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Gabriele Clima

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    Couverture du livre « Ma place au soleil » de Anouk Filippini et Gabriele Clima aux éditions Auzou

    Marie Kacher sur Ma place au soleil de Anouk Filippini - Gabriele Clima

    J’ai récemment eu un débat pour le moins passionné avec d’autres chroniqueurs, qui ne voyaient absolument aucun mal à demander cinq ou six ouvrages en services presse en même temps à un même éditeur, alors que je veille pour ma part à ne jamais abuser de la générosité de ces maisons d’édition et...
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    J’ai récemment eu un débat pour le moins passionné avec d’autres chroniqueurs, qui ne voyaient absolument aucun mal à demander cinq ou six ouvrages en services presse en même temps à un même éditeur, alors que je veille pour ma part à ne jamais abuser de la générosité de ces maisons d’édition et me contrains donc à ne faire qu’un seul et unique choix parmi les nombreuses sorties que ces dernières me proposent … Je pars en effet du principe qu’étant une petite blogueuse à la visibilité plutôt moyenne, je ne peux pas leur « apporter » beaucoup du point de vue « retour sur investissement » (car envoyer des services presse aux blogueurs représentent un coût), et que je dois donc demander à la hauteur de ce que je peux leur offrir … C’est parfois, et même souvent, très difficile de ne choisir qu’un seul et unique titre et d’en laisser d’autres de côté, mais cela me permet d’être en paix avec moi-même. Et de savourer encore plus l’élu du trimestre, celui qui a surpassé tous les autres au moment de la sélection cruciale !

    Le voici, une fois de plus, convoqué dans le bureau du directeur : cette fois-ci, c’est pour une ridicule affaire de poignée cassée que Dario se retrouve face à la perruque du chef d’établissement. Mais contrairement aux nombreuses autres fois où le jeune homme s’est assis sur cette même chaise à attendre patiemment que l’entrevu se termine, ce n’est pas un simple sermon qui l’attend. Non. Sa professeure principale et le directeur l’ont inscrit au service d’assistance volontaire. Volontaire. La bonne blague. Le voici donc contraint de passer plusieurs heures par semaine à aider Andrea, alias Andy, « un semi-débile en fauteuil roulant ». Bon gré mal gré, Dario suit les instructions de l’assistante spécialisée du jeune handicapé : il pousse le fauteuil, noue le bavoir, hisse le fauteuil dans les escaliers, essuie la bave. Et puis voilà qu’un jour, agacé par ces rituels ridicules, pris d’une impulsion incontrôlable, Dario embarque Andy avec lui sur les routes italiennes. Sur les traces du père de Dario et sous les rayons du soleil qu’aime tant Andy …

    La quatrième de couverture me promettait « un road trip captivant sur les routes d’Italie mené par un duo improbable » … Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le roman tient effectivement cette promesse. Ce roman, c’est une histoire d’amitié atypique sur laquelle nul ne pouvait miser : qui pouvait s’attendre à ce que Dario, le fauteur de troubles qui ne respecte rien ni personne, allait se prendre d’affection pour Andy, jeune garçon enfermé dans son corps infirme ? Tout semblait les opposer … Mais en réalité, ils se ressemblent tellement. Car tous deux sont dans la révolte. Il y a d’abord celle de Dario, qui vit seul avec sa mère depuis que son père les a abandonnés, qui en veut en monde entier et l'exprime par la violence et l'indifférence. Et il y a celle bien plus discrète d’Andy, coincé dans son fauteuil roulant, incapable de communiquer, de protester, d’exiger. L’un et l’autre sont enfermés dans la vision que les autres ont d’eux : tout le monde ne voit en Dario qu’un criminel en devenir et en Andy une petite chose fragile et docile. Et c’est bien pour cela que chacun voit l’autre tel qu’il est réellement : parce qu’ils savent ce que c’est que d’être prisonnier d’une petite étiquette.

