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Francoise Pons

Francoise Pons
Journaliste, Françoise Pons arpente depuis ses débuts l'Europe centrale et orientale. Fascinée par l'ambivalence hongroise et soucieuse de restituer la vraie personnalité de cette Hongrie si complexe, elle démèle ici l'écheveau nostalgique d'un récit national tourmenté.

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    Couverture du livre « Hongrie ; l'angoisse de la disparition » de Francoise Pons aux éditions Nevicata

    Patrice L. sur Hongrie ; l'angoisse de la disparition de Francoise Pons

    https://evabouquine.wordpress.com/2016/12/04/francoise-pons-hongrie-langoisse-de-la-disparition/

    Françoise Pons est une journaliste spécialiste de l’Europe Centrale et Orientale. Grâce à une connaissance profonde de la Hongrie, elle nous éclaire aujourd’hui sur ce pays en portant un regard...
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    https://evabouquine.wordpress.com/2016/12/04/francoise-pons-hongrie-langoisse-de-la-disparition/

    Françoise Pons est une journaliste spécialiste de l’Europe Centrale et Orientale. Grâce à une connaissance profonde de la Hongrie, elle nous éclaire aujourd’hui sur ce pays en portant un regard tout en nuances qui permet de mieux saisir l’esprit du peuple hongrois et le malaise qui s’en est aujourd’hui saisi.

    Les Hongrois sont angoissés par leur disparition : tel est le titre du livre et le message principal qu’il offre. Attardons-nous tout d’abord sur ce premier point. L’Histoire nous éclaire là-dessus :

    "Seuls sur une île, perdus dans un océan slave, comme assiégés : ainsi se perçoivent les Hongrois qui restent marqués par leur histoire d’occupations successives depuis le seizième siècle. La domination de l’Empire ottoman, des Habsbourg puis le communisme ont aiguisé cette sensibilité."

    Dans cette histoire tourmentée, le traité de Trianon signé en 1920 après la 1ère guerre mondiale joue un rôle majeur. Comme le rappelle dans un entretien à la fin du livre Balázs Ablonczy, « la Hongrie a perdu les deux tiers de son territoire et 60 % de sa population. Un Hongrois de souche sur trois s’est retrouvé citoyen d’un autre État. La Hongrie a payé plus chèrement que les autres pays vaincus. »

    Le sentiment d’être les perdants de l’histoire est très fort chez les Hongrois. Après le démantèlement du pays, viendra la période communiste (remémorons-nous en cette année 2016 les 60 ans de la répression de 1956), puis la perspective de l’intégration européenne, et ses désillusions.

    Le doute de l’avenir et la mélancolie génèrent de plus une crise démographique importante (perte de 1 million d’habitants depuis la chute du rideau de fer) et un taux record de suicides (le 10ème dans le monde).

    Second point : l’intégration dans l’Union Européenne. J’ai parfois été critique moi-même sur ce pays et son premier-ministre, ne comprenant pas cette « ingratitude » envers Bruxelles et le reste de l’Europe. Là encore, le livre donne un éclairage intéressant. Après 1989, la Hongrie a vécu une très forte crise. Si l’endettement du pays était colossal à la sortie du communisme, les Hongrois avaient eu davantage accès aux biens de consommation que leurs voisins (la Hongrie était considérée comme « la baraque la plus joyeuse du camp ») ; le « communisme du goulash » de Kadar les avait en quelque sorte protégés.

    Ce qu’écrit Françoise Pons est révélateur :

    "Les Hongrois ont eu le sentiment d’avoir été roulés au nom du libéralisme. Dans l’économie courante, le seul bénéfice qu’ils ont pu retirer des privatisations, c’est l’achat d’appartements privés.(…) La Hongrie n’a retrouvé son niveau de vie de 1988 qu’en 2001."

    Ces privatisations se sont faites dans des mains étrangères (en 1998, cela concernait 75% de l’économie du pays). La perspective de l’adhésion à l’Union Européenne a cimenté le pays pendant plusieurs années, mais la faible croissance d’après 2004, le placement sous l’autorité du FMI ont fait voler l’unité :

    "Le journaliste Bálint Ablonczy, bien connu en Hongrie, chef de service à l’hebdomadaire de centre droit Heti Valasz, parfait francophone et francophile, résume particulièrement bien le sentiment d’une grande majorité de la population. « Pendant vingt ans, le gouvernement hongrois nous a dit que si nous faisions comme les Occidentaux, nous vivrions comme eux. Nous avons dit oui à tout ce que nous demandait Bruxelles. On a écouté et appliqué toutes les leçons. Or le résultat a été un échec. Maintenant on en a assez de s’entendre dire : ‘Encore un peu de patience, encore des sacrifices’. Avec la crise de 2008, le rapport d’élève à professeur a volé en éclats. Car en fin de compte quelle est l’Europe que nous avons intégrée sinon, comme l’a dit Viktor Orban en 2004, une Europe à croissance zéro, en crise économique et démocratique, incapable de se réformer, et qui doute d’elle-même ? » Ils ne font plus confiance à l’Europe pour les défendre."

    Troisième point : le Fidesz et Viktor Orban. Françoise Pons ne dédouane pas Viktor Orban de son comportement mais elle relativise certaines décisions très critiquées à l’Ouest comme la loi de 2011 sur les libertés religieuses ou encore la « reconnaissance des liens entre différentes parties de la même nation hongroise vivant dans des pays différents ». Enfin, n’oublions pas que la gauche dans ce pays s’est complètement décrédibilisée en 2006 lors de la révélation de l’état économique désastreux du pays, et que depuis, elle n’a jamais réussi à redevenir une alternative crédible.

    Pour conclure, je voudrais ajouter que Françoise Pons ne souligne pas seulement le malaise qui s’est emparé des Hongrois, mais aussi la chaleur du peuple, son ouverture vers les autres cultures (mais pas le multiculturalisme !), son art de vivre, l’importance de la littérature. Elle retranscrit à mon sens avec beaucoup de justesse l’attachement que l’on peut avoir envers la Hongrie.

    En moins de 90 pages, agrémentées à la fin d’entretiens avec des Hongrois, je conseille vivement ce livre aux étudiants, aux touristes et voyageurs, aux curieux, mais surtout à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce pays européen et dépasser les clichés.

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