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Pour ce premier article, j’ai décidé de vous parler rapidement de ma dernière lecture Derborence par Charles Ferdinand Ramuz. Inspiré de l’éboulement survenu aux Diablerets en 1714, ce roman est considéré comme l’un des chefs-d’oeuvre de ce dernier.
C’était le vingt-deux juin, vers les neuf heures du soir, que la montagne s’est effondrée à Derborence, canton du Valais (en Suisse), prenant en otage une vingtaine d’hommes et des centaines de bêtes. Le bruit assourdissant résonne alors jusqu’aux villages avoisinants et réveille Thérèse, une jeune femme fraîchement mariée à Antoine (parti la veille à la montagne avec Séraphin son oncle).
Bien que n’étant pas un grand fan des oeuvres littéraires sur la nature, Ramuz réussit ses descriptions avec brio, passant plus de temps à décrire la montagne, la flore ou encore le Rhône que ses propres personnages, il arrive tout de même à nous embarquer – avec ce que je pensais à l’origine être une fiction – dans cette petite mais touchante tragédie.
J’attribuerai alors une jolie mention spéciale une scène en particulier : Quatres hommes descendent le premier corps sur une civière pour le ramener au village. Ils se relaient toutes les cinq minutes, pendant plusieurs heures, afin de réussir à ramener le corps auprès des siens.
La plume de Ramuz a quelque chose de singulier dans le descriptif et le contemplatif, dans ce décor montagnard où la nature est encore maître, et qui lui fera finalement office de signature.
J’ai beaucoup apprécié ma lecture et je ne tarderai pas à m’acheter un autre titre de ce même auteur, je risque de craquer pour Aline (1905) dans un avenir proche, où je risque de retrouver ses thèmes de prédilections : La nature, l’amour et la mort.
A noter d’ailleurs qu’il aura eu son adaptation au cinéma sélectionné au festival de Cannes en 1985, réalisé par le cinéaste suisse Francis Reusser.
Retrouvez l'article complet : https://lesyeuxsouslespoches.wordpress.com/2023/07/30/derborence-de-charles-ferdinand-ramuz-1934/
Sasseneire, un alpage suisse maudit et abandonné depuis 20 ans... La décision d'y envoyer un troupeau est prise malgré les réticences des uns et des autres. 7 hommes sont désignés pour emmener 70 vaches. Le huis-clos montagnard peut commencer.
Les peurs et les superstitions pèsent sur les 7 villageois. Les bruits étranges, les vaches malades... l'alpage semble à la hauteur de sa réputation.
Pour son premier album, Quentin Pauchard adapte ici un roman paru en 1926 de Charles Ferdinand Ramuz, auteur suisse. Un récit qui sent le terroir, la montagne et les légendes qui l'habitent.
Le dessin a un style assez jeunesse mais ne se prive pas pour autant de faire monter la dramaturgie. L'ambiance globale y est bien noire et pesante, sous le regard oppressant de la montagne.
"La grande peur dans la montagne" est un récit de légende montagnarde prenant, témoignage d'une époque où les croyances donnaient des réponses aux questions que se posaient les hommes.
Cela fait vingt ans, depuis une sombre et mystérieuse histoire dont les témoins refusent de parler, que plus personne ne monte à l’alpage maudit de Sasseneire, à 2300 mètres d’altitude et quatre heures de marche au-dessus du village. Pourtant, l’on manque de pâturages pour vivre convenablement. Alors, malgré les peurs et les avertissements des anciens, le maire réussit à rallier les plus jeunes à son projet d’emmener quelques vaches là-haut, à la prochaine estive. En juin, ils sont sept, six hommes et un jeune garçon, à s’installer pour l’été dans le chalet de Sasseneire, pour s’occuper du troupeau. Le climat, pollué par les superstitions, est déjà à l’inquiétude. Il vire à une franche peur, lorsque la maladie se met à ravager le troupeau, semblant prouver la vieille malédiction, et coinçant le petit groupe en quarantaine, à la merci des diableries qu’abritent ce coin de montagne.
L’histoire est admirablement contée. Et c’est suspendu à ses mots que le lecteur se retrouve immergé dans le monde paysan et les montagnes du canton de Vaud, en Suisse, au début du siècle dernier. L’atmosphère restituée avec soin est prégnante, les personnages finement observés et criants de vérité, tandis que le style narratif, emprunté avec naturel aux protagonistes, restitue au plus près mentalités et réactions, dans une évocation des plus vivantes. Le sentiment d’une menace, d’autant plus troublante qu’impalpable, imprègne le texte dès son incipit, et c’est avec la certitude d’un drame à venir que l’on avance avec angoisse dans ce récit habilement tendu jusqu’à son dénouement.
Au travers de cette narration, que l’on imagine sans peine faire trembler son auditoire dans la lumière dansante du feu à la veillée, Ramuz nous conte les peurs anciennes des hommes dans une nature aussi grandiose qu’écrasante, les croyances et les superstitions nées de l’ignorance et de l’impuissance, l’irrationalité des comportements face à la mort, au danger et à l’inconnu. La montagne, avec ses beautés et ses traîtrises, est la grande prêtresse de cette histoire dont elle a le dernier mot, semblant se gausser des petitesses humaines et jouer à plaisir avec les nerfs de ses habitants.
La puissance d’évocation de la nature, la justesse d’observation des personnages du cru, et la singularité de la langue, travaillée pour restituer l’essence du pays vaudois, font de ce roman un des plus grands classiques de Ramuz, sans doute pour ce canton suisse ce que Pagnol est à la Provence.
Récit à la fois fantastique et naturaliste proche d'Edgar Poe. Une bonne entrée pour découvrir Ramuz.
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