Un roman adressé à un père disparu, aussi intime qu'universel
Lorsque j’ai découvert le thème de ce livre et les éloges qui lui étaient attribués, je me réjouissais à l’idée de lire un bon roman qui parlait de la condition des noirs et qui, pour une fois, était écrit par une personne concernée, une noire en l’occurrence. Parce que le sort qui leur est réservé est un thème souvent traité, mais d’un point de vue extérieur, avec une certaine compassion.
A travers l’aventure d’Ifemelu en Amérique, on découvre le quotidien de ces africains qui ont décidés de quitter leur pays d’origine pour partir à la conquête du rêve américain. Rêve qui va très vite tourner à la déception, tant le problème racial est encore présent dans l’esprit et dans le comportement des gens. On assiste à tous les préjugés et toutes les injustices qui continuent de perdurer malgré les différentes évolutions de l’Histoire. Dans toutes les scènes de ce roman initiatique sur fond d’histoire d’amour, on est témoin du racisme ordinaire, sans qu’il ne soit jamais réellement nommé.
En se lançant dans un roman objectif, l’auteure prenait le risque de tomber dans le dramatique, dans le pathétique ou même dans le revendicateur. Elle s’en sort vraiment très bien en ne prenant jamais réellement parti. Alternativement, elle brosse le portrait sans concession de tous les protagonistes, qu’ils soient hommes, femmes, blancs, afro-américains, africains ou autres. Que ce soit au Nigéria, aux Etats Unis ou en Angleterre, tout le monde en prend pour son grade afin de partager les torts, même si la balance reste malgré tout déséquilibrée.
Grâce à ce type d’ouvrage, j’ai eu l’impression de m’ouvrir l’esprit, de voir le monde avec d’autres yeux et ainsi de comprendre, si je peux, les différences. Bien que j’aie trouvé ce livre un peu long par moments et que Chimamanda Ngozi Adichie soit un nom très compliqué, je pense que je m'en souviendrai, sachant que ses autres romans ont, semblent-ils, le même impact sur les lecteurs.
Ô que Chimamanda est perspicace, futée et drôle mais surtout excellente narratrice!
Au fond ce n'est pas une romance, mais un bon prétexte pour parler de vrais sujets.
La fin était un peu fade mais le récit est des plus intéressant et des plus riche analysant vie, famille, race, politique et bien d'autres de façon subtile mais viscérale.
Livres 5.00/5
HUIS-CLOS FAMILIAL
L'auteur nous propose le récit bouleversant d'une famille nigériane aisée, régie d'une main de fer par le père de famille tyrannique, fervent catholique respecté par la communauté. Ses victimes silencieuses et insoupçonnables, Kambili, son frère, et surtout sa mère, se taisent par honte et par peur des représailles, jusqu'au jour où une éclaircie s'annoncera dans leur quotidien désespéré.
Un roman poignant sur un sujet difficile, jamais pathétique, traité avec pudeur et sensibilité
Livres 4.00/5
Il y a quarante ans, la guerre du Biafra…
Le 30 mai 1967, le Biafra déclare son indépendance. Cette sécession du Nigeria entraîne une guerre de trois ans, marquée par la famine des populations civiles.
C'est ce conflit et le drame humanitaire qui l'accompagne que nous raconte Chimamanda Ngozi Adichie, dans un « Autant en emporte le vent » nigerian.
Ugwu, à 13 ans, a quitté la brousse et sa famille pour servir comme boy chez Odenigbo, universitaire engagé avec enthousiasme pour le Biafra, à Nsukka au sud-est du Nigéria.
Le personnage d'Ugwu, omniprésent tout au long du roman, et ses relations avec sa famille, illustre parfaitement les contrastes d'un pays où cohabitent une bourgeoisie aisée et cultivée et la brousse ancestrale qui garde ses traditions et ses superstitions.
La belle Olanna et la forte Kainene, filles jumelles choyées d'un magnat nigerian assez répugnant, assistent à la naissance du Biafra, Olanna aux cotés d'Odenigbo, et Kainene aux cotés de Richard, un journaliste Britannique tombé amoureux de Kainene et du Biafra.
Ils seront tous emportés dans un conflit meurtrier et verront leur destin bouleversé.
Le conflit du Biafra avec un million de morts et fait partie d'un des tous premiers conflits très médiatisés et soutenus par la France. Les télévisions du monde montrèrent alors les enfants squelettiques au ventre énorme à cause de la malnutrition et il n'était alors pas question de ne pas finir son assiette sans « penser aux petits biafrais qui mouraient de faim ».
Triste souvenir, et pourtant… ce roman est porté tout du long par un immense espoir et une certitude, celle que le Biafra va gagner et que la moitié du soleil arborée par son drapeau s'imposera au monde.
Après l'Hibiscus pourpre, encore un très beau roman captivant d'une grande auteure africaine.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Un roman adressé à un père disparu, aussi intime qu'universel
Une excellente porte d’entrée dans le Grand Siècle pour les collégiens et lycéens
En partenariat avec le CNL, le Prix distingue des nouveaux talents de la bande dessinée
Entretien avec Vanessa Bamberger : la souffrance à l’école est-elle un passage obligé ?