Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Automne 1918. À Philadelphie, tout le monde se réjouit de la fin de la guerre. D'ailleurs, un grand défilé est prévu dans les rues. Parmi la foule circule un invité inattendu et terrible : le virus de la grippe espagnole.
En quelques jours, les premiers malades succombent dans d'atroces souffrances et les autorités sont débordées. La foule est invitée à rester à domicile.
Pia, sa mère et ses frères jumeaux de 4 mois attendent impatiemment le retour du père du front.
Lorsque la mère de Pia meure à son tour, la jeune fille prend en charge ses frères. La nourriture manque. N'ayant d'autre choix que celui de sortir à la recherche de nourriture, Pia quitte l'appartement, contrainte de laisser ses frères seuls quelques heures.
Bernice, sa voisine d'en face, la voit à cet instant. Elle prend alors une décision choquante qui va bouleverser la vie de Pia.
L'autrice sait jouer comme personne sur la corde sensible. Par son écriture au plus proche des émotions des personnages, elle inclue le lecteur dans l'histoire afin que celui-ci vibre au diapason de ses héroïnes. Car oui, dans les romans de Ellen Marie Wiseman, les femmes sont courageuses et déterminées.
Ce texte est également un récit initiatique avec ce je-ne-sais-quoi d'antique dans la distribution des rôles et dans le déroulé des actions. Pia se révèle dans l'adversité et grandit à travers des obstacles qu'elle doit franchir pour avancer dans sa quête de la vérité. Seule ou accompagnée, elle est celle qui dirige, avec acuité et intelligence.
L'autrice met en lumière un pan de l'histoire de l'Amérique du nord peu illustrée. On parle toujours de grippe espagnole en Europe mais elle a bel et bien traversé l'Atlantique. La sidération face à la dangerosité du virus, l'organisation dans l'urgence, les familles décimées, les enfants livrés à eux-mêmes... Le décor est planté pour donner lieu à des drames personnels dont celui de Pia n'est qu'un terrible exemple.
Parmi la galerie de personnages bien construits se trouve la dangereuse Bernice. Il faut savoir passer outre pour apprécier le roman. Elle se montre parfois si détestable que l'on peut douter de la crédibilité d'un tel personnage. Je ne veux pas croire que l'humain soit capable de telles atrocités mais le monde nous rappelle que malheureusement si, de tels monstres existent.
Alors j'ai choisi de me laisser bercer par l'histoire de Pia, avec quelques longueurs certes, mais captivante et lumineuse.
Bilan :
Un roman éprouvant mais résilient, superbement romanesque, dont l'écriture a débuté avant la déferlante covid. Fille ou mère, chacune ressortira touchée par cette lecture.
Une excellente lecture !
Qui me fait frôler le coup de cœur.
Un roman fracassant, émouvant qui est un véritable coup de cœur pour moi.
A travers le journal de Clara, on découvre combien il était facile de faire interner quelqu’un, surtout les femmes au siècle dernier. Les symptômes psychiatriques étaient mal connus. Cet asile, considéré d’avant-garde, car il a vraiment existé, traitait ses patients comme des sous-êtres humains. Maltraitance, malnutrition, humiliations, tel était le lot de ces pauvres hères. Sans oublier, les traitements par bains de glace, stérilisation des femmes.
Cela m’a fait penser au bal des folles de Victoria Mas. Ces deux romans nous permettent de découvrir ces traitements avilissants et brutaux tant en France qu’aux Etats- Unis.
J’ai terminé cette lecture, horrifiée. Heureusement, le personnage d’Izzy est porteur d’espérance. Une lecture passionnante que je vous recommande et qui vous donnera envie de creuser la question.
1931, Blackwood Manor. Lilly est une petite fille qui a grandi enfermée dans un grenier, passant son temps à jouer à la dînette avec son chat et à regarder par la fenêtre les chevaux de l'élevage de ses parents. Pourquoi ? Parce qu'elle est un monstre, affirme sa bigote de mère, et qu'elle ferait peur à quiconque la croiserait. Seul son père lui apporte un peu d'affection. Une nuit, à la faveur de l'absence de ce dernier, la mère de Lilly la fait sortir pour la 1ère fois de sa prison. Un cirque s'est installé dans le pré.
1956. Julia Blackwood hérite du manoir et de l'élevage de ses parents. Revenant sur les lieux de son enfance douloureuse, elle interroge le passé de la demeure et de ses occupants. Photos, coupures de journaux, porte dérobée... Autant d'indices qui vont peu à peu lui faire découvrir un secret innommable.
Incroyable fresque romanesque qui nous embarque dans des décors gothiques, somptueux et peu rencontrés en littérature, les coulisses d'un cirque des années 30.
Luminosité déclinante, couleurs du maquillage, velours des pelages, poussière des sols, éclat des costumes, le récit très cinématographique nous abreuve de détails pour mieux nous immerger dans l'histoire.
Ellen Marie Wiseman dresse un portrait sans concession de ce monde circassien. Les déplacements et la logistique, l'attrait pour le morbide et l' «anormalité », les rapports de force et de domination, l'exploitation animale, la souffrance des femmes...
Malmenées par les êtres humains, les deux héroïnes se retrouvent dans les souffrances infligées aux animaux. Leur rapport à l'animal, l'une aux éléphants, l'autre aux chevaux, leur permet d'exorciser leurs maux enfantins et soulève le questionnement encore actuel de la place de l'animal dans les cirques.
Une double narration haletante, dont on sait qu'elles vont se rejoindre, pour 2 héroïnes extraordinaires et résilientes face aux atrocités dont seule est capable l'espèce humaine.
On est surpris, envoûté, dégoûté, emporté, ému, on essuie une larmichette et on ne peut plus lâcher ces destins. Avec une petit qqchose d"Elephant Man" de Lynch en prime.
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