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Beatrice Castaner

Beatrice Castaner
Béatrice Castaner est née en 1961 à Limoges où elle vit et travaille aujourd'hui. Elle est secrétaire générale du festival des Francophonies en Limousin. Aÿmati est son premier roman.

Avis sur cet auteur (5)

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    Couverture du livre « Maï et Mouna » de Beatrice Castaner aux éditions Serge Safran

    Evlyne Léraut sur Maï et Mouna de Beatrice Castaner

    Béatrice Castaner détient cette capacité de créer des romans empreints de sensibilité et de dépaysement. Rappelons-nous les sublimes « Aÿmati et La femme-Maÿtio ».
    la vie à pleines brassées. L’humanité dès son originelle trace. C’est cela l’ultime de Béatrice Castaner, une écriture quasi...
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    Béatrice Castaner détient cette capacité de créer des romans empreints de sensibilité et de dépaysement. Rappelons-nous les sublimes « Aÿmati et La femme-Maÿtio ».
    la vie à pleines brassées. L’humanité dès son originelle trace. C’est cela l’ultime de Béatrice Castaner, une écriture quasi légendaire.
    Ici, nous sommes en pleine contemporanéité. Un livre presque gémellaire de celui de Fanny Wobmann « Les arbres quand ils tombent » aux éditions Quidam éditeur.
    « Maï et Mouna » sont sœurs jumelles. Grandissantes au fil des pages. Elles sont d’ubiquité.
    Deux pays qui s’assemblent, telles des poupées gigognes. Le Burkina Faso durant l’année scolaire. La France, le temps de la villégiature. La maman est burkinabé, le papa est français. Elles, deux métisses qui vont bâtir leur devenir grâce à l’éducation ensoleillée et de rectitude, un libre-arbitre construit en plein cœur d’un pays de soleil et d’exotisme. Maï et Mouna sont deux astres contraires. L’une, Mouna est solaire et protectrice. Maï est lunaire et beaucoup plus introvertie. La dualité.
    « A l’oreille de maman, je murmure, regarde, tu as fait une part plus grande que pour Maï, tu sais qu’elle ne va pas aimer cela… Retiens bien cela Mouna, l’amour comme le temps ne se tranche pas car l’un et l’autre nous pensons les contenir dans des cases. »
    Professeur, le père est souvent muté. La petite famille s’adapte, tel un caméléon futé, traverse le Burkina Faso. La mère est griotte, un peu sorcière, conteuse et guérisseuse et grande sentimentale. C’est l’autre versant. L’un est intellectuel, poète et rêveur, elle est d’essence, d’idéal et de légendes. Le soin à l’autre à l’instar d’un baume sur le cœur.
    Les fillettes grandissent, pétillantes et malicieuses. Elles aiment l’heure des vacances en France en plein cœur du Limousin. La grand-mère paternelle tient un bar. Les petites filles sentent les éclats du soleil du Burkina Faso dans cet antre. La Gémellité est une corde à sauter. Elles ne ratent pas un saut, complices et siamoises.
    « Du Sud au Nord, tel est l’apprentissage de notre géographie mentale de l’amour, à l’inverse de la hiérarchie de lecture de la mappemonde familiale qui trônait sur le bureau de notre père…Maman dit qu’il faut tout un village pour qu’un enfant vienne au monde. Jamais cette maxime n’aura eu autant de résonance que dans les cent mètres carrés du bar de Jeanne, ouvert aux quatre vents des espérances. »
    La trame est un banc public. Il se passe toujours ce quelque chose qui va faire office d’initiation. Les personnalités de ces jeunes filles devenues des cases noires et blanches. Les conséquences qui en résultent sont ferventes et travailleuses.
    Maï va disparaître. Où et pourquoi ?
    Mouna deviendra le Radeau de la Méduse de Géricault.
    Le fil rouge de cette histoire tremblante de vie et d’apprentissage est plausible. Elle s’attache autour de nous, comme un fil magnétique, intrinsèque et parabolique.
    « Ne donne jamais ton rêve à manger. »
    L’étymologie, la grandeur de ce grand livre, sont la douceur de la soie. Bienfaisant, il est le livre des heures qui se réveillent après des années de sommeil.
    Tout est fondamental, langue et silence. Le secret comme un soupir crépusculaire. Le lien générationnel somptueux à l’instar d’une renaissance. Fondamental, il est l’allégorie de la vie. La matrice-mère. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.

