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Delphine De Malherbe

Delphine De Malherbe
Après un premier roman remarqué, La Femme interdite, Delphine de Malherbe signe avec La Fille à la vodka sa seconde autofiction, s'attaquant une nouvelle fois à un phénomène social inédit. Entre-temps, elle a été l'auteure d'Une passion, jouée au théâtre Marigny avec succès, d'un récit brûlant su... Voir plus
Après un premier roman remarqué, La Femme interdite, Delphine de Malherbe signe avec La Fille à la vodka sa seconde autofiction, s'attaquant une nouvelle fois à un phénomène social inédit. Entre-temps, elle a été l'auteure d'Une passion, jouée au théâtre Marigny avec succès, d'un récit brûlant sur Colette, d'un essai sur la foi... et d'une esquisse sur l'érotisme. Forte de la cohérence de ses textes, Delphine de Malherbe creuse son sillon.

Avis sur cet auteur (7)

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    Couverture du livre « À l'heure où les hommes vivent » de Delphine De Malherbe aux éditions Plon

    Yv Pol sur À l'heure où les hommes vivent de Delphine De Malherbe

    Autant le dire d'emblée, je suis circonspect. Ai-je lu un bon roman ou un ramassis de questionnements divers et tellement nombreux qu'on pourrait croire à un inventaire ? Suis-je dans un livre qui pose des questions existentielles ou dans un bouquin qui amoncelle des clichés, des stéréotypes ?...
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    Autant le dire d'emblée, je suis circonspect. Ai-je lu un bon roman ou un ramassis de questionnements divers et tellement nombreux qu'on pourrait croire à un inventaire ? Suis-je dans un livre qui pose des questions existentielles ou dans un bouquin qui amoncelle des clichés, des stéréotypes ? Les personnages sont-ils attachants, meurtris ou désagréables, lymphatiques et incapables de se bouger ? Tout à tour mon opinion à varié entre ces deux positions. Le début est formidable, cet homme qui regarde brûler sa maison sans pouvoir bouger : "Ma maison brûle et, dehors, je reste. Je reste et je regarde, effrayé, sans tâcher une seule seconde d'aider à éteindre l'incendie. Je suis en un instant devenu cet homme statufié, immobilisé, comme envoûté. Le feu mange mes murs tandis que des images de John juste avant sa mort m'assaillent." (p. 15) J'avale les premières pages avec avidité, sûr de me trouver dans un roman qui va me plaire jusqu'au bout. Mais je déchante, Delphine de Malherbe ayant le chic de passer des belles pages à une logorrhée parfois à peine supportable dans laquelle elle mélange tout, les amours et les doutes de Franck, le burn-out, la mort de John, les effets de la crise, la montée des extrémismes et des pratiques sexuelles SM en Angleterre, les épidémies, ... Tout est mélangé, balancé comme cela au détour d'un ou plusieurs phrases ; rien n'est approfondi, c'est absolument gratuit et ... sans intérêt !
    Et puis elle revient sur des idées plus travaillées comme la difficulté de se comprendre entre parents cinquantenaires et enfants adolescents. Ces parents qui ont eu des rêves, des combats et qui les ont abandonnés au profit d'une vie confortable passée à travailler, le nez dans le guidon, sans voir que le monde à côté d'eux évoluait ; ces ados qui ont encore des détestations, des indignations et qui veulent que le monde bouge enfin dans un sens plus solidaire. L'éternelle différence entre les jeunes et les adultes et le hiatus entre les jeunes que les adultes ont été et ce qu'ils sont devenus. Franck s'éveille au monde grâce à sa fille de 15 ans, à qui il inflige tout de même deux gifles et une troisième retenue de justesse en 120 pages ! Il est bien sûr question de la réussite d'une vie, mais à quoi la mesure-t-on ? A sa vie sociale ? A sa vie familiale ? A sa vie professionnelle ?
    Delphine de Malherbe pose beaucoup de questions, ne donne pas de réponses, et tant mieux. A chacun de les chercher en lui. En quatrième de couverture, il est écrit : "Après avoir traité des tabous féminins avec succès, Delphine de Malherbe s'attaque à l'univers masculin." Avec succès, la page n'en dit rien ? Comme je le disais en début de billet, je reste réservé, je ne me suis absolument pas reconnu en Franck, je le trouve égocentrique, agaçant (pour ne pas dire plus), antipathique (je vois ici des dames qui sourient en se disant que c'est la définition même d'un homme). J'ai été tour à tour emballé et énervé par l'écriture de l'auteure et par la teneur de ses propos, je reste donc mitigé, mais parfois, c'est bien de ne pas savoir réellement si l'on a aimé ou pas un roman, ça fait parler, ça dérange et c'est le propre de la littérature.

