L'auteur met en récit deux cents ans d’histoire de la privation de liberté et de l’exploitation humaine dans la région de l’actuel Tchad
La Roue et autres nouvelles est composé de six récits, six histoires avec des personnages différents. Tout tourne autour des femmes, celles qu’on croise, celles que l’on quitte où qui vous quittent, celles qu’on retrouve des années plus tard. Dans chaque histoire, une situation alambiquée, voire un malentendu, plonge le narrateur dans les affres du doute ou des regrets. Certaines sont déjantées comme « Mon client de quatre heures », qui met en scène deux agents du fisc et un soi-disant psychiatre, c’est surréaliste et hilarantes. D’autres plus poétiques comme « Le lilas lie de vin » qui raconte une rencontre fantasmée.
Il faut savoir entrer dans l’univers particuliers de Christian Gailly pour en apprécier toute l’absurdité et l’ironie douce-amère. Les situations sont toujours banales, un cadeau d’anniversaire pour une femme qu’on aime, une inconnue qui vient demander de l’aide pour sa roue crevée, ou bien un gâteau préparé et offert à la voisine, mais de ces situations somme toute banales, Christian Gailly tire de petites histoires saupoudrées d’irrationnel avec sa petite dose de dinguerie.
Christian Gailly nous fait pénétrer l’intimité de l’écriture, nous plonge au cœur de la vie de ses personnages et c’est saisissant. Pas facile de raconter une histoire en peu de pages, trouver le ton juste, savoir créer des ellipses sans perdre le lecteur, et dans cet art, l’auteur excelle.
M. Christian Gailly nous propose dans « Un soir au club » l’histoire d’un retour et d’un départ. Retour au jazz de Simon Nardis, étoile du jazz qui a connu la déchéance, qui a lâché son amour du piano pour l’amour de Suzanne, et qui va, ce fameux soir, être entraîné par un collègue dans un club, le Dauphin vert, où se joue le jazz qu’il a tant aimé et qu’au fond il n’a pas oublié. Et c’est aussi le retour de l’amour, avec cette rencontre, de cette femme, cette américaine avec qui il va chanter, et dont aussitôt il va tomber amoureux. Le départ, ce sera celui de Suzanne, sa femme légitime, qui, inquiète de le voir manquer son train et ne jamais revenir de cette ville de bord de mer, va finir par prendre la route pour l’y rejoindre.
Je ne dévoilerai pas la fin, les péripéties narratives aussi accidentées qu’une talentueuse improvisation de jazz, mais sachez que ce court roman contient de superbes phrases, et que l’écriture de M. Gailly est un régal, un plaisir comme une bonne chanson, son rythme est parfait, et l’on prend un grand plaisir à le suivre dans son histoire au fond tragique mais profondément vraie. Laissez vous à votre tour prendre à ce phrasé si élégant et sobre, à la musique tellement plaisante, en espérant que cela ne prêtera pas trop à conséquence. Ici, les conséquences d’une brève soirée dans ce club, de ce plaisir d’avoir retrouvé le piano, ces conséquences seront immenses, et les personnages s’interrogeront sur leurs actes, et se demanderont comme le lecteur s’il aurait pu en être autrement.
Il n’y a peut-être, sans doute, pas de réponse à cette question, mais cette histoire courte est très belle et bien écrite. Dans son genre c’est une pépite, que je vous conseille vivement.
J'ai tout aimé, l’histoire, l'écriture, les prsonnages
Le destin et la destinée dans tous ses états ! C. Gailly choisit des notes de jazz pour traiter le sujet de la nature humaine et son âme. Son héros est un grand pianiste de jazz qui lors de sa notoriété a sombré dans l’alcool, la drogue et la violence. Suzanne va lui sauver la vie in-extremis en le retirant de ce monde de la nuit. Il va l’épouser, devenir ingénieur, avoir un fils et n’écouter que de la musique classique. Pourtant lors d’un déplacement professionnel, un employé pour le remercier d’avoir solutionné une panne difficile sur une machine essentielle à la bonne marche de l’entreprise, va lui offrir un repas où il va boire son premier verre de vin depuis plus de 10 ans d’abstinence. Ensuite pour tuer le temps avant le départ du train pour Paris, il l’invite à boire un verre dans … une boîte de jazz.
Notre nature, oui… on peut en être conscient. Oui, on peut la gérer voire la maîtriser. Mais parfois en allant à l’encontre de ce que nous sommes vraiment fait pour, on peut passer à côté de sa vie… Et c’est ce que Simon Nardis, en se remettant au piano sur scène, réalise… Qu’il subissait sa vie au lieu de la vivre… C’est superbement bien écrit. Très gros coup de cœur.
Note des Editions de Minuit : Christian Gailly disait écrire « pour échapper à la solitude et au vide ». Mort en 2013, Christian Gailly possédait un style inimitable, minimaliste et syncopé, une musique des mots à la fois tragique et légère… La postérité est parfois injuste et fait mal son tri mais cela mérite réparation.
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