Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Les amours tumultueuses d’Ilja, écrivain néerlandais (double littéraire de l’auteur?) et de Clio, historienne de l’art italienne, ne sont plus.
Pour éviter de se laisser aller au désespoir et à la mélancolie, Ilja a décidé de mettre leur histoire par écrit et de l’ordre dans sa propre tête. Pour ce faire, il prend ses quartiers, pour un séjour à durée indéterminée, au Grand Hotel Europa, quelque part au cœur du Vieux continent.
Le Grand Hotel Europa, autrefois palace luxueux, est désormais une immense bâtisse à l’architecture tarabiscotée et à la splendeur défraîchie, voire délabrée. Malgré ce faste d’antan désormais patiné, le majordome Montebello (qui est au Grand Hotel ce que Mr Carson est à Downton Abbey dans la série TV) veille au grain, mettant un point d’honneur à anticiper et satisfaire le moindre désir des rares clients.
Ce charme désuet est cependant en sursis, car l’hôtel vient d’être racheté par Mr Wang, un Chinois bien décidé à en redresser le prestige et les finances en y attirant une clientèle de riches compatriotes.
Dans cette ambiance de fin d’époque, le roman alterne entre les discussions d’Ilja avec les autres clients et avec le groom Abdul, un migrant africain au parcours terrible, et le récit de sa rencontre et de sa relation mouvementée avec la flamboyante Clio. On les suit ainsi de Gênes à Abou Dhabi en passant par Venise, Malte, Skopje, Amsterdam ou Portovenere.
Ce roman raconte donc une histoire d’amour teintée d’érotisme, désormais révolue, mais il livre également de foisonnantes réflexions, notamment une petite sociologie du tourisme de masse* (le tourisme détruit ce qui l’attire), avec quelques portraits cinglants de ces hordes de touristes envahissant, par exemple, Venise et Amsterdam, et les inconvénients économiques, environnementaux et autres de ces invasions.
Il parle aussi d’une Europe à bout de souffle dont le seul attrait, la seule ressource, réside désormais dans son fastueux passé, son patrimoine de traditions et de culture. A l’image de l’hôtel racheté par un investisseur chinois, il montre un continent vieillissant, coincé dans son passé, sans avenir (hormis celui, paradoxal et hasardeux, de s’enrichir précisément en exploitant ce passé jusqu’à l’absurde), qui ne sait comment réagir face aux continents émergents et/ou bien plus entreprenants.
Il y est aussi question d’immigration, de la fausse opposition entre tourisme et voyage, de nationalisme, du Caravage, de réseaux sociaux, du besoin de faire partie d’un groupe et de s’en démarquer, de superficialité fondée sur les apparences, de compétition et de rentabilité, de bêtise humaine, d’absence de respect et de morale. L’ensemble est exposé avec une écriture classique et raffinée, de l’humour et de l’autodérision, un ton nostalgique et caustique. Malgré quelques longueurs et répétitions, ce roman est très intéressant, riche, complexe, virevoltant, et pousse à la réflexion. Ce Grand Hotel Europa mérite que l’on s’y arrête.
*A noter que ce roman a été écrit en 2018, soit avant la pandémie et l’arrêt (momentané) du tourisme de masse.
Ilja, écrivain néerlandais à succès, s’installe au grand hôtel Europa pour une durée indéterminée. Il vit un moment difficile après sa rupture avec Clio, jeune femme dont il était amoureux.
Dans cet hôtel, Ilja fait la connaissance d’Abdul, le groom rescapé du désert; de M. Montebello, majordome ; d’une poétesse française ; de M. Wang, nouveau propriétaire chinois de cet hôtel….
En parallèle, Ilja se remémore son histoire d’amour avec Clio, l’obsession de cette dernière pour Le Caravage et le projet d’Ilja sur le tourisme.
Les chapitres alternent entre tous ces sujets. Malgré des recherches et une documentation pertinentes sur chacun d’entre eux, l’auteur tourne rapidement en boucle. Les descriptions sont beaucoup trop longues et ne sont pas forcément nécessaires pour le bon déroulé du récit.
Ilja Léonard Pfeijffer a su me transporter dans son enquête pour retrouver le dernier tableau du Caravage. C’était passionnant.
La remise en cause du tourisme de masse est intéressante. Démontrer l’absurdité de ces personnes se définissant comme voyageurs est pertinente et m’a beaucoup fait rigoler.
Tous les thèmes abordés sont attrayants. Il est dommage que l’auteur se soit perdu et embourbé dans ses détails trop imposants dans sa narration. Une bonne centaine de pages auraient pu être supprimées. Ce trop, du coup, m’a ennuyé et m’a même fait sauter de longs passages inutiles.
Par contre, un grand bravo pour la fin que je n’aurais jamais devinée.
Merci aux éditions Presses de la cité et Netgalley d’avoir accepté ma demande de lecture.
Entre journal intime et témoignage voici un roman foisonnant d’idées, de paroles, de vécus et qui a tendance à partir dans tous les sens avec comme seul fil rouge, l’amour que le narrateur/auteur porte à Clio qui vient de le quitter !
Le Grand-Hotel Europa est un lieu hors du temps, témoin d’un passé faste et festif qui peine à se réinventer dans le siècle actuel et qu’un japonais va précipiter dans l’époque moderne !
Toutes les personnes de cet hôtel sont hermétiques à la réalité hors de ce lieu et pour cela sont très attachants : Abdul le réfugié qui se reconstruit, M. Montebello qui a peur de se perdre si le nouveau propriétaire le renvoie ! Les clients “permanents” sont à l’image de l’hôtel, désuets et en décalage avec la marche du temps !
Clio qui est la vraie “héroïne” de ce roman est égoïste, méchante, méprisante mais l’amour est aveugle et l’auteur raconte leur vie commune jusqu’à leur séparation. L’Italie, le tourisme, le Caravage et l’immigration en sont la trame.
Toutes les parties qui concernent l’hôtel et ses occupants m’ont beaucoup plus intéressée, fascinée même que l’histoire de couple, même si l’un découle de l’autre, l’auteur ne serait jamais venu se réfugier à l’Europa et n’aurait pas écrit ce livre !
Etrange roman qui se lit agréablement mais sans en attendre grand-chose qu’un peu de nostalgie !
#GrandHotelEuropa #NetGalleyFrance
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