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    Couverture du livre « À l'heure où les hommes vivent » de Delphine De Malherbe aux éditions Plon

    François Riou sur À l'heure où les hommes vivent de Delphine De Malherbe

    Un livre pour lequel j'ai eu du mal au démarrage. Un peu hâché et pas simple de se mettre dans la tête de Franck. En tout cas une analyse intéressante de l'homme dans toute sa splendeur, ses vices, ses questionnements, sa complexité.

    Un livre pour lequel j'ai eu du mal au démarrage. Un peu hâché et pas simple de se mettre dans la tête de Franck. En tout cas une analyse intéressante de l'homme dans toute sa splendeur, ses vices, ses questionnements, sa complexité.

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    Couverture du livre « À l'heure où les hommes vivent » de Delphine De Malherbe aux éditions Plon

    VANILLE LN LECLERC sur À l'heure où les hommes vivent de Delphine De Malherbe

    "Quelle tyrannie d'être vivant quand on se sait que ça se passe à une seconde près, qu'ils n'y a pas de repos, qu'il suffit de regarder à gauche pendant que ça se passe à droite et que les espoirs meurent au moment où l'on se trompe."
    Franck Steiner, chercheur au CNRS, voit sa maison prendre...
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    "Quelle tyrannie d'être vivant quand on se sait que ça se passe à une seconde près, qu'ils n'y a pas de repos, qu'il suffit de regarder à gauche pendant que ça se passe à droite et que les espoirs meurent au moment où l'on se trompe."
    Franck Steiner, chercheur au CNRS, voit sa maison prendre feu, se consumer lentement, et toute sa vie bascule. Ses certitudes, ses valeurs, ses aspirations s'en trouvent bouleversés. Lui-même est perdu, embarqué dans un tourbillon de rencontres, d'événements, d'expériences et de pensées qui remettent tout en cause, à la fois son passé et son identité profonde. Il est essentiellement un homme de son temps, en proie à mille questionnements, doutes et désirs. Il est hésitant, entouré de femmes bien plus forte que lui. Son égoïsme, ses tromperies, ses mensonges sont les marques de sa fragilité et de son hyper-sensibilité. Toute sa vie lui échappe, il n'a plus aucune prise sur les événements de son existence, il les subit, non par désinvolture ou indifférence mais plutôt par une obstination à vouloir tout comprendre, les choses comme les êtres...
    Une question traverse tout le récit : "Les hommes sont-ils des êtres mus par leurs besoins, par leurs idéaux ou par leur quête du plaisir ? Qu'est-ce qu'une vie réussie à l'heure où le monde change ?" Pris entre sa fille, qui porte un regard à la fois lucide et sans concession sur le monde, et sa femme, trop perfectionniste pour être pleinement heureuse, Franck est le seul à croire encore à ses propres mensonges. Sa seule réponse à tous ses questionnements reste l'ambition, mais c'est une illusion de réponse, transmise de père en fils. Les propos de son père le hantent, un père "mélange de tsunami et de printemps noir", à la fois absent et omniprésent. Il est encombré par l'héritage imposé de cet homme dont il ne sait que faire, ne parvenant ni à s'en affranchir tout à fait ni à s'y reconnaître vraiment. Comment de toute façon mener à son terme cette quête de réponse dans un monde qui n'en offre aucune ?
    Après avoir dans ses précédent livres exploré avec tant de finesse et de sagacité l'univers et la psychologie féminines, Delphine de Malherbe a choisi cette fois-ci de poser son regard et ses mots sur la virilité, ses forces, ses doutes, ses désirs, ses besoins, ses incertitudes. D'une plume toujours aussi ciselée et juste, elle dépeint subtilement les difficultés d'un homme perdu dans un monde fêlé, égaré dans une société en déclin, aux codes flous, sans véritables repères et dans laquelle il est si compliqué de rester fidèle à ses valeurs, à ses aspirations, à des convictions qui semblent souvent dépassées. "Vouloir accomplir une chose, et constater que je demeure incapable de faire ce geste, écartelé entre mes désirs immédiats et mes aspirations profondes." Déchiré entre ses paradoxes les plus intimes, Franck est condamné à l'inaction, à l'impuissance ou aux pulsions. Et à travers lui, ce sont tous les hommes de notre temps qui sont portraiturés, avec autant d'élégance que de finesse.
    À l'heure où les hommes vivent est un roman puissant, vertigineux, qui cogne au cœur en ce qu'il décrit des situations, des moments clés de l'existence auxquels chacun peut être confronté, ces instants d'équilibre instable qui nous place aux carrefours de nos vies, qui sont infiniment complexes, douloureux parfois, angoissants toujours mais qui permettent souvent de redéfinir ses priorités, de changer de perspectives, voire de vie.
    L'écriture – magnifique, puissante – est en parfaite correspondance avec les nombreux thèmes du roman, contemporaine, vivante, sensible et nous entraîne dans un thriller psychologique impeccablement orchestré et mis en scène.
    Le roman ne donne pas de réponses aux multiples questions posées – ce n'est pas son rôle... Bien au contraire, il vient bouleverser nos certitudes, interroger nos incertitudes et formuler cet unique vœu pour le lecteur et pour tout homme, à l'heure où il vit : "Que sa vie ne soit pas un mensonge et que son vécu ne fasse pas [de lui] une personne divisée."

