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En pleine inquisition, une sage-femme tente d'aider les femmes à mettre au monde leurs enfants. Mais en cette période troublée où des règles absurdes gouvernent, il est parfois difficile de choisir entre la morale religieuse et ses propres convictions. Un récit où les femmes ont un rôle central. Avec pour thème central le droit des femmes à disposer de leur corps, je ne pouvais qu'être attirée par cette lecture. C'est une jolie réalisation, où la sororité prend tout son sens, même si je trouve que les actions s'enchaînent un peu rapidement.
« titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024 »
Cologne, 1630. Tandis que les bûchers de sorcières se multiplient, Garance, une sage-femme pieuse et méthodique est en proie à un dilemme lorsqu’elle croise la route d’une noble qui lui demande une intervention qui va à l’encontre de ses croyances. Chaque jour une nouvelle loi complexifie le travail des sages-femmes. Désormais c’est la belladone qui est interdite, une plante que l’Eglise attribue au diable et au pêché. Son usage va mettre d’abord Adélaïde, son amie et mentor, entre les mains de l’Inquisition, avant que ce ne soit aussi le tour de Garance d’être jugée.
Cette bd historique met en avant un sujet universel qui est le contrôle du corps des femmes par les hommes, ainsi que la difficulté à être une femme savante dans l’Europe du XVIIe siècle.
Un récit prenant.
Avec cet album, nous sommes plongés dans le Saint Empire Germanique du XVIIème siècle. En Europe, la Guerre de Cent ans fait rage laissant derrière elle son cortège de famines et d’épidémies. Cologne quant à elle est en proie à la pauvreté. A cette même époque règne également une chasse aux sorcières qui fera 60 000 victimes. Alors que les sciences et techniques progressent, les croyances en la magie sont encore très ancrée dans la population peu instruite.
L’histoire va ici être racontée du point de vue d’une sage-femme Garance. A cette époque les sages-femmes, ou ventrières sont l’un des piliers d’une société où les naissances et les morts en couches sont nombreuses. Paradoxalement , elles font partie des corps de métier les plus touchés par la chasse aux sorcières. Souvent issues de classes sociales moins aisées, elles sont des proies faciles. Elles se devaient de déclarer toutes naissances, même celles hors mariage, ce qui leur causa bon nombre d’accusations en sorcellerie par vengeance. A l’origine de cette persécution , les pouvoirs surnaturels qu’on leur attribuait leur ont causé beaucoup de tort. De part leur grande connaissance des plantes, elles ne faisaient que confectionner des potions pour soulager leurs parturientes ou utilisaient des pierres aux vertus spirituelles, leurs potions n’avaient rien de magique, elles relevaient de leur savoir scientifique que nous utilisons encore actuellement. Mais, elles pouvaient aussi, en grand secret, utiliser ces mêmes plantes pour interrompre des grossesses c’est pour cela étaient particulièrement ciblées par l’inquisition.
Le savoir des sages-femmes n’était pas consigné par écrit, cette compétence se transmettait de femme à femme. Les prétendantes étaient formées par une sage-femme expérimentée. On jugeait que seule une femme ayant déjà enfanté était apte à faire naître. Lorsqu’un accouchement ne se déroulait pas bien , elles pouvaient baptiser les nouveau-nés afin de leur éviter de mourir dans le péché. Très appréciées de la population, elles étaient souvent désignées comme marraines des enfants qu’elles venaient de mettre au monde , ce qui représentait une grande preuve de confiance. Elles jouaient également un important rôle d’état civil en étant chargées d’inscrire les nouveau-nés sur les registres de la paroisse car il faut savoir qu’à cette époque, les pères étaient obligés de subvenir aux besoins de la mère et de l’enfant , même en cas de naissance hors mariage. Si l’enfant n’était pas inscrit sur les registres, la mère ne pouvait pas faire valoir ses droits en la matière.
Nous suivons donc Garance, qui fut sauvée par Adélaïde après un drame personnel. Adélaïde lui a transmis ses compétences de sage-femme et Garance, fervente catholique et respectueuse des lois, est reconnue et appréciée de tous pour ses grandes compétences et est même la meilleure de la ville dans son domaine. Elle assiste les femmes, accompagnée de Justina son assistante, qu’elle forme à son tour. Elle va intervenir successivement chez un jeune couple illégitime où le jeune homme tente vainement de la soudoyer afin qu’elle ne déclare pas le nouveau-né, puis, elle va aider, contre sa volonté mais par devoir, Elsa, une jeune et riche bourgeoise dont le mari est parti à la guerre depuis plusieurs années et qui a fauté avec un homme de passage. La chasse aux sorcières fait rage et chaque jour apporte de nouvelles interdictions. Quand c’estau tour de la Belladone « l’herbe du Diable », d’une grande efficacité auprès des jeunes accouchées, d’être interdite par l’Inquisition, Garance la remplace par d’autres plantes alors que la vieille Adélaïde refuse de se plier à cette interdiction ,idiote et sans fondement, proclamée par des hommes ridicules.
Tout est en place pour que l’histoire nous happe par ses rebondissements.
Un carnet bonus de huit pages replace cette histoire dans son contexte historique ( qui m’a permis de faire cette chronique) et de découvrir l’origine de ce métier de sages-femmes, indispensable à toute société.
Chasse aux sorcières auprès des sage-femmes
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Une bande dessinée destinée à la jeunesse et qui est définitivement à mettre entre toutes les mains. Je l'ai déjà conseillée à plusieurs de mes amies et à mes deux filles.
Quand l'Inquisition décide de s'en prendre à la guilde des sage-femmes, en Cologne, c'est vraiment une catastrophe.
Et surtout que c'est inspiré d'un personnage bien réel (cette sage-femme a bien exercé) et a permis aussi de mettre en lumière la solidarité féminine en ces temps troubles.
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Quelle tristesse aussi de voir comment sont traités les herboristes (ainsi que leur pharmacopée bien utile, notamment la belladone - herbe du diable - d'où l'atropine est synthétisée et qui rend des services encore aujourd'hui sous une forme plus "hospitalière").
Moi-même soignante et phyto, je ne pouvais que réagir fortement à la lecture de cette ignominie faite aux parturientes en train d'accoucher dans les douleurs.
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Un bonus (à la fin du récit) appréciable et tres didactique, renseignant le lecteur sur l'Histoire de la sorcellerie, la chasse, l'Inquisition, la botanique, les personnages....
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