses

    Louis donne son avis sur Les series tv - mondes d'hier et d'aujourd'hui de Deroide Ioanis

    Après avoir papillonné sans plan établi d'un thème à l'autre, d'un auteur à l'autre, l'envie d'approfondir certains sujets orientent mes lectures depuis quelques temps comme l'atteste le sujet de ce livre. Après une parenthèse provençale, me revoilà donc sur les terres de la fiction télévisée...
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    Après avoir papillonné sans plan établi d'un thème à l'autre, d'un auteur à l'autre, l'envie d'approfondir certains sujets orientent mes lectures depuis quelques temps comme l'atteste le sujet de ce livre. Après une parenthèse provençale, me revoilà donc sur les terres de la fiction télévisée avec un ouvrage signé Ioanis Deroide, historien agrégé et professeur à Sciences Po. Contrairement à bon nombre d'auteurs qui se sont frottés au sujet, Deroide ne propose pas dans "Les Séries TV – Mondes d'hier et d'aujourd'hui" une histoire de la fiction télévisée mais utilise son bagage universitaire - et les connaissances qui en découlent - pour décrypter certaines séries-tv sous un angle historique et géographique.

    Passés l'avant-propos et l'introduction durant lesquels l'auteur explique son approche, huit thèmes nous sont proposés :

    Citoyens et non-citoyens à Rome à la fin du 1er siècle avant J.C.
    Au temps de la Renaissance et de la Réforme
    Occupation, collaboration, résistance
    Mémoire de la Deuxième Guerre mondiale depuis les années 1960
    Apogée et remise en question du modèle américain
    Quelques enjeux du monde contemporain : géopolitique en séries
    La grande ville : centres et périphéries
    La frontière

    Par déformation professionnelle ou simplement par souci méthodologique, les quatre premiers chapitres de l'ouvrage sont examinés d'un point de vue historique avec une approche chronologique. Les quatre suivants s'apprécient en revanche sur un mode géographique à tendance sociologique.

    Du fait des périodes concernées, les deux premiers chapitres reposent sur une seule et même série, respectivement "Rome" pour l'Empire romain et "Les Tudors" pour la Renaissance et la Réforme. Dans ces deux parties, l'auteur s'interroge sur le réalisme des deux fictions sous des angles parfaitement distincts. Pour "Rome", il s'intéresse aux différentes castes sociales de la société romaine et met à l'épreuve de l'Histoire la vraisemblance de la narration et des personnages qui la composent. Dans le cas de "Les Tudors", l'auteur relate les grandes étapes du règne d'Henry VIII et analyse la manière dont les faits historiques sont relatés dans la série.

    Avec "Occupation, collaboration, résistance", Ioanis Deroide sort de la formule dans laquellle il a placé les deux premiers chapitres pour évoquer une période de l'histoire française encore sensible dans nos mémoires : l'occupation allemande. Le réel intérêt de cette partie est que l'auteur s'appuie non seulement sur une série qui aborde concrètement ce thème – Un village français – mais également sur des fictions qui y font référence sans toutefois restituer le contexte historique. Ainsi au travers de "V" ou de "Battlestar galactica", il démontre combien cette période de l'histoire peut encore susciter de nos jours l'imagination des scénaristes.

    "Mémoires de la Deuxième Guerre mondiale", du fait de son sujet très prisé par le grand comme le petit écran, est construit sur un panache de séries télévisées qui permettent à l'auteur de démontrer combien l'image de cette guerre a évolué dans sa représentation télévisuelle mais aussi cinématographique.

    Dans le chapitre "Apogée et remises en question du modèle américain", Ioanis Deroide s'intéresse aux Etats-Unis d'après-guerre et au fameux modèle américain. Pour ce faire, il analyse les ressorts des trois premières saisons de "Mad men". La société américaine dépeinte dans ce show se distingue par son souci de restituer l'ambiance d'un milieu (la publicité) mais avant tout d'une époque au cours de laquelle l'"american way of life" dicte les habitudes des consommateurs, poussés vers un matérialisme exacerbé. Ce modèle triomphal à vrai dire profite surtout aux hommes blancs qui ont dépassé la trentaine. Comme nous l'explique l'auteur, la société américaine des 1950's-1960's laisse peu de places aux jeunes et encore moins aux femmes, aux Afro-Américains ou aux homosexuels. L'aisance financière et le confort suffisent pour effacer les aspérités d'un mode de vie en apparence idyllique. La force de "Mad men" est justement de montrer l'évolution de cette société et son déclin inéluctable en s'imprégnant du contexte historique : la Guerre Froide et tout ce qui en découle, la course à l'armement, la conquête spatiale, la chasse aux communistes.

    Le chapitre suivant est axé autour de la géopolitique et la façon dont est traité le sujet dans les séries télévisées, tout particulièrement du point de vue américain. Ioanis Deroide, avec carte et discours d'anciens dirigeants à l'appui, évoque les séquelles du 11 septembre, la guerre en Irak et en Afghanistan ou revient sur la Guerre Froide et la prolifération des armes nucléaires. Au travers de séries télévisées comme "Alias", "24"", "Boston Legal" et surtout "The West wing", il démontre que ces fictions font bien plus que s'inspirer de ces sujets, mais sont parfois des témoignages précieux quand elles ne servent ou ne s'opposent à la "propagande" gouvernementale à l'image de "The West Wing" et de son Président Bartlet.

    "La grande ville : centre et péripéphéries" est sans aucun doute l'un des chapitres les plus intéressants du livre. Une part importante de ce segment a pour thème Rio de Janeiro et s'appuie sur la série "La cité des hommes" dont l'essentiel de l'action se déroule dans la favela fictive de Sinuca. Loin du carnaval et des paysages façon cartes postales, cette fiction s'intéresse à une population oubliée dont les rues ne figuraient pas avant les 1990's sur les cartes de la ville, des quartiers qui souffrent de l'insécurité et obligent la population à vivre en autarcie forcée. Le contact avec le reste de la population se fait en des lieux bien précis comme la plage où la mixité sociale perdure difficilement, le temps d'un après-midi, d'une journée ensoleillée avant que chaque couche de la population ne retourne dans son milieu respectif. Dans ce même chapitre, l'historien évoque également Paris, la façon dont la ville lumière est représentée dans les séries télévisées étrangères notamment américaines, mais également comment la fiction française utilise l'image de la capitale.

    Le dernier chapitre, sobrement intitulé "La frontière", repose sur des séries-tv comme "Weeds", "Breaking bad", "The Shield" ou une fois encore "The West wing". À l'exception de cette dernière, la plupart de ces shows se déroulent non loin de la frontière mexicaine et mettent en scène des personnages impliquées de loin ou de près dans le trafic de drogue ou la lutte contre la criminalité. Les flux migratoires, la géographie des lieux ou la vision donnée par ces shows des hispaniques sont quelques-uns des sujets évoqués dans cette partie.

    "Les séries TV – Mondes d'hier et d'aujourd'hui" est un ouvrage qui invite le lecteur-téléspectateur à visionner les séries télévisées sous un angle nouveau, l'incitant à voir au-delà des dialogues, au-delà de la construction narrative et des impératifs financiers à l'œuvre. Alors que certains auteurs ont un besoin irrépressible de noircir des pages blanches, Ioanis Deroide va, quant à lui, à l'essentiel et dit beaucoup en peu de pages. Assurément, l'un des ouvrages les plus originaux et les plus intéressants qu'il m'ait été donné de lire sur le sujet.