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    Couverture du livre « Maï et Mouna » de Beatrice Castaner aux éditions Serge Safran

    Chantal YVENOU sur Maï et Mouna de Beatrice Castaner

    Maï et Mouna sont jumelles. Elles grandissent au Burkina Faso, terre de leur mère, tandis que les vacances sont l’occasion de connaître leur famille paternelle dans le Limousin. La relation qui les unit est fusionnelle :

    « Maï et moi étions notre terre l’une à l’autre, nous la transportions...
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    Maï et Mouna sont jumelles. Elles grandissent au Burkina Faso, terre de leur mère, tandis que les vacances sont l’occasion de connaître leur famille paternelle dans le Limousin. La relation qui les unit est fusionnelle :

    « Maï et moi étions notre terre l’une à l’autre, nous la transportions entre nos mains, l’amarrions au fil des récits que notre mère prodiguait ».

    Enfance heureuse bercée par les récits de leur mère griotte « celle qui apaise les esprits avec ses chants, celle qui par les mots ouvre la route à ceux qui sont englués dans le passé ». Les espiègleries complices, l’apprentissage de l’adversité, tout se fait à deux, dans une communion au-delà des mots.
    C’est avec les années, après le décès de la mère, que la nécessité d’une séparation, aussi douloureuse qu’elle soit, apparaîtra.

    Comme un poème en prose, l’écriture est travaillée , et s’orne même de signes impliquant un silence, une pause qui offre aux mots l’opportunité de développer leur sens profond.

    Hymne à la gémellité, incursion dans l’univers particulier des âmes soeurs, que ce roman exprime avec beaucoup de sensibilité

    144 pages Serge Safran 16 février 2024

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    Couverture du livre « La femme Maÿtio » de Beatrice Castaner aux éditions Serge Safran

    Sophie Gauthier sur La femme Maÿtio de Beatrice Castaner

    Pour apprécier pleinement ce roman parfois un peu déroutant, il faut justement accepter de prendre des chemins atypiques en laissant de côté les repères narratifs habituels. Après tout, plus de 30 000 ans nous sépare de la Femme-Maÿtio ! Certes cet écart ne représente sans doute qu'un...
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    Pour apprécier pleinement ce roman parfois un peu déroutant, il faut justement accepter de prendre des chemins atypiques en laissant de côté les repères narratifs habituels. Après tout, plus de 30 000 ans nous sépare de la Femme-Maÿtio ! Certes cet écart ne représente sans doute qu'un millionième de seconde au regard de l'histoire du monde, mais pour une lectrice-lambda d'aujourd'hui (moi en l'occurrence) ça ne se parcourt pas en deux coups d'accélérateur de particules ! La proximité, la familiarité ne sont pas données d'emblée et pénétrer dans le monde de Maÿtio nécessite donc que l'on fasse quelques pas vers elle. Le fort beau roman de Béatrice Castaner nous permet ce rapprochement par un ensemble de moyens qui donnent cohérence, crédibilité et force à l'histoire qu'elle nous raconte.

    Cette histoire c'est celle d'une très jeune Néandertalienne qui a vu le massacre de son clan par un autre. Seule survivante, elle ne doit son salut qu'à deux des trois divinités qui tissent la destinée des hommes. Agonisante, Maÿtio est emmenée dans une grotte "à mi-hauteur de la falaise" et "la vie reprend peu à peu ses droits. Une vie autre, coupée de la précédente, d'où plus rien ne peut croître." (p.34). Ses journées solitaires se passent à observer un troupeau de chevaux sauvages, en contrebas. Parmi eux, elle élit E'wa "une pouliche à la robe brune et blanche" (p.35). Comme si à travers l'animal la jeune femme vivait par procuration, Maÿtio se fond dans le corps d'E'wa pour mieux renaître dans son propre corps martyrisé. La disparition du troupeau pourrait être la cause d'un nouvel effondrement, fatal celui-ci. Mais l'imagination de Maÿtio prend le relais...

    En utilisant la matière qui l'entoure, le calcaire des parois, le charbon de bois, elle qui ne sera jamais mère peut "donner corps" à la réalité comme à ses rêves. "Avec comme seules armes une torche et un morceau de bois calciné, Maÿtio déclare la guerre au proche anéantissement de son monde" (p. 50) en dessinant E'wa au plus profond des entrailles de la terre. Après "d'innombrables saisons", une autre tribu rejoint Maÿtio à chaque printemps et ainsi se poursuit la transmission des histoires et de l'expérience. La silhouette d'E'wa est maintenant accompagnée par des troupeaux d'animaux qui s'animent à la lueur des torches devant les tribus réunies, suscitant l'émerveillement, l'effroi, la joie.