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    Couverture du livre « L'aimer ou le fuir » de Delphine De Malherbe aux éditions Plon

    VANILLE LN LECLERC sur L'aimer ou le fuir de Delphine De Malherbe

    Après David Foenkinos avec (John) Lennon et Amanda Sthers avec Liberace, c’est Delphine de Malherbe qui se plie au difficile et réjouissant exercice d'allonger un artiste sur le divan de la psychanalyse. Dans L’aimer ou le fuir, la jeune auteure fait suivre à l’écrivaine Colette une unique...
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    Après David Foenkinos avec (John) Lennon et Amanda Sthers avec Liberace, c’est Delphine de Malherbe qui se plie au difficile et réjouissant exercice d'allonger un artiste sur le divan de la psychanalyse. Dans L’aimer ou le fuir, la jeune auteure fait suivre à l’écrivaine Colette une unique séance, fictive mais si réelle, à un moment décisif de sa vie.

    Voyage dans le temps, nous nous retrouvons en 1920, dans la maison bretonne de Colette, à Rozven. L’écrivaine a 47 ans, elle est désormais célèbre. On admire sa plume, son audace et son excentricité.

    «On m’admire beaucoup trop. Ce ne sont pas de vrais romans que j’ai écrits. Docteur, je vous l’ai dit, je me raconte, seulement, oui, je me raconte, mais avec panache. Je suis la papesse de l’autofiction avant l’heure», dit-elle, sous la plume de Delphine de Malherbe, dans un bel anachronisme puisque le terme même d’autofiction n’a été inventé qu’en 1977 par Serge Doubrovsky.

    Delphine de Malherbe s'autorise ci et là quelques références de notre temps, quelques anachronismes qui ne desservent en rien le récit, puisque il est admis comme par un contrat tacite entre le lecteur et l'auteure que ce monologue est purement fictif, fondé sur des faits réels de la vie intime, familiale et littéraire de Colette, mais romancés, réinventés. Bien au contraire, Colette se rapproche un peu plus, se fait contemporaine, familière.

    La petite provinciale s'est mariée très jeune à Henry Gauthier-Villars dit Willy, un séducteur infidèle qui, non content de signer de son nom les livres qu'elle écrivait et d'en récolter le succès, s'est consciencieusement appliqué à lui briser le cœur. Colette revient sans complaisance sur son passé amoureux, ses passions et ses destructions, sur cet amour irréel, chaotique et destructeur pour son premier mari – "Comme il faut du cran pour avoir osé choisir l'homme qui vous comble à en crever."– Elle l'accuse d'être responsable de sa mort sentimentale, décrivant dans le détail et sans tabou aucun ses ébats amoureux, sa soumission à cet homme plus âgé et dominateur. Colette lui a tout donné, corps, littérature et âme. Il faudra longtemps et la tromperie de trop pour qu'enfin elle se décide à le quitter. Colette se produit alors sur les scènes parisiennes des music-halls, danseuse à moitié nue ou femme en costume d'homme ; elle offre son corps sur scène, se donne au public qui la désire et fantasme sur cette scandaleuse magnifique. Elle aime à la fois des hommes et des femmes, évoquant brièvement ses liaisons féminines. On dirait aujourd'hui que Colette était "bisexuelle". Pas à cette époque où les mots sont tabous. Pas pour Colette qui ose dévoiler aux yeux du monde ce qui se murmure dans les alcôves...

    Grâce à sa notoriété et à sa plume, Colette devient chroniqueuse judiciaire et critique de théâtre. Et elle épouse Henry de Jouvenel, un politicien, rédacteur en chef du journal Le Matin.

