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J’ai envie depuis quelque temps de lire des classiques que je n’ai jamais lu et j’ai commencé par « Bartleby le Scribe » de Herman Melville.
Qui ne connaît pas « I would prefer not to » ?
Bartleby est un scribe qui travaille dans l’étude d’un homme de loi d’une soixantaine d’années, le narrateur de cette nouvelle.
À chaque fois que le narrateur demande à Bartleby un nouveau travail, celui-ci répond invariablement « je préférerais pas »…
Je ne vous en dirais pas plus et vous laisserais savourer ce tout petit texte…
En 1846, New York est en plein essor. Principale place financière du Nouveau Monde, c’est dans Wall Street que son cœur de futur mastodonte du capitalisme bat le plus fort.
Au beau milieu de cette ruche, le narrateur, directeur d’une étude juridique, engage un nouveau commis aux écritures, un jeune homme dénommé Bartleby. Conquis par son allure paisible « qui pourrait avoir un effet bénéfique sur l’humeur inconstante de Ladinde et le tempérament colérique de Lapince« , les deux autres scribes de l’étude, le directeur va pourtant bientôt déchanter. Bartleby est certes paisible, il fait son travail en toute discrétion dans son coin de bureau et donne toute satisfaction. Mais un jour, le rouage se grippe, Bartleby refusant d’effectuer la tâche demandée. « J’aimerais autant pas« , dit-il, la première d’une longue série de négations conditionnelles, dont il n’explique jamais les motifs, au grand désespoir de son patron qui le menace évidemment de licenciement. En vain. Bartleby ne travaille pas, ne bouge pas, ne s’exprime pas sauf pour refuser, il reste simplement là, comme un ancêtre humain de photocopieuse en panne qu’on aurait oublié d’emmener à la casse. Sauf qu’on ne peut oublier Bartleby tant sa présence est obsédante et pesante, au point de pousser son employeur à déménager son étude dans un autre immeuble – sans Bartleby, « cette silhouette – cadavériquement soignée, pathétiquement respectable, incurablement abandonnée« , qui reste sur place, accroché à ce qui était son bureau.
Quel est le sens de cette nouvelle de Melville ? Qui est Bartleby, pourquoi s’entête-t-il à refuser de faire ce pour quoi il est pourtant payé ? Se trouverait-on face à un cas de résistance passive à l’autorité et à un travail abrutissant où l’employé n’est qu’un pion dans le grand jeu capitaliste ? C’est ce que pensent les traducteurs de l’édition Libertalia (2020) de Bartleby. Pour eux, ce texte serait « la critique subtile mais radicale d’un système économique, social, politique, moral, né aux alentours des années 1840, à Wall Street, et de son esprit« . Melville aurait ainsi décrit « le monde de la start up nation ; des travailleurs surnuméraires, atomisés, surveillés, uberisés ; des managers non plus paternalistes mais amis ; le monde des bullshit jobs, ces travaux inutiles décrits par David Graeber, de l’open space et de la transparence ; un monde à la fois impersonnel et vide, dématérialisé et pétrifié, dans lequel toute issue ne débouche que sur des impasses et où toute forme de résistance est criminalisée« . Pas étonnant, selon eux, que « I would prefer not to ait pu servir de slogan, en 2011, aux manifestants du mouvement Occupy Wall Street« .
Peut-être. Mais pour moi le mystère demeure, ne serait-ce que parce que le point de vue de Bartleby ne nous est jamais donné. Je me contenterai d’y voir une fable absurde et kafkaïenne à propos d’un homme entêté, malade peut-être, qui s’isole, sans raison… rationnelle, d’un monde auquel il n’est sans doute pas adapté. Entre agacement et compassion face à ce personnage inaccessible, un texte drôle et intrigant qui laisse au bord d’un sentiment de malaise et au seuil de multiples interprétations.
Il s’agit du chapitre 3 de Moby Dick traduit par Théo Varlet.
Ce nom m’était familier sans pour autant pouvoir être précise.
Auteur, grand voyageur et traducteur, il a traduit entre autres Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome…
Alors j’ai fait une expérience je suis allée chercher mon Moby Dick chapitre 3 traduit par quelqu’un d’autre et j’ai presque eu l’impression qu’il s’agissait de deux histoires différentes.
Une expérience qui montre combien un traducteur doit avoir de talent, pour restituer un texte dans une autre langue et qu’il ne s’agit en aucune façon de traduire littéralement un texte.
Retrouvera-t-on la traduction entière de ce Moby Dick, car ce chapitre 3 a tous les ingrédients pour captiver le lecteur, des descriptions fines qui nous font vivre la situation, le choix des mots, qui montrent que mettre ses pas dans ceux d’un monument de la littérature américaine est un pari gagné par Théo Varlet.
En refermant ce chapitre, le lecteur comprend l’intérêt de le publier.
Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions L’Herne pour cet opus.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 juillet 2019.
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