    Comme dans "Aÿmati", la transmission et l'art sont au coeur du roman de Béatrice Castaner. Racontée ainsi, cette naissance de la création artistique au tréfonds d'une caverne il y a 30 000 ans a quelque chose de profondément émouvant. L'histoire de Maÿtio n'est pas seulement celle, bouleversante, de la fin des Néandertaliens, mais elle rejoint aussi celle de toutes les résiliences, de toutes les résistances humaines et de la part irréductible que prennent toutes les formes d'art dans ce cheminement permanent. La narration nous fait passer de l'individuel à l'universel, de l'intime au social, avec une infinie subtilité. La langue alterne un rythme syncopé, au moyen d'une syntaxe minimale, avec des périodes descriptives, plus amples, plus poétiques. Les phrases semblent s'apurer pour ne garder que l'essentiel de ce que discernent les personnages. La musicalité de l'écriture ainsi que sa force évocatrice créent une sorte d'envoûtement, une proximité troublante avec ces personnages temporellement si lointains et humainement si familiers.

    Voilà vraiment un très beau roman, à l'écriture et à la construction parfaitement maîtrisées et qui a su me transporter 30 000 ans A.P. auprès de Maÿtio, ma petite-soeur, mère, aïeule, fille, "arpenteuse des chemins de l'art".

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    Couverture du livre « La femme Maÿtio » de Beatrice Castaner aux éditions Serge Safran

    Evlyne Léraut sur La femme Maÿtio de Beatrice Castaner

    Majestueux, d’une écriture millénaire au souffle rare. Le Femme-Maÿtio est un récit grotte ancestrale, époustouflant. Le détenir est lumière. Le lire c’est vivre. Retourner la terre noble et s’émouvoir des racines qui résistent au temps. Dans cet entre monde littéraire Béatrice Castaner œuvre à...
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    Majestueux, d’une écriture millénaire au souffle rare. Le Femme-Maÿtio est un récit grotte ancestrale, époustouflant. Le détenir est lumière. Le lire c’est vivre. Retourner la terre noble et s’émouvoir des racines qui résistent au temps. Dans cet entre monde littéraire Béatrice Castaner œuvre à la beauté. D’une dualité raffinée, ce récit mi -conte mi -légende en touches mémorielles est un chant langoureux. Une incantation pour la première femme. Symbole fécondée par trois déesses. Maÿtio est seule. Dans cet espace où ne surgit que le néant, les bêtes sauvages, l’hostile aux abois. Hymne Néandertal, la trame est une envolée de chevaux sauvages, de puissance et de grâce. « Maÿtio reste ainsi des heures à l’arrêt, à aiguiser son regard à la vie du troupeau, à éprouver la sérénité des chevaux sous la brise du matin, leurs craintes aiguës à l’odeur furtive d’un prédateur et leur puissance dans les brusques galops à la tombée du jour. » L’émotion est vive. L’attrait, une ferveur. Béatrice Castaner délivre une histoire dont on se souviendra toujours. Ce culte travaillé à l’orée d’une préhistoire qui devient flammes et attentions. « Elle fixe cette trace qu’elle vient de laisser sur la pierre et ne comprend pas encore le geste accompli. » Maÿtio résiste aux proies des ténèbres, apprivoise les chevaux, retourne dans la matrice fécondante et nourricière. Première femme qui dessine sur les parois d’une grotte enfantant sa destinée. Tracés d’une existentielle survivance. La parabole fait pleurer. L’art est résurrection. Béatrice Castaner délivre l’emblème d’une transmission où s’entrechoquent le vide du Néandertal et les prémices des sensations et des sens. « Jusqu’au soir, ils tracent, gravent, dessinent, effacent, recommencent, jusqu’à ce que le mouvement prenne vie. Maÿtio se tient avec Seÿna, Oùmlan, Néjh, et les guide dans leur apprentissage. » Maÿtio libre, sachant lire le devoir de mémoire avant tous. Métaphore du sceau invincible, gravures sur les roches, filigranes historiques. « La Femme-Maÿtio » est le pictural d’orfèvre. Un récit initiatique, superbe, inoubliable, poétique. L’humanité est un feu de joie. Nos regards se tournent vers ces fresques immortelles. Ce grand livre est une louange à l’art, à la préhistoire. Publié par les majeures Editions Serge Safran.

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