    Enfin une histoire, sinon d'amour, tout au moins basée sur le respect, la loyauté, l'admiration réciproque. Jusqu'au jour où Colette le découvre en Une d'un journal, en lune de miel avec une autre...

    Dans sa maison de Bretagne, Colette n'est pas seule. Il y Bertrand, le fils d'Henry. Elle a 47 ans et lui 17. Il lui déclare son amour, elle se sent prête à succomber... "Ce qui nous arrive est bien plus grave qu'une histoire d'amour : c'est une rencontre. Ils n'ont qu'à vivre. Ils sauraient. Une rencontre, ça peut être une vie."

    Tout se bouscule dans sa tête. Elle est perdue. Elle décide alors, sous la plume de Delphine de Malherbe, de parler à un psychanalyste pour qu’il l’aide à voir plus clair.

    Elle a l'âge d'être sa mère, elle est la femme de son père, mais Bertrand aime Colette d’un amour sincère, passionné, absolu. Il lui déclare, il lui déclame, il lui écrit. Mais elle, la sulfureuse, la féministe avant l'heure, la femme moderne et libérée qui a fait éclater tant de tabous, hésite à se lancer dans cette aventure d'amour interdit.

    Colette est terrifiée non pas par le qu'en-dira-t-on mondain dont elle a depuis longtemps cessé de se préoccuper, mais par ce que pourrait provoquer cet amour. Elle craint d'être une fois encore blessée, et de perdre le peu qu'il lui reste. Elle imagine aussi, malgré tout, la réaction de son mari – bien qu'il la trompe de façon éhontée – et à celle de sa fille, Bel Gazou alors âgée de sept ans. Elle a peur aussi que se reproduise ce qui s'est passé la dernière fois qu'un jeune homme l'a aimée, il a fini par se donner la mort et ce suicide la hante.

    "Mais Bertrand est le premier à me refaire croire à l’amour. Il se conduit comme les hommes dont je rêvais petite fille, comme les hommes devraient se conduire avec les petites filles devenues des femmes. Il est protecteur, curieux, fort, il m’apaise sans oublier de tenir le cap".

    Au fur et à mesure de son cheminement psychanalytique, Colette prend conscience que Bertrand est tout ce qu'elle attendait d'un homme depuis si longtemps...Et elle finit par confesser à son psy et à se l'avouer à elle-même : "J'aime Bertrand. Plus je vous parle avec vérité, plus je prends confiance en vous, docteur, et plus il est avec moi. Il me manque, là, et cette absence me fait mesurer ma fragilité."

    Bien que l'ouvrage soit avant tout consacré, à travers cette psychanalyse fictive, aux émotions et hésitations amoureuses de Colette, Delphine de Malherbe ne néglige pas pour autant sa vie littéraire si riche et si passionnante. Colette évoque la parution scandaleuse de Chéri, qui lui apparaît alors prémonitoire puisqu'il raconte l'histoire d'un tout jeune homme qui s'éprend d'une femme de l'âge de sa mère... Elle parle aussi, merveilleusement, de l'écriture : "Le travail de l'écrivain est une étreinte amoureuse. L'amour, c'est mon métier. Un mot n'est qu'une brassée de lettres qui vivent entre elles et se respirent (…) Je suis une magicienne qui donne du corps et de la voix aux mots." Ou encore : "Mais un écrivain est un handicapé. Il raconte ce que les autres taisent. Il ment : il laisse croire qu'il a vécu et qu'il sait le monde d'un regard tranchant. Il cherche des réponses sur son incapacité à vivre, à aimer. Mieux vaut pour lui apporter à son lecteur un minimum d'évasion, de réflexion. J'assume. Je tâche d'être utile.Je hais les artistes qui pleurent sur eux-mêmes. Un créateur dois se tenir droit, hésiter entre la noblesse et la tristesse de son destin, et s'arrêter à ce sentiment-là. Une œuvre n'existe que pour dire à ses admirateurs que ça va mieux, on peut échapper à la vie, il existe une alternative."

    L’aimer ou le fuir est une fiction originale et profonde, qui dévoile les paradoxes d’une femme tout à la fois blessée et amoureuse, fragile et forte, en proie au doute et pleine de certitudes. Elle est moderne, féministe avant l'heure, indépendante en diable et pourtant, ne peut se passer de l'amour sincère et de l'épaule accueillante d'un homme. L'écriture est sa vie, elle écrit pour exister, mais a aussi un intense besoin d'être aimée, sincèrement.

    Cet ouvrage dense et passionnant nous fait découvrir mille facettes de ce personnage complexe, singulier et attachant qu'est Colette. Et donne vraiment envie de se replonger dans ses œuvres...

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