Quel polar lire pour assouvir vos envies d'ailleurs ?
A l’occasion du festival Quais du polar, nous sommes allés rencontrer Francis dans sa librairie Le bal des ardents à Lyon et nous lui avons demandé ses suggestions de romans policier ou thrillers. Pourquoi Lyon ? Parce que nous y avons découvert un...
Quel polar lire pour assouvir vos envies d'ailleurs ?
« Traverser la nuit » est un polar bien « à l’ancienne » où l’atmosphère et l’ambiance jouent un rôle à elles-seules. Très sombre, cette histoire se déroule à Bordeaux, où des trombes d’eaux ne cessent de tomber et où la lumière peine à percer.
C’est un récit sur lequel il ne faut pas trop en dévoiler afin de ne pas gâcher le plaisir de lecture aux lecteurs. De plus, ne vous fiez pas forcément au titre un tant soit peu poétique, car c’est un livre noir, très noir.
Hervé Le Corre signe ici un polar social où ses personnages sont des laissés-pour-compte de la société. Trois personnages se partagent l’histoire. Sans lien, au départ, les hasards (bons et moins bons) de la vie font qu’ils seront intimement liés. Mais comment ?
J’ai mis un certain temps à rentrer dans ma lecture. J’en ai fait une lecture immersive car il est fait partie de la sélection pour le Prix Audiolib 2024. Le rythme est donc assez lent mais la voix d’Arianne Brousse porte fidèlement l’histoire. Il est vrai que j’ai, parfois, trouvé cela long : l’accent étant plus mis sur l’aspect psychologique des protagonistes que sur l’action.
Malgré ce grief, j’ai été complètement conquise? par sa fin absolument stupéfiante que je n’avais pas, mais pas du tout, imaginée comme possible. Le final m’a laissée sans voix (et ça, c’est pourtant dur) ! C’est bien là que j’ai pu mesurer l’incroyable talent qu’Hervé Le Corre a pour raconter une histoire. C’était le premier bouquin que je lisais de cet auteur, mais sûrement pas le dernier !
Avec les copains du Club Sang de Bepolar, nous vous en parlions ainsi que de la bibliographie de l’auteur de cet auteur, lors du podcast mensuel du mois de février.
N’hésitez pas à aller l’écouter sur le site ou sur toutes les plateformes de podcasts.
2048 un soir, tout s'éteint dans un monde qui ne connaît plus que des pénuries, des crises, des pandémies. Les pannes de courant arrivent fréquemment mais cette fois-ci ça ne redémarre pas et le chaos s'installe. Rebecca et Martin vivent ce black-out avec leur bébé Alice.
2121, Nour, fille d'Alice et petite-fille de Rebecca, survit en ce monde. Elle aussi a eu une fille, Clara. Elles font route avec Marceau et Léo, père et fils.
Le roman s'ouvre sur Léo, 12 ans, vivant dans un futur post apocalyptique. Il est hanté par la mort de sa mère dont il est témoin à 6 ans. Chaque chapitre alterne au niveau chronologique avec des retours en arrière sur différentes temporalités. Cette particularité demande une certaine exigence pour suivre le fil de l'intrigue et s'imprégner du parcours de chaque personnage. Une fois que j'ai accepté de ne pas tout maîtriser et savoir le pourquoi du comment j'ai pu me plonger totalement dans ce roman d'une extrême noirceur.
L'auteur nous décrit un monde de désolation. Les ruines et les carcasses de voitures font parties du paysage. Les forêts et bois renferment des animaux cruels au sens propre comme au figuré. On ressent la crasse, la chaleur et la peur qui est le quotidien de nos protagonistes.
Le mot survie trouve ici tout son sens. Il est le fait d'un être vivant de se maintenir en vie malgré un risque accrue de mort. Chaque jour qui se lève est un combat pour sa vie, penser à "demain" est inconcevable.
Malgré la mort et les nombreux espoirs brisés qui traversent les générations, il y a de fugaces moments de contentement. Ce qui pourrait s'apparenter comme une errance sans fin ni but pour les 3 générations de femmes que l'on suit est en réalité une quête d'humanité à offrir à ses enfants, à ceux qui après eux vivront. Après avoir vécu tant de choses horribles, ces femmes ne se font pas d'illusions. Mais malgré tout elles n'ont jamais été totalement seules. L'humain a besoin de sociabilité pour rester sain et vivre.
Je me suis tout de suite attachée à Léo. Ce jeune adolescent est contemplatif. Il a un lien particulier et tendre avec la nature et les animaux. J'ai eu plus de mal avec les autres personnages au début. Puis au fur et à mesure et surtout dans la deuxième partie du roman on en apprend un peu plus sur eux, leur émotions.
