Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
George Junius Stinney Jr. est le coupable idéal aux yeux des jurés. À seulement 14 ans, ce jeune noir est condamné à mort en seulement dix minutes de délibération. Il est exécuté le 16 juin 1944 à Columbia, Caroline du Sud.
« Les 58 jours suivant mon jugement, je les ai passés à la prison du comté. J’étais le plus jeune condamné à mort de l’État du Tennessee. Mais pas seulement. J’étais aussi le plus jeune des États-Unis d’Amérique, Missié. Plusieurs fois, j’ai demandé à voir mes parents. Permission refusée. On m’a attribué un numéro d’écrou. On ne m’appelait plus que par ce numéro. La désincarnation avait franchi un nouveau stade. Je n’étais même plus un animal ou un objet, mais un numéro ! Le 201547. Certainement, fallait-il faire de moi un matricule sur un bout de papier, dans un dossier, dans la mémoire carcérale pour pouvoir, sans sentir une once de culpabilité, me mettre à mort. »
Dans ce court roman, l’auteur Christophe Léon, donne la parole au jeune garçon via le personnage de Martin Julius Crow Jr. Celui-ci se raconte à un homme, blanc, Missié. Une vie éprouvante d’homme de couleur.
« Ah ! Et puis ne te fâche pas si je t’appelle Missié, Missié. Ça sonne plutôt doux aux oreilles, ne trouves-tu pas ? À moi, on me disait Négro. Mais Négro, c’était déjà trop humain pour certains. Cette humanité qui nous était interdite. Alors, le Négro, il fallait le réduire. Le faire disparaître. Lui enlever sa dignité d’homme. En commençant par ce qui le représentait aux yeux du monde. Son corps. »
Une lecture qui m’a glacé le sang. Cette histoire vraie, je n’en connaissais absolument rien. Après quelques recherches, j’avais la nausée. Comment peut-on juger un enfant, de couleur, sans aucune preuve ? Hélas, l’actualité mondiale d'aujourd’hui, nous laisse encore penser que l’injustice raciale est toujours présente. Est-ce qu’un jour cela s’arrêtera ?
Le texte de Christophe Léon accompagné des illustrations de Barroux frappe fort. Les faits sont là, violents, indigestes mais l’écriture, d’une grande profondeur, lui offre une lumière très émouvante.
Missié, pour éveiller les consciences !
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/10/07/39654941.html
Barroux est un illustrateur connu et reconnu notamment en presse et en jeunesse. Cet album qui vient de paraître a été concrétisé au cours d’une résidence à la maison de la BD à Blois.
Cette couv m’avait interpellé… et ce titre aussi. La mélancolie que je pressentais s’est révélée bien présente. Un jeune homme entreprend un long voyage au Brésil sur les traces de son frère mort là-bas dans des circonstances assez mystérieuses.
D’avions en bus en passant par la voiture-taxi… il avance, lentement, marche sur les pas de son frère, alourdi par les souvenirs, par un avenir incertain, par une ombre fantôme telle un fardeau.
C’est donc triste ..mais c’est beau. Les planches utilisent une bichromie qui varie au gré des rencontres et des émotions, rouge, bleu, orange, jaune… Le dessin est un peu naïf, enfantin, les décors légers suffisent, la chaleur lourde et pesante est bien rendue.
Au final, un très beau livre, un voyage dans tous les sens du terme, qui pourrait toucher votre petit cœur.
Le Chien avec une maison sur la tête d’Ingrid Chabbert
Une jolie petite histoire d’amitié entre un petit garçon et un drôle de chien. Qui saura prendre le cœur de l’autre ? Même s’ils ne parlent pas la même langue, ils sauront bien vite se comprendre. Les illustrations sont toutes douces avec un toutou drôle avec sa maison sur la tête et son long museau, sans oublier son langage que l’on ne comprend pas encore très bien avec tous ses blablablas. Avec pour thème l’adoption d’un nouveau compagnon, l’entrée dans une nouvelle maison c’est les premiers liens d’amitié entre un petit chien et son nouveau propriétaire. Les dessins sont souvent de belles doubles pages élaborées avec simplicité et un code couleur que l’orange réveille. Un album à se faire raconter quand on est encore trop petit pour lire mais qui plaira encore à ceux qui découvre la lecture tout seul. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/07/30/37531301.html
Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'une des dernières parutions en date de Michael Morpurgo, Dans la gueule du loup. Comment vous faire comprendre que, dès que j'ai découvert l'existence de ce titre, il me le fallait absolument tant mon amour pour les écrits de son auteur est incommensurable ? En effet, j'éprouve une admiration sans bornes pour ce grand, que dis-je, cet immense auteur de la littérature jeunesse britannique. Cheval de guerre est l'un de mes romans préférés de tous les temps (voir ma chronique dans le cadre de BB en Livre édition 2018 ici), donc tout ne pouvait que m'attirer en contemplant l'objet-livre de Dans la gueule du loup. Je m'explique : un résumé qui nous promet un récit poignant se passant durant la Seconde Guerre mondiale + inspiré de faits réels, et l'écrivain fait même plus que cela, puisqu'il nous narre l'authentique expérience d'un résistant ayant véritablement existé et faisant partie de sa propre famille + un titre percutant rendant compte de la violence meurtrière des champs de bataille, de la sanglante et ahurissante boucherie qu'ont été les conflits, pièges sans issue pour des millions de soldats qui voulaient seulement défendre l'honneur de leur patrie + une illustration de couverture réalisée dans un style très sombre tout ce qu'il y a de plus singulier et qui accroche résolument le regard = CE LIVRE M'APPELAIT, TOUT SIMPLEMENT. J'ai donc répondu à sa très séductrice œillade sans me faire prier et je ne le regrette pas !
