L’auteur de BD, peintre et réalisateur raconte son énigmatique « Nu avec Picasso »
L’auteur de BD, peintre et réalisateur raconte son énigmatique « Nu avec Picasso »
D'un seul coup d'un seul, la planète se retrouve sans informations, sans WEB, tout a été vidé de son contenu. Impossible de savoir d'où et comment ça s'est produit. Mais chose étrange, Kameron Obb, de retour d'une mission dans l'espace, semble détenir à lui seul tout le savoir numérique du monde. Tous les pays font des pieds et des mains pour le récupérer, le posséder et ainsi le pouvoir qu'il représente.
Enki Bilal nous enchante à nouveau avec cette série qui, comme toujours, dénonce les travers politiques du pouvoir dans un monde dystopique. Non seulement il nous fait réfléchir à ce qu'une vie sans monde numérique pourrait être, mais il nous attire encore plus dans une "guerre" politique mondiale à la recherche de celui qui détient le savoir. Le propos est intelligent et le trait est toujours aussi beau à voir, même encore plus, je trouve, année après année. Les versions grands formats permettent vraiment d'en prendre plein les yeux, même si cette série est un véritable page-turner et qu'on a envie de vite savoir ce qui va se passer après.
Je pourrais dire tout simplement en résumé, Enki Bilal fait ce qu'il sait faire de mieux, du Bilal et il le fait très bien. Bien pensé, beau, il nous fait réfléchir et se paye même le luxe de parler de lui vers la fin du 3ème tome... Un cadeau à offrir, à s'offrir, ou à recevoir, optez vraiment pour cette version si vous le pouvez.
Troisième volet du palpitant roman de Enki Bilal.
Toujours la magie des dessins merveilleux dans un monde post apocalyptique.
Un véritable thriller autour de Kameron Obb, seul homme encore capable d'user des outils numériques pourtant au coeur de toute vie.
Les luttes s'intensifient autour de cet homme et de sa famille.
A suivre...
Ah ! les bleus de Bilal, ses coups de pinceaux, ses montages d'images travaillées ... et en plus il y a des flux et reflux d'anciennes références de son œuvre qui embrasse le XX ème siècle, mais aussi des nouvelles de notre XXI ème et des années à venir. Du lourd et dense. Et en plus il y a une histoire avec ce big bug paralysant et toujours les enjeux des rapports de pouvoirs, ... : 3 ème opus qui prolonge et relance vers le prochain que l'on a hâte de lire.
Ma nuit au musée propose à un écrivain une expérience unique, seul dans un musée, la nuit. Après Kamel Daoud, Lydie Salvayre, Adel Abdessemed avec Christophe Ono-dit-Biot, Santiago Amigorena mais aussi Lénonor de Récondo, c’est Enki Bilal qui a tenté et réussi l’expérience. Depuis, Bernard Chambaz, Leila Slimani, Zoé Valdès et Jakuta Alikazovic ont pris le relais.
Immense auteur d’albums de bande dessinée mais aussi scénariste et cinéaste, Enki Bilal nous avait présenté cette expérience en ouverture des Correspondances de Manosque 2020. J’avais laissé son livre dédicacé de côté et je m’y suis enfin plongé pour ressentir toute l’originalité d’un vécu, à l’intérieur du Musée Picasso, à Paris.
Au moment où cela se passe, le musée est en pleine thématique Guernica. Un simple lit de camp est installé pour permettre à Enki Bilal de prendre un peu de repos mais ce lit se transforme vite en baignoire de Marat assassiné par Charlotte Corday : Le Meurtre (1934).
Cette nuit, le nu est de rigueur : l’auteur est nu, Picasso, Dora Maar, Goya, les femmes et le bébé venant poser pour Guernica sont nus aussi.
Nu avec Picasso, Enki Bilal, après avoir été happé par une main invisible, marche dans le noir, dans le silence et pense aux prisons franquistes. La première œuvre qui prend vie devant lui, c’est La femme au vase (1933), bronze impressionnant de Picasso. Alors que l’odeur de la mine de plomb s’impose, odeur qu’il aime bien, Enki Bilal voir La femme qui pleure (1937). C’est Dora Maar, grande artiste, qui est là aussi, avec son appareil photo, et l’accompagne. Bien sûr, l’auteur de Bug dessine et illustre superbement ce petit livre. Il dessine même Hitler à la manière de Picasso, ce que ce dernier n’a jamais fait.
Enfin, avec l’arrivée d’Akilino et du Minotaure, c’est Guernica qui s’impose alors que Goya passe par là car Pablo Picasso aurait été très inspiré par El tres de mayo (1808) pour son tableau dénonçant la meurtrière alliance entre Franco, Hitler et Mussolini. Si Goya ne connaît pas ces personnages de sinistre mémoire, Dora Maar intervient et lui glisse que c’est un peu comme Napoléon pour lui.
Entre temps, Enki Bilal a dessiné Marx, Lénine, Staline et Mao et parle d’autres dictateurs. Le bruit des stukas s’amplifie, celui des bombes aussi. L’auteur s’identifie à un modèle devant tenir une pose impossible pour le peintre qui fait poser aussi ces trois femmes, ce bébé, le Minotaure, Akilino, pour un tableau voulant alerter le monde sur un désastre à venir encore plus terrible.
La tension est à son comble. Il faut sortir, se retrouver dans la rue, en jean, et terminer cet écrit très original, mêlant imaginaire, réalité, art, le dehors et le dedans des artistes.
Nu avec Picasso est une belle petite réussite pour Ma nuit au Musée (Stock), réussite bonifiée par les dessins signés Enki Bilal, le tout motivant un retour devant les œuvres ayant particulièrement impressionné l’auteur puisqu’elles ont repris vie devant lui.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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