Ce que j'ai aussi apprécié, c'est que ce ne sont pas des surhommes qui connaissent toutes les techniques de survie, d'agriculture, de médecine ou autres. Ils ont également leurs failles et ont dû puiser dans le pire en eux pour sauver leur vie et celles des siens. La force des femmes et leur détermination font plaisir à lire.
La fin ouverte m'a un peu frustré même si elle reste cohérente avec l'esprit du roman. L'auteur évoque plus qu'il ne décrit avec précision. Bon après je suis quasi certaine de l'interprétation à donner au dénouement au vue des mots employés.
J'avoue avoir eu le moral plombé par cette lecture. Le principe du roman post apocalyptique est de pousser à l'extrême ce qu'il pourrait arriver de pire. Mais c'est tellement réaliste par rapport à ce qu'on vit aujourd'hui que ça m'a bien fait cogiter et que j'ai eu parfois du mal à dormir sereinement. Un roman noir à découvrir.
Les romans d’anticipation sont rarement optimistes. Mais autant vous prévenir tout de suite, celui-ci est désespérément noir. Très noir.
Nous sommes au milieu du XXIIe siècle et tout s’est effondré. Dans un dramatique enchaînement, catastrophes climatiques, famines, pandémies et guerres se sont succédées, ne laissant place qu’à la misère et à la barbarie. Dans ce nouveau monde on ne vit plus. On survit. Dans le dénuement, la violence et surtout l’absence terrible d’espoir.
Tout a commencé un soir de 2051, un soir où le courant est parti pour ne jamais revenir, laissant Rebecca et sa fille Alice dans l’effroi et l’angoisse. Une angoisse quotidienne qui vivent à leur tour Alice, devenue adulte, et sa fille Nour, puis Nour et sa fille Clara. Une lignée de femmes cheminant sans fin vers un avenir qu’elles espèrent meilleur, nourrissant en leur sein une infime lueur d’espoir.
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« Fuir le passé. Redouter le lendemain ». Cette phrase résume à elle seule l’avenir que nous décrit Hervé Le Corre, dans ce roman crépusculaire et terriblement angoissant. En le lisant, on pense forcément à « la route », ou à « et toujours les forêts », mais ici les héroïnes sont des femmes, ce qui donne aux propos plus de désespoir encore tant leur sort est terrible, pire encore que celui des hommes dans cette société en déclin. Parce qu’au-delà du dénuement matériel dans lequel tous vivent c’est clairement la perte de toute humanité qui rend la vie insoutenable. Et pourtant, dans cette noirceur abyssale, seules les femmes semblent porter en elles un peu de lumière. Ces femmes devenues des proies, des enjeux de pouvoir. Ces femmes lucides qui « depuis longtemps n’espéraient plus rien pour leurs enfants, sinon leur éviter le pire ». Ces femmes admirables pour leur résistance, leur courage, leur ténacité, pour la solidarité qui les lie entre elles. Pour leur décision ou pas de donner la vie, ce pouvoir ultime de faire se perpétuer l’espèce. Ou de la faire s’éteindre.romans
Au delà de sa noirceur, ce roman est aussi exigeant dans sa construction.
On se perd un peu dans cette temporalité déconstruite, on cherche des repères, des indices temporels, on hésite , et cette opacité contribue à renforcer l’immersion, à accroître la tension, omniprésente. Quant à la plume d’Herve Le Corre, je le découvre et elle est magnifique. Très dense et puissamment évocatrice, elle appuie le propos et enferme le lecteur dans une ambiance glaçante et démoralisante. Et même si on est dans un dystopie, impossible de ne pas faire le lien avec notre époque actuelle, avec notre inaction, notre aveuglement. Elle éveille une prise de conscience redoutable et sans appel devant la course folle vers un avenir que l’auteur imagine inéluctable, « devant ce temps perdu où les maîtres de ce monde conduisaient à pleine vitesse vers le bord de la falaise, et nous demandaient à nous, pauvres cons, de retenir le bolide pour l’empêcher de basculer. »
Un roman éprouvant, à éviter aux âmes sensibles, aux pessimistes ou aux éco-anxieux. Un cri d’alerte pour réagir vite, mais est il encore temps?
Le mot de la fin à Francois Villon à qui l’on doit le titre:
« Frères humains qui après nous vivrez
N’ayez les cœurs contre nous endurcis »
Quand trop, c'est trop ! Ce livre est anxiogène à souhait. Dès le début, il est question de viols et de massacres, s'il ne s'agissait que d'un ou deux je pourrais un peu fermer les yeux et me dire que ça va passer. Hélas, sur une cinquantaine de pages, il en est question dans les moindres détails, me rendant quelque peu grimaçante! Il m'a été impossible de poursuivre, ce n'est pas ce que je recherche dans mes lectures. Je ne suis pas le bon public pour ce genre de roman!
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/04/qui-apres-nous-vivrez-herve-le-corre.html
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