    Pourtant, au début, ce n’était pas gagné. Par principe, Dario ne pouvait que se rebeller contre ce service d’assistance involontaire. Comme une bête rétive, il traine des quatre fers et rechigne. Comme un fauve entravé, il montre des dents, il attaque. Mais progressivement, sa colère change de cause : ce n’est plus seulement parce qu’on l’oblige, lui, à faire quelque chose qu’il ne veut pas faire, mais aussi et surtout parce qu’on oblige Andy à subir des choses qu’il ne veut pas faire. A travers le regard indiscipliné de Dario, qui se contrefiche des convenances comme de sa première heure de colle, l’auteur aborde une terrible et cruelle réalité : sous couvert de « bienveillance », sous couvert du « bien-être » des personnes lourdement handicapées, on oublie qu’elles sont avant tout des personnes, justement. Avec des envies et pas seulement des besoins. Une scène m’a particulièrement touchée dans ce roman : ce moment où Andy exprime à Dario (et non pas à Elisa, son assistante attitrée, faussement dévouée mais particulièrement aveuglée) sa volonté de sentir le soleil. Le sentir pour de vrai, et non pas le voir à travers une vitre. Ce souhait viscéral de vivre « la vraie vie » et non pas de l’observer de loin comme s’il n’était qu’un vase de cristal posé dans un coin …

    Et c’est ce qui décide Dario. Sur un coup de tête, sans réellement réfléchir aux conséquences de ses actes, il est vrai, il empoigne les poignées du fauteuil roulant et s’engouffre avec son nouvel ami dans un train. Les voici sur les routes italiennes, sur les traces du père de Dario, ce père dont l’absence inexpliquée et inexplicable lui pèse tant et si bien que parfois il ne peut plus se lever de son lit, il ne peut plus bouger, il ne peut plus respirer. Dans une détresse invisible que nul ne détecte jamais, dans un appel à l’aide qui ne reçoit jamais de réponse. Les voici sur les routes italiennes, sous le soleil, ce soleil qui danse dans les yeux et les cheveux d’Andy, dans le sourire d’Andy, dans les mots d’Andy, dans les gestes d’Andy. Dans une joie si profonde et nouvelle qu’Andy se déploie comme une fleur. Les voici sur les routes italiennes, liés par une amitié d’autant plus profonde qu’elle est simple : quelques regards échangés suffisent pour qu’ils se comprennent, car ils sont sur la même longueur d’ondes. C’est tout bonnement émouvant. On pourrait reprocher à Dario d’être irresponsable, lui qui a en quelque sorte kidnappé un gamin sans défense, mais il prend tellement soin d’Andy, il prend tellement sa défense aussi, qu’on ne peut finalement pas lui en vouloir. Et d’ailleurs, la scène avec le père d’Andy, à la fin, est tout bonnement incroyable sur ce point …

    En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un récit particulièrement poignant que nous offre l’auteur. Un vrai roman étincelle : éphémère mais lumineux. Qui met du baume au cœur, mais qui laisse aussi un vide à l’âme. Car il se termine aussi vite qu’il a commencé. Car il faut les quitter aussitôt après les avoir rencontrés. C’est peut-être là le seul « défaut » que je puisse réellement trouver à ce roman, le seul « point noir » à cause duquel ce n’est pas un coup de cœur : il est si court ! Cette épopée est probablement l’expérience la plus importante de toute leur existence : c’est comme si le train-train de la vie quotidienne s’était mis en pause pour leur permettre de réorienter les rails à leur convenance. Une telle quête identitaire, existentielle même, aurait mérité d’être un peu moins précipitée … Malgré tout, c’est un roman d’une puissance rare, d’une beauté inouïe. C’est vraiment une histoire qui m’a énormément touchée et émue, par la douceur qu’elle véhicule derrière les accès de colère de Dario, par la force qu’elle transmet derrière l’apparente fragilité d’Andy. Par cette amitié d’autant plus profonde qu’elle est emplie de simplicité …

    http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/04/ma-place-au-soleil-gabriele-clima.html

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