Tarmac blues de Gérard Carré
Coup de cœur pour ce sublime polar noir. Une lecture dévorante, absorbante, des personnages hauts en couleurs qui font tout le charme de cette intrigue profondément ancrée dans l’humain. Tout d’abord parlons des deux personnages masculins, deux flics, deux « presque » frères. Léonard Delevigne qui dirige depuis peu la brigade de lutte contre le narco-djihadisme et Milovan Milosevic, son commandant, intrépide qui travaille sous ses ordres. Puis il y a une pléiades de personnages féminins tous plus différents les uns des autres, des personnages riches et bien construits auxquels je me suis tout de suite attachées. On trouve Salomé Delevigne enceinte de jumeaux et femme de Léonard, Leïla jeune docteur en proie à une course poursuite, Lucie la Belle fée Gore, Jeanne ancienne soixante-huitarde, Louise rescapée du Rwanda et fliquette. Au moins deux intrigues à suivre, qui se croisent entre une clé USB introuvable et l’enlèvement de Salomé, les rebondissements s’enchainent ne laissant pas un instant de répit au lecteur (c’est tout ce que j’aime). De la corruption à tous les étages, chez les flics, en prison, on ne sait plus à qui se fier. Une écriture unique, vive et pleine de références qui viennent faire échos tantôt sur l’émotion ou sur l’humour, j’ai adoré. Des descriptions plus vraies que nature de la vie en prison et des trafics de quartier. Un parrain alias Viking incarcéré et son avocat le vieux JB formidablement bien décrit avec des scènes fortes à Fleury. De l’action comme s’il en pleuvait, il faut dire que Milo est un ancien baroudeur casque bleu, intuitif et fonceur. Ce qui m’a le plus accroché c’est les fêlures que l’auteur a pris soin de faire porter à chacun de ses personnages, les rendant touchants et même émouvants en tous les cas complètement accessibles. Je n’en dévoilerai pas plus, juste vous dire que si vous ne deviez lire qu’un polar cette année, lisez celui-ci, vous ne le regretterez pas. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/03/22/38879646.html
De l'action, des rebondissements en pagaille, de la page 9 à la page 365, sans aucun temps mort. Lorsque, à certains moments, j'ai pu me dire "Cool, ça va finir pépère -mais bon, il reste quand même xx pages", eh bien, il y a un grain de sable ou un galet voire un rocher dans les rouages, un truc qui fait que pépère n'est pas présent, et que ce mot est absolument à bannir de cette recension.
C'est typiquement le genre de polar qui fait repousser l'heure du coucher, tant on se demande ce qu'il va arriver, à qui ? pourquoi ? qui va surgir au bon ou au mauvais moment selon qu'on est pour les flics ou pour les voyous ? Gérard Carré qui est également scénariste pour la télévision et le cinéma sait tenir un lecteur, à coups de courts chapitres qui alternent les narrateurs pas toujours aussi blancs ou noirs qu'ils voudraient le faire paraître.
Ce roman qui, mon cours résumé en est la preuve, commence avec des hommes, des flics expérimentés, révèle davantage le courage et la personnalité forte des femmes : flique, délinquante, victime, témoin... toutes portent ce polar et le font vivre. Elles ont pour beaucoup vécu la violence dans leur enfance : le Rwanda, être une jeune femme arabe en cité, agression d'un "beau-père"... mais elles gardent en elles une grande part d'humanité même lorsque la vie les teste durement.
Excellent polar donc, non dénué de touches d'humour qui fait passer des scènes assez dures ; le seul hic est qu'une fois commencé, on ne peut plus s'arrêter...
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