Je ne vous cacherai pas qu'il m'est difficile d'exprimer mon opinion sur cet ouvrage pour la simple et bonne raison qu'il s'agit comme je l'ai mentionné dans le paragraphe ci-dessus d'une histoire vraie et que, qui plus est, chaque personnage ou presque de l'intrigue est connu de l'auteur et représente pour lui un membre de sa famille ou quelqu'un d'important ayant porté secours à cette dernière, en clair un véritable être de chair et de sang, qui a une réelle consistance, un certain poids dans son héritage. Je ne peux donc pas me permettre de juger de la véracité, d'estimer le degré de crédibilité de ce que Michael Morpurgo nous raconte car le petit garçon qu'il était autrefois a justement grandi avec ce testament du passé sur les épaules, il est pour ainsi dire littéralement né dedans, et il nous transmet ici ce témoin inestimable avec beaucoup de pudeur, caractéristique de ses œuvres, de respect pour son illustre aïeul, et d'humilité. Il s'agit là à mon sens d'un magnifique acte de générosité, doublé d'une preuve de courage d'être parvenu à se replonger dans ces eaux troubles que sont les douloureux, insupportables souvenirs de cette traversée de l'enfer qu'a été la lutte anti-nazie entre autres, à se remémorer la miraculeuse survie de cet oncle bien-aimé, et cela ne peut que profondément nous émouvoir et nous secouer. Je vais m'en arrêter là pour ce qui est de la puissance du contenu de ce livre car celui-ci est déjà bien assez court, et j'ajouterais même qu'il se dévore à la vitesse d'un avion de la Air Force, mais retenez juste ceci : l'écriture de Michael Morpurgo est de mon point de vue toujours d'une simplicité touchante, désarmante, sublime et d'une justesse magnifique, magistrale, qui fait à chaque fois résolument mouche. C'est pour moi un réel plaisir que de m'enrichir à tous les niveaux au contact de cette plume grandiose et de la bibliographie extrêmement fournie, diversifiée et à tout le moins impressionnante de ce monument de la littérature enfantine. Dans la gueule du loup ne fait pas exception à cette règle d'or et constitue une nouvelle pierre polie apportée à ce gigantesque, somptueux édifice littéraire et culturel.
Concernant les dessins signés Barroux, ces derniers donnent une certaine identité à ce titre réalisé à quatre mains, ainsi qu'une réelle teneur au récit que nous livre l'auteur. En outre, ils nous aident à mieux imaginer ce qu'a vécu le héros de cette grande épopée vécue au nom de la paix et de la liberté, Francis Cammaerts, et à véritablement nous figurer toutes les personnes importantes de sa vie, rencontres éphémères ou non. Je tiens également à souligner que ces illustrations essentiellement produites dans les tons de gris et de noirs m'ont fortement rappelé mes toutes premières lectures en tant que petite fille : il s'en dégage effectivement un minimalisme tout à fait ingénieux, qui stimule notre imaginaire, nous invite à la contemplation et suffit à faire naître en nous les émotions les plus intenses et transcendantes. S'ajoute à cela le fait que Barroux a réussi à créer une atmosphère unique grâce à son trait de crayon très marqué et mémorable, ce qui confère au livre une mélancolie et une poésie saisissantes, indéniablement bouleversantes.
Pour conclure, je dirais que Cheval de guerre et Soldat Peaceful restent à mes yeux les meilleurs romans de l'auteur dans le genre « récits de guerre », même si tous les deux restent de façon quasi intégrale des fictions, contrairement à Dans la gueule du loup. Et puis, c'est triste à dire, mais je pense que j'ai sûrement lu beaucoup trop d'ouvrages de ce type en particulier pour en être encore véritablement renversée. A force de parcourir les romans historiques, albums/beaux-livres, bandes-dessinées et mangas à ce propos, j'en deviens d'autant plus exigeante à chaque titre issu de cette catégorie bien spécifique que j'expérimente (chacune de mes lectures est une authentique expérience incomparable à aucune autre, vous le saurez). En tout cas, ce qui est certain, c'est que Dans la gueule du loup constitue un superbe conte initiatique, une excellente entrée en matière sur le sujet encore aujourd'hui très épineux des conflits mondiaux pour les enfants, ainsi qu'un très bel et sincère hommage aux nombreux héros de l'ombre, hommes extraordinaires méconnus à qui nous devons la vie, de cette période mouvementée.
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